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1Vous vous êtes rendus coupables envers Dieu. Voilà pourquoi vous allez être emmenés prisonniers à Babylone par Nabucodonosor, le roi de cette ville.
2Quand vous serez arrivés là-bas, vous y serez pour longtemps, pour de nombreuses années, pendant sept générations humaines. « Mais après ce temps, a dit le Seigneur, je vous en ferai sortir sains et saufs. »[#1.2 Les Juifs comptaient une quarantaine d'années par génération. L'auteur s'écarte donc ici du livre de Jérémie, qui envisageait un exil de 70 ans (Jér 29.10 ; voir aussi Jér 27.7).]
L'exil n'est présenté ni comme un caprice de Dieu, ni comme un accident de l'histoire, mais comme une punition qui s'étend sur plusieurs générations : la faute des pères retombe sur les enfants. Mais ce malheur aura une fin car Dieu est sauveur.
3Sachez, pour l'instant, que vous allez voir à Babylone des dieux de bois recouverts d'or ou d'argent. On les porte sur les épaules lors des processions, et ils inspirent un grand respect aux païens.[#1.3 Comparer Jér 10.3-4.]
4Prenez donc garde de ne pas devenir comme ces étrangers. Attention ! Ne vous laissez pas prendre à leur religion,
5quand vous verrez la foule s'incliner jusqu'à terre devant et derrière ces dieux ! Dites plutôt en vous-mêmes : « Seigneur, c'est toi qu'il faut adorer. »
6« En effet, a dit le Seigneur, mon ange vous accompagne et prendra votre défense. »
Le danger qui guette les exilés, c'est l'assimilation qui se caractérise par l'adoption des dieux locaux. Les Israélites devront choisir entre un Dieu invisible et les idoles exposées un peu partout dans la ville.
7La langue de ces dieux a été taillée par un artisan. Mais ces dieux ont beau être recouverts d'or ou d'argent, ils font illusion et sont incapables de parler.
8Pour eux, on prend de l'or, comme pour une jeune fille coquette,
9et on en fait des couronnes qu'on leur met sur la tête. Il arrive même que leurs prêtres reprennent à leurs dieux cet argent et cet or pour leur usage personnel,
10ou qu'ils en donnent aux prostituées sacrées. Ces dieux de bois, recouverts d'argent ou d'or, on les habille comme s'ils étaient des hommes ![#1.10 ou (du temple) ; autre traduction]
11Mais ils sont incapables de se défendre contre la rouille ou les vers. Quand on les a revêtus d'habits de luxe,[#1.11 : texte probable ; grec ; comparer Mal 3.11 ; Job 13.28.]
12on doit essuyer sur leur visage la poussière du temple qui s'est accumulée sur eux.
13Comme l'homme qui gouverne le pays, ils portent un bâton de commandement, mais ils sont incapables de faire mettre à mort celui qui leur a causé du tort.
14Certains tiennent en main un poignard ou une hache, mais ils sont incapables de se défendre contre des soldats ou des voleurs. Ce ne sont pas des dieux, c'est évident. Par conséquent, ne leur accordez aucun respect.
La virulence et l'ironie de l'auteur envers les idoles attestent qu'elles représentent une forte tentation pour un peuple éprouvé. Mais ce ne sont que des bibelots qu'on époussette. Elles n'ont aucun pouvoir et ne sont pas respectées par leur propre clergé.
15-16Les dieux que ces gens installent dans les temples sont aussi inutiles que la vaisselle cassée. Leurs yeux se couvrent de la poussière soulevée par les pieds des gens qui viennent leur rendre visite.
17Quand quelqu'un s'est rendu coupable envers le roi, on l'enferme comme un condamné à mort. Les prêtres agissent de même pour empêcher que les voleurs dépouillent ces dieux : ils munissent les temples de portes renforcées, de serrures et de verrous.
18Ils allument aussi des lampes, plus qu'ils n'en ont besoin pour eux-mêmes, mais leurs dieux n'en peuvent voir aucune.
19Ceux-ci font penser à l'une des poutres de leur temple : l'intérieur, dit-on, est pourri. La vermine du sol les ronge, comme elle ronge aussi leurs vêtements, mais ces dieux ne s'en aperçoivent pas.
20Ils ont le visage tout noirci par la fumée qui se répand dans le temple.
21Des chauves-souris, des hirondelles et d'autres oiseaux viennent se percher sur leur corps ou sur leur tête ; on y trouve même des chats.
22Sachez-le donc : ce ne sont pas des dieux. Par conséquent, vous ne leur devez aucun respect.
L'auteur tourne en dérision tout le système religieux de l'idolâtrie : les statues et leurs temples, le clergé, le culte et les sacrifices. Les pratiques décrites sont jugées comme des abominations contraires aux règles de pureté de la loi de Moïse.
Les exilés devront apprendre à vivre sans le temple. Celui-ci est maintenant en ruine, et les sacrifices qu'on y rendait ont cessé. Heureusement, le Dieu d'Israël ne dépend pas de son sanctuaire. Il n'est pas une idole passive et inerte ; il accompagne son peuple là où il est.
23Quant à l'or dont on les a recouverts pour les embellir, si on ne l'essuie pas quand il est terni, ce n'est pas eux qui lui garderont son éclat. Lorsqu'en effet on les fondait au creuset, ils ne s'en apercevaient même pas !
24On a payé très cher pour eux, mais ils ne possèdent pas le moindre souffle de vie.
25Puisqu'ils sont incapables de marcher, il faut les porter sur les épaules. C'est la preuve, pour tout le monde, qu'ils sont sans valeur. Il y a là de quoi faire honte à ceux qui prennent soin d'eux.
26En effet, si l'un de ces dieux tombe à terre, il faut le relever. Et quand on l'a remis debout, il est incapable de se déplacer par ses propres moyens. S'il penche, il ne peut se redresser. Mais on apporte à des morts les mêmes dons qu'on présente à ces dieux ![#1.26 Comparer És 46.7 ; Jér 10.14.]
27D'ailleurs, les victimes qu'on leur offre en sacrifice sont revendues par les prêtres pour leur propre profit. Ou bien les femmes des prêtres en font des conserves, au lieu de les donner aux pauvres ou aux infirmes.
28Même les femmes qui sont en état d'impureté parce qu'elles ont leurs règles ou viennent d'accoucher osent toucher à ces victimes. Reconnaissez à ces exemples que ce ne sont pas des dieux et ne leur accordez aucun respect.[#1.28 Comparer Lév 12.4 ; 15.33 ; 20.18.]
29De quel droit appellerait-on « dieux » ces objets de bois recouverts d'or ou d'argent, alors que ce sont des femmes qui assurent le service sacré ?[#1.29 En Israël, seuls les hommes étaient admis comme prêtres.]
30Dans les temples de ces dieux, les prêtres sont assis comme en deuil, les vêtements déchirés , les cheveux et la barbe rasés, la tête découverte.[#1.30 : d'après l'ancienne version latine ; grec – étaient signes de deuil en Israël ; comparer Deut 14.1 et la note ; Lév 10.6 ; Ézék 44.20.]
31Ils crient comme des bêtes devant leurs dieux, comme s'ils étaient à un repas funèbre.
32D'autre part, ils dépouillent ces dieux de leurs vêtements pour en habiller leurs femmes et leurs enfants.
33D'ailleurs, si l'on fait du bien ou du mal à ces dieux, ceux-ci ne pourront pas le rendre, pas plus qu'ils ne peuvent donner à un roi son autorité ou la lui ôter.[#1.33 Nouveau contraste avec le Dieu d'Israël, qui désigne des rois ou les destitue ; voir 1 Sam 10.1 ; 16.3, 12 ; 2 Sam 7.8, 15 ; 12.7 ; És 45.1.]
34De même ils sont incapables de fournir à quelqu'un l'argent qui le rendra riche. Si on s'engage envers eux par un vœu et qu'on néglige de s'en acquitter, ces dieux ne réclament rien.
35Ils ne peuvent sauver personne de la mort ni arracher le plus faible aux griffes du plus fort.
36Ils sont impuissants à rendre la vue à un aveugle ou à délivrer quelqu'un de la détresse,
37incapables d'avoir pitié de la veuve ou d'accorder un bienfait à l'orphelin.[#1.37 Comparer Ps 68.6-7.]
38Ces bouts de bois recouverts d'or ou d'argent ne valent pas mieux que des pierres arrachées à la montagne. Honte à ceux qui s'occupent d'eux !
39Comment peut-on estimer ou prétendre que ce sont des dieux ?
En dénonçant l'impuissance et l'insensibilité de ces faux dieux, l'auteur fait apparaître implicitement les attributs du Seigneur d'Israël. C'est un Dieu puissant qui choisit ses rois, qui exige de son peuple le respect de son alliance, qui prend soin des pauvres et des humiliés.
40Il y a plus : les Babyloniens eux-mêmes contribuent à les déshonorer. Quand ils voient un sourd-muet, ils le conduisent à leur dieu Bel et le prient de rendre la voix au muet, comme si Bel était capable de comprendre ![#1.40 Comparer Marc 7.32-37.]
41Mais ils ne sont pas capables de réfléchir qu'il faut abandonner ces dieux ; telle est leur stupidité ![#1.41 Comparer És 46.1.]
42Quant aux femmes, elles se font d'une corde une ceinture et vont se placer dans les rues pour y brûler du son.[#1.42 On ignore le sens de ce rite. Les femmes décrites aux v. 42-43 pratiquaient une prostitution sacrée (voir Osée 1.2 et la note ; Osée 4.13-14).]
43Si un passant invite l'une d'elles et couche avec elle, celle-ci fait honte à sa voisine, dont personne n'a voulu et n'a dénoué sa corde.
44Tout ce qui concerne ces dieux est trompeur. Comment peut-on estimer ou prétendre que ce sont des dieux ?
Ce comportement de la femme renvoie vraisemblablement à des rites de prostitution sacrée, courantes dans les religions anciennes et décriées par les prophètes (Osée 1.2).
A l'inverse du Dieu créateur, les idoles dénoncées par l'auteur ne sont que des fabrications humaines. Dieu seul est maître de l'univers et capable de sauver son peuple. L'auteur invite tous les peuples ainsi que leurs rois (v. 50) à entendre ce message, qui prend une valeur universelle.
45Ce sont des sculpteurs et des orfèvres qui les ont fabriqués. Ils sont ce que ces artisans ont voulu faire : des objets, rien de plus.
46Ceux-là même qui les ont fabriqués ne vivront pas plus longtemps que d'autres.
47Comment ces objets qu'ils ont fabriqués pourraient-ils être des dieux ? Ces gens ne laissent ainsi à leurs descendants que de honteuses illusions.
48Quand la guerre ou une calamité menace ces idoles, les prêtres tiennent conseil pour savoir où ils vont se cacher avec elles.
49Ces objets sont impuissants à se sauver eux-mêmes en cas de guerre ou de malheur. Comment peut-on alors ne pas s'apercevoir qu'ils ne sont pas des dieux ?
50On déduit de tels faits que ces morceaux de bois recouverts d'or ou d'argent font illusion. Les peuples et leurs rois devraient se rendre à l'évidence : ce ne sont pas des dieux, mais des productions de l'homme ; en eux il n'y a rien de divin.
51Il devrait donc être clair que ce ne sont pas des dieux. Qui peut refuser de le reconnaître ?
52Ils sont incapables d'établir un roi sur un pays ou de faire tomber la pluie pour les humains,[#1.52 Comparer Jér 14.22.]
53incapables aussi de trancher leurs procès ou de secourir la victime d'une injustice. Ils sont aussi impuissants[#1.53 Comparer Ps 103.6.]
54que des corneilles qui volent entre ciel et terre. Si le temple de ces dieux de bois recouverts d'or ou d'argent est pris dans un incendie, leurs prêtres s'enfuient et se mettent à l'abri, mais eux-mêmes resteront là à brûler comme les poutres de la charpente.
55Si un roi ennemi les attaque avec ses troupes, ils n'ont aucun moyen de lui résister.
56Comment peut-on admettre ou estimer qu'ils sont des dieux ?
Non seulement les idoles n'ont aucun pouvoir, mais elles ne servent à rien. Même les objets de la vie quotidienne valent mieux qu'elles (v. 58). Quant aux éléments naturels, ils jouent de manière efficace le rôle que Dieu leur a assigné. Inutile de les diviniser !
Ces dieux de bois recouverts d'or ou d'argent n'ont aucune chance d'échapper aux voleurs ou aux brigands.
57Quand ceux-ci s'emparent d'eux, les dépouillent de l'or, de l'argent ou des vêtements qui les couvrent et s'en vont avec leur butin, ces dieux ne risquent pas de se défendre !
58Un roi qui se montre brave au combat, ou un ustensile qui rend service à son propriétaire, tout cela vaut mieux que ces dieux illusoires. Ou une porte qui protège ce qu'il y a dans la maison, ou un pilier de bois dans le palais royal… tout cela vaut mieux que ces dieux illusoires.
59Le soleil, la lune et les étoiles donnent leur lumière et remplissent ainsi leur mission d'être utiles.
60L'éclair lui aussi, quand il brille, est beau à voir ; de même que le vent, qui souffle n'importe où.
61De même les nuages : quand Dieu leur ordonne de recouvrir la terre, ils exécutent ensemble l'ordre qui leur a été donné.
62La foudre, que Dieu envoie de là-haut pour dévorer montagnes et forêts, exécute elle aussi l'ordre qu'elle a reçu. Mais la forme qu'on a donnée à ces dieux ne rappelle même pas l'aspect extérieur ou la puissance de ces forces naturelles.
63On ne peut donc estimer ou prétendre qu'ils sont des dieux, étant donné qu'ils ne sont pas capables de rendre justice ou de faire du bien aux humains.
64Sachez donc que ce ne sont pas des dieux et que vous ne leur devez aucun respect.
65Ils sont impuissants à maudire ou à bénir les rois,
66à montrer aux peuples des prodiges dans le ciel, à briller comme le soleil ou à éclairer comme la lune.
67Même les animaux sauvages leur sont supérieurs, puisqu'ils ont les moyens de s'enfuir pour se mettre à l'abri et se sauver eux-mêmes !
68Absolument rien ne nous démontre par conséquent qu'ils sont des dieux. Vous ne devez donc leur accorder aucun respect.
Jusqu'à la fin, l'auteur utilise tous les moyens pour discréditer les idoles afin de prévenir les exilés contre la tentation de l'assimilation religieuse. Il invite le peuple à rester fidèle à son Dieu. Et ce qui vaut pour l'exil à Babylone vaut pour tous les contextes où la loyauté envers Dieu est mise à l'épreuve par l'attrait des idoles, anciennes et modernes.
69Dans un champ de concombres, un épouvantail à moineaux ne protège rien. Ainsi en est-il des dieux de ces gens-là, ces dieux de bois recouverts d'or ou d'argent.[#1.69 Comparer Jér 10.5.]
70De même on peut comparer ces dieux de bois à un buisson épineux dans un jardin, où n'importe quel oiseau peut venir se percher, ou encore à un cadavre jeté dans l'obscurité d'une tombe.
71Quand vous verrez leurs vêtements de luxe et leurs habits de lin tomber en pourriture, vous saurez que ce ne sont pas des dieux. Finalement, eux-mêmes seront dévorés par les vers et condamnés au déshonneur dans le pays.[#1.71 : texte probable ; le grec, qui a traduit , a probablement confondu deux mots hébreux d'orthographes voisines.]
72Un homme sans idole, fidèle à Dieu, vaut mieux que ces prétendus dieux ; lui, il ne risque pas de subir le déshonneur.