1 Samuel 9

Saül et les ânesses perdues

1Il y avait un homme de Benjamin, nommé Qish, fils d'Abiel, fils de Tseror, fils de Bekorath, fils d'Aphiah, fils d'un Benjaminite, qui était un vaillant guerrier.[#9.1 nom d'une des tribus d'Israël. – cf. 14.51 ; 1Ch 8.33 ; 9.39. – cette appellation s'appliquait d'abord à des guerriers courageux, puis également à des gens jouissant d'une certaine aisance matérielle ; en effet, les hommes soumis au service armé, devant fournir leur équipement personnel, étaient généralement issus des classes favorisées de la société.]

2Il avait un fils nommé Saül ; celui-ci était jeune et beau ; aucun des Israélites n'était plus beau que lui, il les dépassait tous d'une tête.[#9.2 cf. 1.28. – le terme hébreu rappelle le verbe habituellement traduit par choisir ; certains comprennent ici un homme d'élite ; mais en règle générale le mot désigne simplement un jeune homme (ainsi en 8.16, jeunes gens ). – ou bon : l'adjectif hébreu peut avoir un sens autant moral que physique, et suggérer les notions de compétence et d'aptitude. – litt. à partir de son épaule et au-dessus, il était plus grand que tout le peuple ; on trouve en 10.23 une affirmation presque identique ; cf. 16.7.]

3Les ânesses de Qish, père de Saül, s'égarèrent ; Qish dit à Saül, son fils : Prends avec toi l'un des serviteurs, je te prie, et va rechercher les ânesses.[#9.3 litt. lève-toi, va rechercher.]

4Il traversa la région montagneuse d'Ephraïm et traversa le pays de Shalisha sans les trouver ; il traversa le pays de Shaalim, et toujours rien ! Il traversa le pays de Benjamin sans les trouver.[#9.4 en hébreu, les deux premiers emplois de ce verbe, ainsi que le dernier, sont au singulier, mais le troisième est au pluriel (litt. ils traversèrent ) ; les autres verbes sont au pluriel (litt. ils ne trouvèrent pas ). Les versions anciennes présentent plusieurs variantes à cet égard ; certaines harmonisent en mettant tous les verbes au pluriel. – est située au nord du territoire de la tribu de Benjamin ; cf. 1.1. – (cf. Baal-Shalisha en 2R 4.42) et (peut-être identique à Shaalbim Jg 1.35) : régions non identifiées avec certitude. – retour au point de départ. La recherche est d'autant plus longue et minutieuse qu'elle est infructueuse.]

5Ils étaient arrivés au pays de Tsouph, lorsque Saül dit à son serviteur qui était avec lui : Viens, retournons, de peur que mon père, cessant de penser aux ânesses, ne soit en peine de nous.[#9.5 cf. Ramataïm-Tsophim et Tsouph en 1.1. – sous-entendu en hébreu.]

6Il lui répondit : Il y a justement dans cette ville un homme de Dieu, un homme considéré ; tout ce qu'il dit arrive. Allons-y maintenant ; peut-être nous indiquera-t-il le chemin que nous devons prendre.[#9.6 peut-être Rama, la ville de Samuel, ou l'une des villes où il exerçait son activité itinérante de juge, cf. 7.15ss. – cf. 2.27. – cf. 3.19s ; Jr 28.9 ; Za 1.6. – cf. Jg 18.5 ; Jr 10.23 ; Ps 25.12.]

7Saül dit à son serviteur : Mais si nous y allons, qu'apporterons-nous à l'homme de Dieu ? Il n'y a plus de pain dans nos sacs, et nous n'avons aucun présent à offrir à l'homme de Dieu. Qu'est-ce que nous avons ?[#9.7 il s'agit d'une rétribution correcte offerte au prophète ; cf. Nb 22.7 ; Jg 6.18 ; 1R 14.3 ; 2R 5.5,15 ; 8.8.]

8Le serviteur répondit à Saül : J'ai sur moi le quart d'un sicle d'argent ; je le donnerai à l'homme de Dieu, et il nous indiquera notre chemin.[#9.8 litt. il se trouve dans ma main ; même expression en Gn 44.16s. – il ne s'agit pas d'une monnaie, mais d'un poids de métal (un peu plus de 2 g) ; voir , poids et monnaies. Cf. Gn 23.15 ; Ex 21.32 ; Lv 27.3 ; Jos 7.21.]

9– Autrefois, en Israël, l'homme qui allait consulter Dieu disait : Allons chez le voyant ! Car le prophète d'aujourd'hui, on l'appelait autrefois le voyant. –[#9.9 Ce v. constitue une remarque marginale visant à expliquer le terme hébreu désuet rendu par voyant au v. 11 ; certains pensent que le v. 9 serait mieux en place à la suite du v. 11. – cf. Es 30.10 ; 1Ch 9.22 ; 26.28 ; 29.29 ; voir .]

10Saül dit à son serviteur : Bien dit ! Viens, allons-y ! Et ils allèrent à la ville où était l'homme de Dieu.

11Comme ils montaient à la ville, ils trouvèrent des jeunes filles qui sortaient pour puiser de l'eau, et ils leur demandèrent : Le voyant est-il ici ?[#9.11 la ville étant construite sur une hauteur, la source se trouvait probablement au pied de la colline. Cf. Gn 24.11 ; Ex 2.15s.]

12Elles leur répondirent : Oui, il est là, devant toi ; mais maintenant va vite, car aujourd'hui il est venu à la ville, parce qu'il y a un sacrifice pour le peuple au haut lieu.[#9.12 ( devant vous ) ; autre traduction il vient d'arriver, juste avant toi . – cf. 16.2s ; 20.6,29. – cf. 1R 3.2.]

13Quand vous serez entrés dans la ville, vous le trouverez avant qu'il monte au haut lieu pour manger : le peuple ne mangera pas avant qu'il soit arrivé, parce qu'il doit bénir le sacrifice ; après cela, les invités mangeront. Montez donc maintenant et vous le trouverez tout de suite.[#9.13 En hébreu, plusieurs éléments de ce v. ne sont pas parfaitement clairs. – certains sacrifices étaient accompagnés d'un repas sacré ; cf. Ex 18.12 ; Lv 7.11-21 ; Dt 12.6s. – une telle bénédiction n'est pas mentionnée ailleurs dans l'A.T. ; cf. Lc 9.16 ; 24.30.]

Saül rencontre Samuel

14Comme ils arrivaient au milieu de la ville, Samuel sortit à leur rencontre en montant au haut lieu.

15Or, un jour avant l'arrivée de Saül, le Seigneur avait informé Samuel, en disant :[#9.15 litt. avait découvert l'oreille de Samuel ; cf. 20.2,12s ; voir aussi 1R 14.5 ; Am 3.7 ; Ac 9.10-16.]

16Demain, à cette heure-ci, je t'enverrai un homme du pays de Benjamin, et tu lui conféreras l'onction pour qu'il soit chef sur Israël, mon peuple. Il sauvera mon peuple de la main des Philistins ; en effet, j'ai vu mon peuple, et ses cris sont venus jusqu'à moi.[#9.16 cf. Pr 20.24. – ou tu l'oindras, tu le consacreras avec de l'huile ; cf. Jg 9.15. – litt. celui qui est désigné ; le mot hébreu est appliqué le plus souvent à un futur roi, cf. 10.1 ; 25.30 ; 2S 5.2 ; 1R 1.35 ; 14.7 ; 16.2 ; voir aussi 1S 2.7s. – ou il délivrera . – cf. 4.3. – ou regardé ; j'ai vu l'humiliation (ou la misère ) de mon peuple . – (autre traduction car ) cf. Ex 2.23ss ; 3.7ss ; Nb 20.16 ; Ps 18.7 ; 106.44.]

17Samuel aperçut Saül, et le Seigneur lui dit : Voici l'homme dont je t'ai parlé ; c'est lui qui détiendra le pouvoir sur mon peuple.[#9.17 le verbe hébreu employé dans ce v. évoque plus l'idée de domination, de contrainte, que celle de libération (v. 16). Voir Ac 13.21.]

18Saül s'approcha de Samuel à l'intérieur de la porte de la ville et dit : Indique-moi, je te prie, où est la maison du voyant.[#9.18 cf. 2S 3.27.]

19Samuel répondit à Saül : Je suis le voyant. Monte avec moi au haut lieu : vous mangerez aujourd'hui avec moi. Je te laisserai partir au matin et je te renseignerai sur tout ce qui t'inquiète.[#9.19 litt. devant moi ; par anticipation, Samuel attribue la première place au futur roi. – le même verbe est traduit par indiquer aux v. 6,8,18. – litt. ce qui est dans ton , cf. v. 20.]

20Ne t'inquiète pas de tes ânesses, qui ont été perdues il y a aujourd'hui trois jours : elles ont été retrouvées. A qui sera tout ce qu'il y a de précieux en Israël ? N'est-ce pas à toi et à toute la maison de ton père ?[#9.20 ou ne te préoccupe pas de : litt. ne place pas ton cœur sur . – ou désirable . Le désir peut être, comme on l'a généralement compris, celui de Saül, à savoir une aspiration au pouvoir, dont Samuel lui fait prendre conscience. Mais il pourrait aussi s'agir du désir d'Israël lui-même, de son aspiration à avoir un roi ; dans ce cas il faudrait traduire : Vers qui se porte le désir (ou l'attente ) des Israélites ? N'est-ce pas vers toi, vers la maison de ton père ?]

21Saül répondit : Ne suis-je pas Benjaminite, de l'une des plus petites tribus d'Israël ? Mon clan n'est-il pas le plus petit de tous les clans des tribus de Benjamin ? Pourquoi donc me parles-tu de la sorte ?[#9.21 cf. v. 1. – des versions anciennes disent la plus petite tribu ; voir Nb 1.20-43 ; elle avait été décimée au temps des Juges, voir Jg 20.46. Cf. Ex 3.11 ; 4.1 ; Jg 6.15 ; 1S 18.18 ; Jr 1.6. – versions anciennes de la tribu de Benjamin ; cf. Jg 20.12.]

22Samuel prit Saül et son serviteur, les fit entrer dans la salle et leur donna une place à la tête des invités, qui étaient environ trente hommes.[#9.22 même terme en 2R 23.11. – encore une fois une place d'honneur, cf. v. 19. – LXX et l'écrivain ancien Flavius parlent de soixante-dix hommes.]

23Samuel dit au cuisinier : Sers la part que je t'ai donnée en te disant : « Mets-la de côté. »[#9.23 cf. 1.4s. – litt. place-la près de toi, c.-à-d. garde-la en réserve.]

24Le cuisinier préleva la cuisse et ce qui l'entoure et il la plaça devant Saül. Il dit : Voici ce qui a été réservé ; mets-le devant toi et mange, car c'est ce qu'on t'a gardé pour la rencontre festive quand j'ai invité le peuple. Ainsi Saül mangea avec Samuel ce jour-là.[#9.24 LXX dit fit cuire . – litt. et ce qui est au-dessus, ou ce qui est en plus, expression dont on ne sait guère ce qu'elle désigne concrètement ; on a parfois modifié le texte hébreu traditionnel pour lire et la queue . – le sujet semble être le cuisinier ; des versions anciennes ont compris qu'il s'agissait de Samuel. La suite est peu claire en hébreu, et les versions anciennes en ont deviné le sens plus qu'elles ne l'ont traduite. – autre traduction ce qui reste . – autre traduction au temps fixé, cf. 13.8,11 ; Gn 1.14. – litt. en disant (c.-à-d. quand j'ai dit ? quand on a dit ?) : J'ai invité le peuple.]

25Ils descendirent du haut lieu à la ville, et Samuel s'entretint avec Saül sur le toit en terrasse.[#9.25 LXX on prépara un lit pour Saül sur le toit (26) et il se coucha . – sous-entendu dans le texte, cf. Dt 22.8 ; 2S 11.2 ; Jr 19.13 ; Ac 10.9.]

Samuel oint Saül comme roi d'Israël

26Puis ils se levèrent de bon matin. Dès l'aurore, Samuel appela Saül sur le toit ; il lui dit : Lève-toi, je vais te reconduire. Saül se leva, et ils sortirent tous deux de la maison, lui et Samuel.[#9.26 voir dans la note précédente la variante de LXX.]

27Quand ils furent descendus à l'extrémité de la ville, Samuel dit à Saül : Dis à ton serviteur de passer devant nous. Celui-ci passa devant. Arrête-toi un instant, reprit Samuel, et je te ferai entendre la parole de Dieu.[#9.27 probablement à la limite du territoire appartenant à la ville. – autre traduction de partir en avant (pour les laisser seuls). – le mot correspondant est omis par LXX et . – sous-entendu en hébreu. – cf. Dt 4.10 ; 30.12s.]

Nouvelle Bible Segond © Société biblique française-Bibli'O, 2002 Première édition de la Bible d’étude : sous la direction de Henri Blocher, Jean-Claude Dubs†, Mario Echtler†, Jean-Claude Verrecchia, coordination Didier Fougeras.
Published by: French Bible Society