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Le psalmiste partage une croyance de ses contemporains : Dieu punit les fautes en envoyant des malheurs. Cette pensée connaîtra une évolution dans des textes bibliques plus tardifs, comme le livre de Job. Se pensant frappé par Dieu, le croyant du psaume décide de se taire. Mais il ne peut persister longtemps dans un tel mutisme, qui amplifie ses souffrances. Les paroles refoulées, enfin libérées, remontent à la surface pour exprimer à Dieu une dernière demande. Le malheureux a pris toute la mesure de sa fragilité. Il sait que la vie humaine n'a guère plus de consistance que le vent, souffle qui s'épuise. A peine commencé, son passage sur la terre s'achève déjà. C'est pourquoi sa demande demeure modeste : avoir un peu de répit avant de mourir ! Et comme tant d'autres, il aimerait connaître la date de l'échéance.
Le refoulement de la parole nourrit bien des haines souterraines, entretient les rancœurs tout en mobilisant les énergies psychiques. Ce psaume fournit une occasion de libérer la parole, en usant toutefois de discernement pour ne pas fournir des armes à ses ennemis. Exprimer sa douleur, la partager, a souvent un effet thérapeutique. La parole, en nommant la réalité, aide la personne à accepter sa condition fragile en toute lucidité. Quand la parole s'adresse à Dieu dans la prière, elle vient redonner espoir.
2J'avais dit : « Je veux surveiller mes réactions,
pour ne rien dire qui me mette en tort ;
je veux garder comme un bâillon sur la bouche,
tant que je suis en présence des méchants. »
3Je suis donc resté muet, silencieux,
j'ai renoncé à dire quelque chose.
Mais ma souffrance n'a fait qu'augmenter.
4Je bouillonnais intérieurement,
chaque soupir était comme une brûlure.
Alors j'ai fini par parler :
5Seigneur, fais-moi savoir quand finira ma vie,
oui, combien de temps j'ai à vivre ;
que je connaisse la durée de mon sursis.
6Quelques largeurs de main, c'est toute la mesure
de ce que tu me donnes à vivre.
Devant toi, mon existence est comme rien.
Même bien vivant, l'homme n'est qu'un souffle. Pause
7Il va, il vient, mais ce n'est qu'un mirage ;
il s'agite, mais ce n'est que du vent.
Il amasse des biens, mais sans savoir qui les recueillera.
8Alors, Seigneur, à quoi puis-je m'attendre ?
Tu es le seul sur qui je puisse compter.
9Délivre-moi de tous ceux qui me trahissent ;[#39.9 : autre traduction]
ne laisse pas les sots rire de moi.
10Je reste donc muet, je ne proteste plus,
puisque c'est toi qui m'as mis dans cet état.
11Mais renonce à me frapper davantage,
je n'en peux plus des coups que ta main me porte.
12Tu corriges l'homme en punissant ses fautes ;
comme un ver dans le fruit, tu ronges ce qu'il aime.
L'homme : du vent, rien de plus. Pause
13Seigneur, écoute ma prière, sois attentif à mon appel,
ne reste pas indifférent à mes larmes,
car je ne suis chez toi qu'un étranger,
un homme sans droit, comme tous mes ancêtres.
14Laisse-moi un peu de répit, pour que je retrouve le sourire
avant de m'en aller et de n'être plus rien.