Proverbes 30

Sentences d'Agour

¹Paroles d'Agour, fils de Yaqé.[#30.1 place la section correspondant à 30.1-14 entre 24.22 et 23 ; voir aussi 30.15 ; 31.1. – est présenté comme l'auteur d'une petite collection de proverbes (30.1-14). traduit les noms propres au lieu de les transcrire : Paroles de celui qui rassemble, fils de celui qui vomit . Pour la tradition juive, Agour serait un surnom de Salomon, rassembleur ou collectionneur des Proverbes (cf. 1.1 ; 10.1 ; 25.1). En fait le nom Agour n'est probablement pas israélite. Agour pourrait être originaire d'une tribu de l'Arabie du Nord, Massa (du mot traduit en l'occurrence par cf. Na 1.1 ; Ha 1.1 ; Za 9.1, mais qui pourrait être lu ici et en Pr 31.1 comme un nom propre de lieu ; sur voir Gn 25.14 ; 1Ch 1.30). – les noms propres qui apparaissent ici pourraient également être lus comme des noms communs, de manière à former une phrase : Il n'y a pas de Dieu (hébreu ’El, cf. Gn 21.33) , il n'y a pas de Dieu, c'est fini ! Je ne suis pas un Dieu, je ne suis pas un Dieu, je n'ai pas la puissance ; je me suis fatigué, ô Dieu, je me suis fatigué, ô Dieu, je suis épuisé ; je suis le plus fort, ô Dieu, je suis le plus fort, ô Dieu, je suis capable ; ou encore moi, Dieu, je suis le plus fort… LXX voici ce que dit l'homme à ceux qui croient en Dieu, et je m'arrête ; Vg vision dite par l'homme avec qui est Dieu, et qui, Dieu étant avec lui, a été réconforté.]

Sentence, déclaration de cet homme pour Itiel, pour Itiel et pour Oukal.

²Oui, je suis plus bête que n'importe quel homme,

je n'ai pas intelligence humaine ;

³je n'ai pas appris la sagesse,[#30.3 LXX Dieu m'a appris . – certains pensent qu'il s'agit ici des sages ; d'autres traduisent la connaissance du Saint (avec pluriel de majesté), c.-à-d. de Dieu. Mais on pourrait aussi comprendre la connaissance des dieux ; cf. 9.10 ; voir aussi 2.5 ; Gn 3.5,22 ; 2S 14.17,20 ; 1R 3.28 ; voir aussi Ps 89.6,8.]

je n'ai pas la connaissance des saints.

⁴Qui est monté au ciel ? Qui en est descendu ?[#30.4 cf. Es 40.12 ; Ps 104.3 ; Jb 38.4 ; 1.2s : « Le sable des mers, les gouttes de pluie, les jours de l'éternité, qui les dénombrera ? La hauteur du ciel, la largeur de la terre, la profondeur de l'abîme, qui les explorera ? » Un texte babylonien, rapportant le dialogue d'un maître et de son esclave (cf. Ec 7.26), met dans la bouche de ce dernier la parole suivante (§ 12) : « Qui est assez grand pour monter au ciel ? Qui est assez large pour embrasser la terre (ou : le séjour des morts) ? » – on pourrait aussi comprendre afin que tu le saches.]

Qui a recueilli le vent dans le creux de ses mains ?

Qui a serré les eaux dans un manteau ?

Qui a mis en place toutes les extrémités de la terre ?

Quel est son nom, et quel est le nom de son fils,

si tu le sais ?

⁵Toute parole de Dieu est éprouvée.[#30.5 Cf. 2S 22.31 ; Ps 18.31 ; 119.140. Voir aussi Ps 12.7 ; 19.9.]

Il est un bouclier pour ceux qui trouvent en lui un abri.

⁶N'ajoute rien à ses paroles,[#30.6 cf. Dt 4.2 ; Ap 22.18.]

de peur qu'il ne te reprenne et que tu ne sois trouvé menteur.

⁷Je te demande deux choses ;

ne me les refuse pas, avant que je meure !

⁸Eloigne de moi l'illusion et la parole mensongère ;[#30.8 litt. fais-moi arracher (verbe souvent traduit par déchiqueter, en parlant d'un animal féroce, cf. Ps 7.3 ; Jb 16.9 etc.) le pain de ma portion.]

ne me donne ni pauvreté, ni richesse ;

accorde-moi le pain qui m'est nécessaire,

⁹de peur qu'étant rassasié, je ne te renie[#30.9 20.13+.]

et ne dise : « Qui est le Seigneur (YHWH) ? »

Ou que, pauvre, je ne commette un vol

et ne porte atteinte au nom de mon Dieu.

¹⁰Ne calomnie pas un serviteur auprès de son maître,[#30.10 le verbe hébreu correspondant, qui est apparenté au mot habituellement traduit par langue, n'apparaît qu'ici et en Ps 101.5. – autres traductions que tu ne doives réparer ; que tu n'aies à le payer.]

de peur qu'il ne te maudisse et que tu ne te mettes en tort.

¹¹Il est une engeance qui maudit son père[#30.11 (autre traduction ) cf. v. 17 ; 19.26 ; Ex 21.17. – Voir]

et qui ne bénit pas sa mère.

¹²Il est une engeance qui se croit pure[#30.12 litt. qui est pure à ses yeux.]

et qui n'est pas lavée de son ordure.

¹³Il est une engeance dont les yeux sont hautains[#30.13 cf. 6.17. – litt. les paupières se lèvent.]

et les regards condescendants.

¹⁴Il est une engeance dont les dents sont des épées,[#30.14 cf. 12.18.]

dont les mâchoires sont des couteaux,

pour dévorer et faire disparaître de la terre les pauvres,

et de l'humanité les déshérités.

Proverbes numériques

¹⁵La sangsue a deux filles : « Donne ! donne ! »[#30.15 place les v. 15-33 après 24.34 ; voir aussi 30.1 ; 31.1. – le mot hébreu correspondant n'apparaît qu'ici dans l'A.T. ; son sens est attesté par l'hébreu rabbinique, l'araméen et l'arabe. LXX a traduit aussi sangsue . D'après un autre rapprochement avec l'arabe, le terme pourrait aussi désigner la goule, une sorte de vampire ou de démon femelle qui se repaît de sang ou de chair humaine (cf. la Lilith des croyances populaires juives). – LXX trois . Le proverbe numérique (v. 15-33) tient à la fois de la maxime, de l'énigme et de la comparaison. Cf. 6.16 ; Es 17.6 ; Am 1.3,6,9,11,13 ; Mi 5.4 ; Jb 5.19 ; 40.5 ; Ec 11.2 ; on le retrouve dans le (23.16ss ; 25.7 ; 26.5-7,28 ; 50.25) et dans le ( Pirqé Aboth 5).]

Trois choses sont insatiables,

quatre ne disent jamais « Assez ! » :

¹⁶le séjour des morts, la femme stérile,[#30.16 1.12. – litt. la fermeture des entrailles.]

la terre, qui n'est pas rassasiée d'eau,

et le feu, qui ne dit jamais « Assez ! ».

¹⁷L'œil qui se moque d'un père[#30.17 LXX la vieillesse d'une mère ; cf. 15.20 ; 23.22. – 18.4.]

et qui méprise l'obéissance envers une mère,

les corbeaux de l'oued le crèveront,

les petits de l'aigle le dévoreront.

¹⁸Il y a trois choses étonnantes qui me dépassent,

quatre que je ne connais pas :

¹⁹la trace de l'aigle dans le ciel,[#30.19 (litt. le chemin ; mot répété ici quatre fois. Il apparaît encore au début du v. 20 où il est traduit par voie ) fait assonance, en hébreu, avec . – cf. 5.10ss (discours rétrospectif des impies sur leur sort) : « Tel le navire qui fend l'onde agitée sans qu'on puisse retrouver la trace de son passage ou le sillage de sa carène dans les flots ; tel encore l'oiseau qui vole à travers les airs et ne laisse de son trajet aucune marque perceptible, car l'air léger, frappé à coups de rémiges, fendu par le puissant élan des ailes qui battent, est traversé sans qu'on y trouve ensuite l'indice de son passage ; telle la flèche lancée vers le but, quand l'air déchiré revient aussitôt sur lui-même, si bien qu'on ignore la trajectoire suivie ; ainsi nous-mêmes, à peine nés, nous avons disparu et n'avons pu montrer aucune trace de vertu ; nous nous sommes consumés dans le vice. »]

la trace du serpent sur le rocher,

la trace du bateau au cœur de la mer

et la trace de l'homme chez la jeune fille.

²⁰Telle est la voie de la femme adultère :[#30.20 cf. 6.24-35. – il s'agit selon toute vraisemblance d'une métaphore sexuelle (cf. Gn 39.6,9 ; Jg 14.14).]

elle mange, elle s'essuie la bouche,

puis elle dit : « Je n'ai rien fait de mal ! »

²¹A cause de trois choses, la terre tremble,[#30.21 litt. sous . – autres traductions est agitée ; est bouleversée.]

il y en a quatre qu'elle ne peut supporter :

²²un esclave qui devient roi,[#30.22 cf. 19.10.]

un fou qui est rassasié de pain,

²³une femme non aimée qui se marie,[#30.23 litt. une détestée ; autres traductions une mégère ; une femme répudiée . – autre traduction qui dépossède ; LXX qui évince . Cf. Gn 15.3 ; 16.3-6.]

et une servante qui hérite de sa maîtresse.

²⁴Il y en a quatre qui sont tout petits sur la terre,[#30.24 autre traduction qui sont les plus petits de la terre . – litt. sages ayant reçu la sagesse ; certains modifient la lecture hébraïque traditionnelle pour lire plus sages que les sages.]

et suprêmement sages :

²⁵les fourmis, peuple sans force,[#30.25 cf. 6.6-8.]

préparent en été leur nourriture ;

²⁶les damans, peuple sans force,[#30.26 petit mammifère qui ressemble à la marmotte, vit dans les rochers et se laisse difficilement approcher ; cf. Lv 11.5 ; Ps 104.18. – litt. placent leur maison.]

élisent domicile dans les rochers ;

²⁷les criquets n'ont pas de roi

et ils sortent tous par divisions ;

²⁸le lézard, que tu peux attraper à la main,[#30.28 il s'agit peut-être du gecko, qui peut s'infiltrer partout et circuler jusque sur les plafonds grâce à ses doigts munis de lamelles adhésives ; autre interprétation traditionnelle l'araignée . – on pourrait aussi comprendre qui s'accroche avec les mains.]

et qui s'introduit dans les palais des rois.

²⁹Il y en a trois qui ont une belle allure,

quatre qui ont une belle démarche :

³⁰le lion, le plus vaillant parmi les bêtes,

qui ne recule devant personne ;

³¹le coq aux reins solides, ou le bouc,[#30.31 LXX le coq qui marche fièrement parmi les poules, le bouc qui conduit les chèvres, et le roi qui harangue le peuple . – traduction incertaine, d'après LXX ; on a aussi compris le cheval de combat ; les (le terme correspondant à est peut-être sous-entendu dans le texte) peuvent être pris comme un euphémisme sexuel (cf. 1R 8.19 ; 12.10 ; Ac 2.30 ; Hé 7.10) ; autre traduction dressé sur ses ergots . – texte incertain ; on a aussi compris le roi qui se dresse au-dessus de son peuple ; le roi contre lequel on ne s'insurge pas.]

et le roi au milieu de son armée.

³²Si, après avoir eu la folie de t'exalter toi-même,[#30.32 autre traduction si tu as eu la folie de t'exalter toi-même, si tu as intrigué (à cette fin), mets la main… – (sous-entendu dans le texte) cf. Jb 21.5.]

tu as réfléchi, mets la main sur la bouche :

³³car la pression du lait produit du lait fermenté,[#30.33 ou de la crème ; du beurre ; cf. Gn 18.8.]

la pression du nez produit du sang,

et la pression de la colère produit la querelle.