Jean 4

Jésus et la Samaritaine

1Jésus ayant su que les pharisiens avaient entendu dire qu'il faisait et baptisait plus de disciples que Jean,[#4.1 certains mss portent le Seigneur . – 1.24+. – litt. que Jésus faisait… – 3.22,26.]

2– en fait, ce n'était pas Jésus lui-même qui baptisait, mais ses disciples –[#4.2 Cf. 1Co 1.14-17.]

3il quitta la Judée et retourna en Galilée.[#4.3 3.22+. – 1.43+ ; cf. Mt 4.13-17 ; Mc 1.14s ; Lc 4.14s.]

4Or il fallait qu'il passe par la Samarie.[#4.4 voir v. 9.]

5Il arrive donc dans une ville de Samarie nommée Sychar, près du champ que Jacob avait donné à Joseph, son fils.[#4.5 ou il vient, même verbe v. 7,27. – à proximité de la ville appelée Sichem dans l'A.T. (aujourd'hui Naplouse) ; cf. Gn 33.19 ; 48.22 ; Jos 24.32.]

6Là se trouvait la source de Jacob. Jésus, fatigué du voyage, s'était assis tel quel au bord de la source. C'était environ la sixième heure.[#4.6 (même terme v. 14) il s'agit en fait d'un puits profond (v. 11) ; celui avec lequel la tradition l'a identifié a une trentaine de mètres de profondeur. De tels puits étaient souvent alimentés par une source souterraine (v. 10). – v. 12. – le même verbe est traduit par travailler au v. 38 (autre traduction possible peiner ). – autre traduction était assis à même le puits ; cf. 13.25 ; Mc 4.38. – vers midi.]

7Une femme de Samarie vient puiser de l'eau. Jésus lui dit : Donne-moi à boire.[#4.7 Cf. 19.28.]

8– Ses disciples, en effet, étaient allés à la ville pour acheter des vivres. –[#4.8 Cf. v. 31-33 ; 6.5.]

9La Samaritaine lui dit : Comment toi, qui es juif, peux-tu me demander à boire, à moi qui suis une Samaritaine ? – Les Juifs, en effet, ne veulent rien avoir de commun avec les Samaritains. –[#4.9 litt. une femme samaritaine ; cf. v. 27. – cette phrase est absente de certains mss ; quelques-uns comprennent le verbe traduit par dans un sens concret : ne partagent pas leurs ustensiles avec ; d'autres le prennent dans un sens plus général, au sens de n'ont pas de relations avec ; sur les cf. 2R 17.27-33 ; Esd 4 ; 9–10 ; Mt 10.5 ; Lc 9.52s ; 10.29-37 ; 17.11-19 ; 50.25s : « Il y a deux nations que mon âme déteste, et la troisième n'est pas une nation : ceux qui sont établis dans la montagne de Séir, les Philistins et le peuple fou qui habite à Sichem (c.-à-d. les Samaritains). »]

10Jésus lui répondit : Si tu connaissais le don de Dieu, et qui est celui qui te dit : « Donne-moi à boire », c'est toi qui le lui aurais demandé, et il t'aurait donné de l'eau vive.[#4.10 cf. Ac 8.20. – cf. v. 26+. – (litt. vivante, cf. 6.51) : l'expression désigne une eau courante, non stagnante, susceptible d'évoquer métaphoriquement la vie elle-même ; cf. 7.37s ; Gn 26.19 ; Jr 2.13 ; Za 14.8 ; Ap 21.6 ; 22.17. Epître d'Antioche aux Romains 7.2 : « Mon désir terrestre a été crucifié, et il n'y a plus en moi de feu pour aimer la matière, mais en moi une eau vive qui murmure et qui dit au dedans de moi : “Viens vers le Père.” »]

11– Seigneur, lui dit la femme, tu n'as rien pour puiser, et le puits est profond ; d'où aurais-tu donc cette eau vive ?[#4.11 Cf. Gn 21.19. – certains mss portent seulement lui dit(-elle).]

12Serais-tu, toi, plus grand que Jacob, notre père, qui nous a donné ce puits et qui en a bu lui-même, ainsi que ses fils et ses troupeaux ?[#4.12 Cf. 6.31-33 ; 8.53 ; Mt 12.41s.]

13Jésus lui répondit : Quiconque boit de cette eau aura encore soif ;[#4.13 Cf. Jr 2.13.]

14celui qui boira de l'eau que, moi, je lui donnerai, celui-là n'aura jamais soif : l'eau que je lui donnerai deviendra en lui une source d'eau qui jaillira pour la vie éternelle.[#4.14 cette négation traduit une formule grecque (aussi en 8.51s ; 10.28 ; 11.26 ; 13.8) opposée à celle qui correspond à pour toujours en 6.51,58 ; 8.35 ; 12.34 ; 14.16 ; 1Jn 2.17 ; 2Jn 2, litt. pour l'éon (sur ce mot, voir Ep 2.2) ou, selon une traduction traditionnelle du terme, pour le siècle ; outre le sens temporel évident toujours / jamais (cf. p. ex. 1Co 8.13 ; voir aussi Jn 6.35), le grec peut évoquer un rapport, positif ou négatif, à l’ éternité ou au monde à venir (cf. Mt 12.32). – 6.27,35,53s. – (ou en ) (même formule v. 36) : cf. 7.38s ; 19.34 ; Es 58.11 ; voir aussi 12.3 ; 44.3 ; 49.10 ; Jr 2.13 ; 17.13 ; Ez 47.1ss. Evangile selon 13 : « Jésus a dit à ses disciples : “Faites une comparaison, et dites-moi à qui je ressemble.” Simon Pierre lui dit : “Tu es semblable à un ange juste.” Matthieu lui dit : “Tu es semblable à un philosophe intelligent.” Thomas lui dit : “Maître, ma bouche est tout à fait incapable de dire à qui tu es semblable.” Jésus répondit : “Je ne suis pas ton maître ; puisque tu as bu, tu t'es enivré à la source bouillonnante que j'ai fait jaillir.” »]

15La femme lui dit : Seigneur, donne-moi cette eau-là, pour que je n'aie plus soif et que je n'aie plus à venir puiser ici.[#4.15 6.34.]

16– Va, lui dit-il, appelle ton mari et reviens ici.

17La femme répondit : Je n'ai pas de mari. Jésus lui dit : Tu as raison de dire : « Je n'ai pas de mari. »

18Car tu as eu cinq maris, et celui que tu as maintenant n'est pas ton mari. En cela tu as dit vrai.[#4.18 Cf. 2.25+ ; certains voient dans les une allusion aux cinq cultes non juifs rattachés à l'origine du culte samaritain en 2R 17.29-41 ; dans cette perspective, serait le Dieu d'Israël, dont les Samaritains se réclameraient d'une façon plus ou moins illégitime. Toutefois rien n'impose cette lecture allégorique : Jésus peut simplement décrire la vie privée de la Samaritaine (v. 19).]

19– Seigneur, lui dit la femme, je vois que, toi, tu es prophète.[#4.19 cf. 1.21+ ; voir aussi Lc 7.39.]

20Nos pères ont adoré sur cette montagne ; vous, vous dites que le lieu où il faut adorer est à Jérusalem.[#4.20 le verbe correspondant, ici et dans la suite, est aussi traduit par se prosterner (9.38) ; voir Mt 2.2 ; voir aussi . – le mont Garizim, près de Sichem, sur lequel avait été bâti le détruit environ 150 ans avant l'époque de Jésus ; cf. Dt 11.29 ; 27.12 ; Jos 8.33. – on peut comprendre, dans un sens fort, le lieu sacré ou saint, comme en 11.48. – cf. Dt 12.5+ ; 1R 9.3 ; Ps 122.1-5.]

21Jésus lui dit : Femme, crois-moi, l'heure vient où ce ne sera ni sur cette montagne ni à Jérusalem que vous adorerez le Père.[#4.21 Cf. 2.19+ ; 1R 8.27 ; Es 66.1 ; Ml 1.11 ; Ac 6.14 ; 7.47s.]

22Vous, vous adorez ce que vous ne connaissez pas ; nous, nous adorons ce que nous connaissons, car le salut vient des Juifs.[#4.22 cf. 2R 17.24-33 ; Ac 17.23. – cf. Es 2.3 ; Rm 9.3s ; 11.18.]

23Mais l'heure vient – c'est maintenant – où les vrais adorateurs adoreront le Père en esprit et en vérité ; car tels sont les adorateurs que le Père cherche.[#4.23 (cf. 2.4+) 5.25 ; cf. Rm 13.11. – 3.5-8 ; cf. Rm 12.1 ; Ep 2.18 ; Ph 3.3 ; autre traduction par l'Esprit et la vérité . – 8.32+ ; cf. 1Jn 3.18 ; 5.6.]

24Dieu est Esprit, et il faut que ceux qui l'adorent l'adorent en esprit et en vérité.[#4.24 2Co 3.17s.]

25La femme lui dit : Je sais que le Messie vient – celui qu'on appelle Christ. Quand il viendra, lui, il nous annoncera tout.[#4.25 Dt 18.18,22. – 1.41. Les Samaritains appelaient Ta‘eb ( celui qui revient ) le Messie qu'ils attendaient ; il devait surtout avoir pour fonction d'enseigner et de révéler (cf. Dt 18.15ss) ; voir aussi . – 14.26.]

26Jésus lui dit : C'est moi qui te parle.[#4.26 autres traductions moi, je suis celui qui te parle ; je le suis, moi qui te parle ; litt. moi je suis, formule couramment employée au sens de c'est moi, c'est moi qui suis… (cf. 6.20 ; 9.9 ; 18.5 ; Mt 14.27 ; Mc 6.50 ; 14.61s), mais qui a souvent chez Jean un sens plus profond (voir 8.24 ; 18.6 ; cf. 6.35+). – v. 10 ; 9.37 ; cf. Es 52.6 (formulation presque identique dans ).]

27Là-dessus arrivèrent ses disciples, qui s'étonnaient de le voir parler avec une femme. Toutefois aucun ne dit : « Que cherches-tu ? » ou : « De quoi parles-tu avec elle ? »[#4.27 cf. v. 23 ; 1.38+.]

28La femme laissa donc sa jarre, s'en alla dans la ville et dit aux gens :[#4.28 2.6s.]

29Venez voir ! Il y a là un homme qui m'a dit tout ce que j'ai fait ! Serait-ce le Christ ?[#4.29 sous-entendu dans le texte. – v. 18,39. – 7.26 ; cf. Mt 12.23.]

30Ils sortirent de la ville pour venir à lui.

31Pendant ce temps, les disciples lui disaient : Rabbi, mange ![#4.31 V. 8. – litt. lui demandaient.]

32Mais il leur dit : Moi, j'ai à manger une nourriture que, vous, vous ne connaissez pas.[#4.32 6.27.]

33Les disciples se disaient donc les uns aux autres : Quelqu'un lui aurait-il apporté à manger ?[#4.33 Cf. 2.20 ; Mt 16.7.]

34Jésus leur dit : Ma nourriture, c'est de faire la volonté de celui qui m'a envoyé et d'accomplir son œuvre.[#4.34 5.30 ; 6.38ss ; 7.17 ; 9.31 ; Hé 10.7-10 ; 1Jn 2.17. – autre traduction celui qui m'envoie . – 5.36 ; 17.4 ; 19.28,30.]

35Ne dites-vous pas, vous, qu'il y a encore quatre mois jusqu'à ce que vienne la moisson ? Eh bien, je vous le dis, levez les yeux et regardez les champs : ils sont blancs pour la moisson. Déjà[#4.35 en hébreu, le terme équivalent pouvait aussi désigner toute couleur claire ; autre traduction dorés (c.-à-d. prêts pour la moisson, cf. v. 39ss). – cf. Mt 9.37-38+/ /.]

36le moissonneur reçoit un salaire et recueille du fruit pour la vie éternelle, pour que le semeur et le moissonneur se réjouissent ensemble.[#4.36 autre traduction une récompense ; cf. Mt 5.12+. – v. 14. – cf. Es 9.2 ; Ps 126.5s ; voir aussi Am 9.13.]

37En cela, en effet, ce qu'on dit est vrai : L'un sème, l'autre moissonne.[#4.37 Cf. Dt 20.6 ; 28.30 ; Mi 6.15 ; Jb 31.8 ; Mt 25.24 ; 1Co 3.6.]

38Moi, je vous ai envoyés moissonner ce qui ne vous a coûté, à vous, aucun travail ; d'autres ont travaillé, et vous, vous êtes arrivés pour recueillir le fruit de leur travail.[#4.38 Cf. Ac 8.14-17. – 17.18 ; 20.21. – litt. vous êtes entrés dans leur travail (ou leur peine, cf. v. 6).]

39Beaucoup de Samaritains de cette ville-là mirent leur foi en lui à cause de la parole de la femme qui rendait ce témoignage : Il m'a dit tout ce que j'ai fait.[#4.39 1.7 ; 2.23+. – v. 29+.]

40Aussi, quand les Samaritains vinrent à lui, ils lui demandèrent de demeurer auprès d'eux ; et il demeura là deux jours.[#4.40 Cf. Lc 9.52-56. – cf. Ac 10.48 ; 18.20. – ou chez eux 1.39.]

41Ils furent encore beaucoup plus nombreux à croire à cause de sa parole ;[#4.41 Cf. 1.45-50 ; sur la réaction des à la bonne nouvelle, voir aussi Ac 8.5ss,14,25. – ou avoir foi, 1.7.]

42ils disaient à la femme : Ce n'est plus à cause de tes dires que nous croyons ; car nous l'avons entendu nous-mêmes, et nous savons que c'est vraiment lui le sauveur du monde.[#4.42 (1.10) 3.17 ; 1Jn 4.14 ; voir aussi Es 19.20 ; 43.3 ; Mt 1.21 ; Lc 1.47 ; 2.11 ; Ac 5.31 ; 13.23 ; Ph 3.20. – Certains mss ajoutent le Christ (cf. v. 29+).]

Jésus guérit le fils d'un officier royal

43Après ces deux jours, il partit de là pour se rendre en Galilée.[#4.43 v. 40. – litt. sortit, cf. 1.43. – v. 3+.]

44– Car Jésus lui-même a témoigné qu'un prophète n'est pas honoré dans son propre pays. –[#4.44 Mt 13.57/ /. – ou dans sa région d'origine.]

45Lorsqu'il vint en Galilée, les Galiléens l'accueillirent, parce qu'ils avaient vu tout ce qu'il avait fait à Jérusalem pendant la fête. Car eux aussi étaient allés à la fête.[#4.45 Cf. 2.13+,23. – autre traduction lorsqu'il arriva ; même verbe au v. 46 ( retourner ).]

46Il retourna donc à Cana de Galilée, où il avait changé l'eau en vin.[#4.46 litt. fait l'eau vin ; voir 2.1-11. – c.-à-d. un homme au service Antipas, tétrarque de Galilée (Mt 2.22), qui était souvent considéré comme un roi ; cf. Mt 8.5-13/ /.]

Cf. Mt 8.5-13 ; Lc 7.1-10

Il y avait à Capharnaüm un officier royal dont le fils était malade.

47Ayant entendu dire que Jésus était venu de Judée en Galilée, il alla le trouver pour lui demander de descendre guérir son fils, qui était sur le point de mourir.[#4.47 Capharnaüm (2.12+) est situé au bord du lac de Galilée, à quelque 200 m au-dessous du niveau de la mer Méditerranée. – expressions comparables en Lc 7.2 ; Ap 3.2.]

48Jésus lui dit : Si vous ne voyez pas des signes et des prodiges, vous ne croirez donc jamais ![#4.48 (2.11+) Ac 5.12. – ou vous ne croirez en aucun cas ; vous n'aurez jamais foi ; même verbe v. 50,53 ( devenir croyant ) ; 1.7 ; 2.23s ; cf. Mt 12.38 ; 16.1-4 ; 24.24/ / ; 1Co 1.22+.]

49L'officier royal lui dit : Seigneur, descends avant que mon enfant ne meure.

50– Va, lui dit Jésus, ton fils vit.[#4.50 Cf. 1R 17.23 ; Mt 8.10,13.]

L'homme crut la parole que Jésus lui avait dite et il s'en alla.

51Comme déjà il descendait, ses esclaves vinrent au-devant de lui pour lui dire que son enfant vivait.[#4.51 Cf. Mc 7.30.]

52Il leur demanda à quelle heure il s'était trouvé mieux ; ils lui dirent : Hier, à la septième heure, la fièvre l'a quitté.[#4.52 entre midi et une heure environ. – cf. Mt 8.15+/ /.]

53Le père sut donc que c'était au moment même où Jésus lui avait dit : Ton fils vit. Et il devint croyant, lui et toute sa maison.[#4.53 litt. en cette heure-là . – v. 58. – Ac 10.2 ; 11.14 ; 16.14s,31.]

54Jésus produisit encore ce deuxième signe après être venu de Judée en Galilée.[#4.54 en Galilée ( ?), cf. 2.11,23 ; 3.2.]

Nouvelle Bible Segond © Société biblique française-Bibli'O, 2002 Première édition de la Bible d’étude : sous la direction de Henri Blocher, Jean-Claude Dubs†, Mario Echtler†, Jean-Claude Verrecchia, coordination Didier Fougeras.
Published by: French Bible Society