Psaumes (88)

Où sont passées les promesses faites à David ?

Dieu peut-il oublier sa promesse ?

(Psaumes 89)

Tout va mal. Le roi a subi une défaite honteuse. Le psalmiste présente à Dieu une prière audacieuse. Dans un premier temps (v. 2-38), il s'enthousiasme pour la grandeur de Dieu et rappelle que Dieu s'est engagé jadis envers David. Puis, subitement, changement de ton : dans un deuxième grand ensemble (v. 39-52), le psalmiste se lamente et appelle Dieu au secours, au nom même de la fidélité à ses engagements.

2Je veux chanter toujours tes bontés, Seigneur,

pour toutes les générations à venir,

je veux proclamer ta fidélité.

3Je le déclare : Ta bonté est bâtie pour l'éternité,

ta fidélité est ancrée dans le ciel.

Hommage au Dieu d'en haut

(89.2-19)

Depuis les cieux, Dieu domine tout l'univers et y exerce sa fidélité. Il triomphe des puissances mystérieuses du mal et de la mort : ici, la mer, et son équivalent poétique, le monstre Rahab, personnification de l'océan dans la mythologie babylonienne. De plus, Dieu se montre stable dans ses promesses : sa fidélité entoure tout particulièrement son élu, le roi David. La stabilité du cosmos chante la fidélité de Dieu.

4Tu l'as dit : « J'ai pris un engagement solennel

envers celui que j'ai choisi, mon serviteur David,

et je lui ai promis ceci :

5J'établirai toujours un de tes descendants comme roi après toi.

Je construirai ainsi ta dynastie pour tous les siècles à venir. » Pause

6Que les anges du ciel te louent

pour les miracles que tu fais, Seigneur,

et que leur assemblée loue ta fidélité !

7Seigneur, tu n'as pas ton pareil, là-haut ;

dans le monde des dieux, personne ne t'égale.

8Dieu, tu es terrible dans le conseil des anges,

beaucoup plus redouté que ceux qui t'entourent.

9Seigneur, Dieu de l'univers, qui est comme toi ?

Force et fidélité t'environnent, Seigneur.

10C'est toi qui domptes la mer orgueilleuse

et qui apaises ses vagues en colère.

11C'est toi qui as transpercé le monstre Rahab, qui l'as écrasé[#89.11 : dans les vieux récits babyloniens de la création le monstre Rahab, personnifiant l'océan, était vaincu par le dieu créateur. Le Ps 89 revendique cette victoire pour le Seigneur.]

et qui as éparpillé tes ennemis d'une main de fer.

12A toi le ciel, à toi aussi la terre,

le monde entier et tout ce qui s'y trouve ;

c'est toi qui en as posé les bases.

13C'est toi qui as créé le Nord et le Sud ;

les montagnes du Tabor et de l'Hermon

crient de joie en entendant ton nom.

14C'est toi qui as le bras vigoureux,

la poigne forte, la main droite haut levée.

15Justice et droit : voilà les bases de ton règne.

Bonté et fidélité marchent devant toi.

16Heureux ceux qui savent t'acclamer, Seigneur !

Ils vivent en ta présence accueillante.

17Ils se félicitent que tu sois leur Dieu,

tous les jours, ils s'honorent de ta loyauté.

18C'est toi qui es leur force souveraine,

grâce à toi notre défenseur prend le dessus.

19Notre protecteur t'est redevable, Seigneur,[#89.19 ou]

notre roi te doit tout, toi l'unique vrai Dieu, Dieu d'Israël.

Des promesses…

(89.20-28)

Le psalmiste exprime avec ses propres mots l'oracle du prophète Natan (2 Sam 7.4-17). Dieu lui-même a choisi David, il l'a sacré roi en lui versant de l'huile sur la tête, selon la coutume de l'époque. Il lui a promis force, pouvoir, victoire sur l'ennemi. Il l'a assuré de son soutien indéfectible. Plus encore, il a fait de lui son fils aîné. Dans l'ancien Orient, le monarque passait couramment pour le fils de la divinité.

On peut lire dans cette déclaration un engagement ferme du Seigneur, valable pour la totalité de l'histoire, à combattre le mal sous toutes ses formes et à protéger les siens.

20Un jour, tu as parlé dans une vision,

tu as dit à l'intention de tes fidèles :

« J'ai accordé mon appui à un homme vaillant,

dans le peuple j'ai distingué un jeune homme.

21J'ai trouvé David pour être mon serviteur,

je l'ai consacré de mon huile d'onction.

22Je le soutiendrai d'une main ferme,

ma vigueur fera de lui un homme fort.

23L'ennemi ne pourra pas le surprendre,

le rebelle ne pourra pas l'humilier.

24Sous ses yeux, j'écraserai ses adversaires,

je frapperai ceux qui lui en veulent.

25Ma fidèle bonté lui est assurée,

c'est moi qui ferai grandir son pouvoir.

26Je lui donnerai autorité sur la mer,

il aura la haute main sur les fleuves.

27Et voici comment il s'adressera à moi :

“Tu es mon Père, tu es mon Dieu,

le rocher où je trouve le salut.”

28Bien plus, je ferai de lui mon fils aîné,

le plus grand des rois de la terre.

… qui engagent l'avenir

(89.29-38)

Dieu s'oblige bien davantage envers David. Il lui garantit une descendance, à jamais. Si les successeurs se montrent infidèles à l'alliance, il devra, bien sûr, les punir. Mais la loyauté de Dieu ne fléchira pas. Quoi qu'il advienne, elle demeurera aussi stable que les astres au firmament.

29Je lui conserverai ma bonté pour toujours,

et je prends ce ferme engagement envers lui :

30Je lui assurerai toujours un descendant,

sa dynastie durera autant que le ciel.

31« Si ses descendants abandonnent ma loi,

s'ils ne suivent pas mes décisions,

32s'ils violent mes ordres

et n'observent pas mes commandements,

33alors je prendrai un bâton

pour punir leur désobéissance,

et j'userai de coups pour châtier leur faute.

34Mais je ne leur retirerai pas ma bonté,

je ne trahirai pas ma fidélité.

35Je ne romprai pas mon engagement,

je ne reviendrai pas sur ce que j'ai promis.

36J'ai fait ce serment solennel :

aussi vrai que je suis Dieu,

jamais je ne serai déloyal à David.

37Sa descendance continuera toujours, j'y veillerai ;

sa dynastie se maintiendra aussi longtemps que le soleil,

38tant que la lune sera là,

fidèle témoin, derrière les nuages. » Pause

Pourquoi alors pareille défaite ?

(89.39-47)

Le roi est vaincu, sa couronne jetée par terre, la ville détruite. Après toutes ces promesses, c'est à n'y rien comprendre ! Dieu semble avoir changé de camp et avoir renoncé à son projet. Les ennemis peuvent ricaner !

Devant les catastrophes individuelles ou collectives, il arrive que des croyants pensent que Dieu a oublié ses promesses. Où est Dieu lorsque surviennent de grandes souffrances ?

39Mais tu as rejeté, tu as laissé tomber le roi que tu avais consacré ;

tu t'es fâché contre lui.

40Tu as rompu l'engagement que tu avais pris envers ton serviteur ;

tu as souillé sa couronne en la jetant à terre.

41Tu as enfoncé tous ses murs de défense,

tu as mis en ruine ses fortifications.

42Tous les passants le dépouillent,

il est devenu la risée de ses voisins.

43Tu as rendu courage à ses ennemis,

tu as fait plaisir à ses adversaires.

44Tu as rendu ses armes inefficaces,[#89.44 Ou]

tu ne l'as pas soutenu dans la bataille.

45Tu lui as fait perdre sa splendeur,

tu as renversé son trône à terre.

46Tu as abrégé sa jeunesse,

tu l'as couvert d'humiliation. Pause

47Seigneur, te cacheras-tu encore longtemps ?

Jusqu'à quand seras-tu flambant de colère ?

(Psaumes 89.48-52)

C'est le temps d'agir !

Quand la situation paraît désespérée, pas d'autre solution que d'invoquer Dieu. Que le Seigneur n'oublie pas ses engagements ! Il connaît trop bien la fragilité de la vie humaine et sa brièveté, et il est à même de constater le déshonneur de la nation. Qu'il fasse quelque chose ! Et vite !

Le même cri continue de monter vers Dieu aujourd'hui. Nous sentons confusément que le mal et la souffrance portent atteinte à l'honneur de l'être humain tout autant qu'à l'honneur de Dieu. Mais lorsque nous prions pour que cela cesse, quel type d'intervention de la part de Dieu envisageons-nous ?

Sortir du tunnel

Avec l'exil à Babylone et la chute définitive de la monarchie issue du roi David (587 avant J.-C.), ce psaume, et plusieurs autres abordant le même thème, ont pris un sens nouveau et plus fort. Ils ont nourri l'espérance d'un messie envoyé par Dieu qui viendrait rétablir la puissance d'Israël, conformément aux promesses faites à David (2 Sam 7.12-16).

Les premiers chrétiens ont appliqué ces prophéties messianiques à Jésus, en insistant sur la nature très différente de son royaume (Jean 18.36).

48Souviens-toi de moi, la vie est si courte !

On dirait que tu as créé les humains pour les envoyer au néant !

49Y a-t-il un homme capable de vivre sans voir jamais sa fin,

ou d'arracher sa propre vie aux griffes de la mort ? Pause

50Seigneur, où sont passées tes bontés d'autrefois,

et les promesses que, dans ta fidélité, tu avais faites à David ?

51Seigneur, n'oublie pas le déshonneur

qui pèse sur tes serviteurs.

N'oublie pas que je porte la charge de tous ces gens.

52Tes ennemis, Seigneur,

jettent le déshonneur, oui le déshonneur

sur les pas du roi que tu as consacré.

53Merci au Seigneur, pour toujours !

Amen , oui, qu'il en soit bien ainsi !

Société biblique française – Bibli'O, 2004
Published by: French Bible Society