Nombres 11

Les Israélites à Tabééra

1Le peuple se plaignait amèrement en présence du Seigneur . Lorsque le Seigneur l'entendit, il se mit en colère ; un feu du Seigneur s'alluma parmi eux et dévora l'extrémité du camp.[#11.1 Cf. Ex 16 ; Dt 9.22 ; Jn 6.41ss. – litt. fut comme des gens qui se plaignent ; le terme évoque parfois des lamentations rituelles (Ez 8.14) ; cf. Lm 3.39 ; voir aussi Ex 15.24. Au lieu de on pourrait comprendre le peuple se plaignait, et cela déplut au ; cf. v. 10. – litt. aux oreilles, de même au v. 18. – (autre traduction le feu ) cf. v. 3 ; Ex 9.23 ; 19.18 ; Lv 10.2 ; 1R 18.38 ; 2R 1.10,12 ; Ps 78.21. – cf. Ex 33.7.]

2Le peuple cria vers Moïse. Moïse pria le Seigneur , et le feu s'apaisa.

3On appela ce lieu du nom de Tabééra (« Incendie »), parce que le feu du Seigneur s'était allumé parmi eux.[#11.3 litt. il appela (peut-être Moïse). – hébreu ba‘ar, apparenté à qui est pris ici dans le sens d’ toutefois ce nom pourrait aussi signifier pâturage, car le verbe correspondant a également le sens de manger, brouter (Ex 22.4) : cf. Dt 9.22s.]

Le peuple réclame de la viande

4Le ramassis de gens qui se trouvait au sein d'Israël fut rempli de désir, et les Israélites eux-mêmes recommencèrent à pleurer ; ils disaient : Qui nous donnera de la viande à manger ?[#11.4 Cf. 1Co 10.6. – le terme hébreu correspondant, probablement péjoratif, n'apparaît qu'ici ; voir Ex 12.38. – litt. en son sein . – ou convoitise, cf. v. 34. – autre traduction en outre, les Israélites… – cf. v. 1 ; Ex 16.2s ; et ont lu s'assirent et se lamentèrent ; d'autres comprennent se mirent à pleurer à haute voix, cf. v. 18 ; 14.1 ; Jg 20.26 ; Ps 137.1 ; Jb 2.12s ; Lm 2.10 ; Né 1.4. – autre traduction ah ! si nous avions . – cf. v. 18,21s ; Ex 16.3,8,12.]

5Nous nous souvenons des poissons que nous mangions pour rien en Egypte, des concombres, des melons, des poireaux, des oignons et de l'ail ![#11.5 V. 18,20 ; 14.2ss ; 16.12ss ; 20.2ss ; 21.5 ; Ex 14.11 ; 16.3 ; 17.1ss.]

6Maintenant, notre gosier est desséché : plus rien ! Nos yeux ne voient que de la manne.[#11.6 autre traduction nous sommes desséchés ; cf. 21.5 ; voir Gn 1.20.]

7Or la manne ressemblait à de la graine de coriandre ; elle avait l'apparence du bdellium.[#11.7 Ex 16.4,13ss,31 ; Dt 8.3 ; Ps 78.24s ; 105.40 ; Né 9.20. – litt. (était) comme ; LXX traduit au présent est comme . – Le est la gomme résineuse, jaunâtre, d'un arbre du Proche-Orient, cf. Gn 2.12.]

8Le peuple se dispersait pour la recueillir ; on la broyait au moulin ou on la pilait dans un mortier ; on la faisait cuire dans une marmite ou on en faisait des galettes. Elle avait le goût d'un biscuit à l'huile.[#11.8 le terme hébreu désigne le petit moulin à main, qui consistait en deux meules dont la plus petite tournait sur l'autre ; même terme en Ex 11.5 ; Dt 24.6 ; Es 47.2 ; Jr 25.10.]

9Quand la rosée descendait sur le camp, la nuit, la manne y descendait aussi.[#11.9 Ex 16.13.]

10Moïse entendit le peuple qui pleurait, chacun dans son clan, à l'entrée de sa tente. Le Seigneur se mit dans une grande colère, et cela déplut à Moïse.[#11.10 litt. dans ses clans (c.-à-d. dans les divers quartiers du camp) , chacun à l'entrée de sa tente . – litt. mauvais aux yeux de Moïse, cf. v. 1.]

11Moïse dit au Seigneur : Pourquoi me fais-tu du mal, à moi, ton serviteur ? Pourquoi n'ai-je pas trouvé grâce à tes yeux, que tu aies mis sur moi la charge de tout ce peuple ?[#11.11 Cf. Ex 32.11ss,31s ; 33.12ss ; 1R 19.4 ; Jr 20.7ss. – ou le fardeau, cf. v. 17 ; Jr 23.33ss.]

12Est-ce moi qui ai conçu tout ce peuple ? Est-ce moi qui l'ai engendré, pour que tu me dises : « Porte-le sur ton sein, comme la nourrice porte le nourrisson, jusqu'à la terre que tu as promise par serment à ses pères ! »[#11.12 Rt 4.16 ; cf. Gn 16.5. – ou le tuteur ; le terme hébreu correspondant désigne peut-être, plus particulièrement, celui ou celle qui s'occupe d'un bébé sans l'allaiter ( nourrice sèche ) ; même terme en 2R 10.1,5 ( précepteurs ) ; Es 49.23 ( nourriciers ) ; termes apparentés en 2S 4.4 ; Es 60.4 ( portées sur la hanche ) ; Pr 8.30 ; Rt 4.16 ; Est 2.7 ( tuteur ) ; cf. Dt 1.31 ; Os 11.3. – cf. Gn 2.5 ; 4.10. – cf. Gn 12.7 ; 13.15 ; 26.3 ; 28.13.]

13Où prendrai-je de la viande pour en donner à tout ce peuple ? Car ils pleurent auprès de moi, en disant : « Donne-nous de la viande à manger ! »

14Je ne peux pas, à moi seul, porter tout ce peuple : il est trop lourd pour moi.[#11.14 autre traduction c'est trop lourd, cf. Ex 18.18,22 ; Dt 1.9 ; 1R 3.9.]

15Puisque c'est ainsi que tu me traites, tue-moi donc, je t'en prie, si j'ai trouvé grâce à tes yeux, et que je n'aie plus à voir le malheur que tu m'infliges ![#11.15 Cf. Ex 32.32 ; 1R 19.4. – cf. Gn 18.3. – cf. 21.16 ; 44.34. – le texte hébreu traditionnel porte mon malheur ou mon mal ; mais d'après une tradition juive le texte original aurait porté ton mal, et les scribes l'auraient modifié par déférence pour Dieu.]

16Le Seigneur dit à Moïse : Rassemble-moi soixante-dix des anciens d'Israël, de ceux que tu connais comme anciens et secrétaires du peuple ; amène-les à la tente de la Rencontre ; qu'ils se tiennent là, debout, avec toi.[#11.16 sur les cf. v. 24s ; Ex 18.13ss ; 24.1ss ; Dt 1.9ss ; voir aussi Ex 3.18 ; 4.29 ; 17.5 ; 24.1s,9ss ; Lv 9.1 ; Nb 16.25 ; Dt 19.12 ; 21.3ss,18ss ; 22.15ss ; 25.7s ; Jos 7.6 ; 8.10 ; 9.11 ; Jg 8.14 ; 1S 30.26ss ; 2S 3.17 ; 5.3 ; 2R 23.1 ; Ez 8.1 ; 14.1 ; 20.1ss ; Esd 10.8,14 ; sur le nombre voir Ex 1.5 ; Jg 1.7 ; 1S 6.19 ; Lc 10.1. – ou : cf. Ex 5.6 ; Dt 1.15. – 1.1 ; 7.89 ; cf. 8.24ss ; Ex 33.7ss.]

17Je descendrai, et là je te parlerai ; je retirerai un peu du souffle qui est sur toi et je le mettrai sur eux, pour qu'ils portent avec toi la charge du peuple et que tu ne la portes plus tout seul.[#11.17 ou v. 29 ; le même mot est traduit par vent au v. 31. – Vg en toi, de même au v. 25 ; cf. 2R 2.9. – v. 11 ; cf. Ex 18.22.]

18Au peuple, tu diras : Consacrez-vous pour demain, et vous mangerez de la viande, puisque vous avez pleuré en présence du Seigneur , en disant : « Qui nous donnera de la viande à manger ? Nous étions si bien en Egypte ! » Le Seigneur vous donnera de la viande, et vous en mangerez.[#11.18 cf. Ex 19.10ss,22 ; Jos 3.5 ; voir aussi 1Co 11.27-32. – v. 4. – (litt. aux oreilles ) cf. v. 1.]

19Vous en mangerez, non pas un jour, ni deux jours, ni cinq jours, ni dix jours, ni vingt jours,

20mais un mois entier, jusqu'à ce qu'elle vous sorte par les narines et que vous l'ayez en dégoût, puisque vous avez rejeté le Seigneur qui est parmi vous et que vous avez pleuré devant lui en disant : « Pourquoi donc sommes-nous sortis d'Egypte ? »[#11.20 litt. jusqu'à un mois de jours, cf. Ex 16.12. – autre traduction méprisé.]

21Moïse dit : Le peuple qui m'entoure forme une infanterie de six cent mille hommes, et toi, tu as dit : « Je leur donnerai de la viande, et ils en mangeront un mois entier ! »[#11.21 litt. au sein duquel je suis . – cf. 1.46+ ; Ex 12.37.]

22Egorgera-t-on pour eux du petit bétail et du gros bétail, pour qu'ils en aient assez ? Rassemblera-t-on pour eux tous les poissons de la mer, pour qu'ils en aient assez ?[#11.22 Cf. 2R 4.43 ; Mt 14.17/ / ; 15.33/ /.]

23Le Seigneur répondit à Moïse : Le bras du Seigneur serait-il trop court ? Tu verras maintenant si ce que je t'ai dit arrive ou non.[#11.23 autre traduction la main… trop courte Es 50.2 ; 59.1.]

Dieu communique son souffle aux soixante-dix anciens

24Moïse sortit dire au peuple les paroles du Seigneur . Il rassembla soixante-dix des anciens du peuple et les plaça, debout, autour de la tente.[#11.24 V. 16s.]

25Le Seigneur descendit dans la nuée et lui parla ; il retira un peu du souffle qui était sur lui et le mit sur les soixante-dix anciens. Dès que le souffle se posa sur eux, ils se mirent à faire les prophètes ; mais ils ne continuèrent pas.[#11.25 cf. 9.15+ ; 12.5 ; Ex 33.9 ; 34.5. – voir . – le verbe hébreu correspondant, traditionnellement rendu par prophétiser, n'évoque sans doute pas ici un simple discours, mais un comportement insolite, une sorte de transe ou d'extase ; cf. v. 29+ ; 24.2s ; 1S 10.5-13 ; 18.10 ; 19.20-24 ; 1R 22.8ss ; 2R 2.9ss ; Jl 3.1 ; Ac 2.3. – autre traduction ils ne recommencèrent pas.]

26Deux hommes, l'un nommé Eldad, l'autre Médad, étaient restés dans le camp ; le souffle se posa sur eux – ils étaient parmi les inscrits, mais ils n'étaient pas sortis vers la tente. Ils se mirent à faire les prophètes dans le camp.

27Un jeune homme courut dire à Moïse : Eldad et Médad font les prophètes dans le camp ![#11.27 litt. le jeune homme ou (autre sens possible du même mot) le serviteur.]

28Josué, fils de Noun, qui était auxiliaire de Moïse depuis sa jeunesse, s'écria : Moïse, mon seigneur, empêche-les ![#11.28 Ex 17.9+ ; Jos 1.1. – cf. Mc 9.38/ / ; 1Th 5.19.]

29Moïse lui répondit : Tu es jaloux pour moi ? Ah ! si tout le peuple du Seigneur était composé de prophètes, si le Seigneur mettait son souffle sur eux ![#11.29 Cf. v. 16s,25 ; Ex 19.6 ; Es 44.3 ; Jr 24.7 ; 31.33 ; Ez 11.19 ; 36.26s ; 39.29 ; Jl 3.1 ; Né 9.20 ; Ac 2.16ss ; 1Co 12.4ss ; 14.5 ; Ga 4.6 ; Ep 4.3s. – le terme hébreu correspondant évoque la passion jalouse, dans un sens positif ou négatif ; cf. 5.14ss ; 25.11ss ; Ex 20.5.]

30Sur quoi Moïse se retira dans le camp, lui et les anciens d'Israël.

Qibroth-Taava : les cailles

31Il se leva un vent, venu du Seigneur , qui amena des cailles de la mer et les rabattit sur le camp et autour du camp, jusqu'à une journée de marche d'un côté et une journée de marche de l'autre côté. Il y en avait deux coudées au-dessus de la terre.[#11.31 v. 17,23 ; cf. Ex 10.13,19 ; 14.21 ; Ps 104.4. – comme d'autres oiseaux migrateurs, elles arrivent souvent épuisées dans le désert après un voyage au-dessus de la Ex 16.4,6ss,13 ; Ps 78.26ss ; 105.40 ; cf. 19.11s : « Ils virent une toute nouvelle génération d'oiseaux lorsque, poussés par le désir, ils réclamèrent des mets délicats et que, pour leur réconfort, des cailles montèrent de la mer. » – autre traduction environ une journée de marche . – autre traduction environ deux coudées, c.-à-d. près d'un mètre ; voir .]

32Pendant tout ce jour-là, toute la nuit et toute la journée du lendemain, le peuple ramassa les cailles ; chacun en ramassa au moins dix homers. Ils les étendirent autour du camp.[#11.32 litt. celui qui en avait le moins en ramassa dix homers, soit environ 4 m ; cf. Ex 16.18. – pour les faire sécher, afin de les conserver.]

33Comme la viande était encore entre leurs dents, avant qu'ils l'aient mâchée, le Seigneur se mit en colère contre le peuple ; le Seigneur frappa le peuple d'un très grand fléau.[#11.33 litt. un très grand coup, cf. 14.37 ; 17.11 ; Lv 26.21 ; Dt 28.59,61 ; 29.21 ; 1S 4.8,10 ; Ap 16.21 ; voir Ps 78.30s.]

34On appela ce lieu du nom de Qibroth-Taava (« Tombeaux du désir »), parce qu'on y ensevelit le peuple rempli de désir.[#11.34 est compris ici au sens de (même mot au v. 4 et en Ps 78.30s) ; cf. Nb 33.16s ; Dt 9.22.]

Miriam frappée de la « lèpre »

35De Qibroth-Taava le peuple partit pour Hatséroth ; il s'arrêta à Hatséroth.[#11.35 signifie enclos (au pluriel) ; cette localité est inconnue ; 12.16 ; 33.17s ; Dt 1.1.]

Nouvelle Bible Segond © Société biblique française-Bibli'O, 2002 Première édition de la Bible d’étude : sous la direction de Henri Blocher, Jean-Claude Dubs†, Mario Echtler†, Jean-Claude Verrecchia, coordination Didier Fougeras.
Published by: French Bible Society