Baruc 4

1La sagesse est dans le livre des commandements de Dieu,

c'est la Loi, qui est éternelle.

Quiconque la saisit va vers la vie,

quiconque la délaisse va vers la mort.

2Demi-tour, descendants de Jacob !

Emparez-vous d'elle ;

en route vers la clarté, à sa lumière !

3Ne livrez pas à d'autres

votre glorieux privilège,

ne laissez pas votre avantage

à un peuple étranger.

4Heureux sommes-nous, gens d'Israël,

car nous savons ainsi

tout ce qui plaît à Dieu !

CONSOLATION DU PEUPLE DE DIEU

Les exilés doivent reprendre courage

Courage !

(4.5-8)

Baruc reprend l'idée de rétribution et dénonce l'idolâtrie comme cause du désastre. Toutefois son but n'est pas d'affliger le peuple, mais de réveiller l'espérance. Celle-ci va s'appuyer sur une double image qui présente Dieu comme un père et Jérusalem comme une mère nourricière (v. 8).

5Courage, mon peuple,

toi qui maintiens le nom d'Israël !

6Vous avez été vendus aux païens,

mais ce n'était pas pour vous exterminer.

Si Dieu vous a livrés à vos ennemis,

c'est que vous aviez excité sa colère.

7Vous avez offert des sacrifices

non pas à lui mais à des faux dieux

et provoqué ainsi Celui qui vous a faits.

8Vous aviez oublié le Dieu éternel,

celui qui vous avait élevés,

et vous aviez profondément peiné

votre mère nourricière, Jérusalem.

9Celle-ci a vu comment Dieu

manifestait contre vous sa colère

et elle s'est écriée :

« Écoutez-moi, villes voisines de Sion ,

Dieu m'a frappée d'un grand malheur.

Hélas, mes enfants !

(4.9-16)

A travers une douloureuse plainte sur son veuvage et sur la perte de ses enfants, Jérusalem va réaffirmer la force et la permanence de son lien avec les exilés.

10J'ai dû voir comment Dieu, l'Éternel,

imposait à mes fils et à mes filles

de partir pour l'exil.

11J'avais eu tant de joie à les élever !

Et j'ai eu tant de chagrin et tant de peine

à les laisser partir !

12Que personne ne se réjouisse

de me voir veuve et privée de tous mes enfants !

Me voilà réduite à la solitude

par la faute de mes enfants

qui se sont écartés de la loi de Dieu.

13Ils n'ont pas accepté ses commandements,

ils ne se sont pas conduits comme il l'ordonnait,

ils n'ont pas suivi le droit chemin

que Dieu leur montrait.

14Venez voir, vous les voisines de Sion,

souvenez-vous que Dieu, l'Éternel,

a condamné mes fils et mes filles

à partir pour l'exil.

15Il a dirigé contre eux

un peuple venu de loin,

un peuple sans gêne, au langage étrange,

des gens qui n'ont aucun respect pour les vieillards,

aucune pitié pour les enfants.

16Ils ont emmené les fils chéris de la veuve,

ils l'ont laissée seule, privée de ses filles. »

Jérusalem rend courage à ses enfants

Revenez-moi, je vous attends !

(4.17-24)

En tant que mère, Jérusalem demande à ses enfants de ne pas se résigner à l'exil ; elle les invite plutôt à crier vers Dieu comme elle le fait elle-même. Elle encourage les exilés à espérer le retour, tout en les exhortant à rester fidèles à Dieu et à Jérusalem.

17Mes enfants, comment puis-je vous venir en aide ?

18Celui qui vous a infligé ces malheurs

vous sauvera des griffes de vos ennemis.

19Mes enfants, allez, en route !

Moi, je reste ici, abandonnée, solitaire.

20J'ai quitté ma robe des jours heureux

et revêtu le vêtement des suppliants.

Je passe ma vie à crier au secours

vers Dieu, vers l'Éternel.

21Courage, mes enfants,

appelez Dieu à grands cris,

et il vous arrachera à l'oppression,

aux griffes de l'ennemi !

22Moi, j'espère en Dieu, en l'Éternel,

je compte qu'il vous délivrera.

Lui, l'unique vrai Dieu, m'a donné cette joie :

je sais que bientôt votre éternel Sauveur

aura pitié de vous.

23J'avais eu tant de peine et de chagrin

à vous laisser partir !

Mais Dieu vous rendra à moi pour toujours,

parmi les bruits de fête et les cris de joie.

24Aujourd'hui mes voisines le voient bien :

vous êtes en exil.

Mais elles verront bientôt la délivrance

que l'Éternel votre Dieu vous apportera

avec sa grande et glorieuse présence.

25Mes enfants, supportez patiemment

les effets de la colère de Dieu.

L'ennemi vous persécute,

mais vous le verrez bientôt abattu

et vous poserez votre pied sur son cou.

Persévérance !

(4.25-29)

Lorsqu'un malheur survient, la tentation est forte de baisser les bras, de perdre confiance et de s'éloigner du Seigneur. L'auteur appelle plutôt à la persévérance, même au cœur d'épreuves apparemment insurmontables. La détresse vécue dans l'instant présent ne saurait être le dernier mot de Dieu.

26Mes fragiles enfants, vous êtes partis

sur un rude chemin : on vous a enlevés

comme du bétail volé par des ennemis.

27Mais courage, mes enfants !

Appelez Dieu à grands cris :

lui qui vous a déportés

ne peut vous avoir oubliés.

28Vous aviez eu la pensée

de vous écarter du chemin de Dieu.

Eh bien, faites maintenant dix fois plus d'efforts

pour vous tourner vers lui et chercher sa présence.

29Lui qui vous a infligé ces malheurs,

il viendra vous sauver,

vous apportant ainsi une joie éternelle.

Jérusalem doit reprendre courage

Malheur au vainqueur !

(4.30-35)

Le livre de Baruc s'ouvrait sur une invitation à prier pour le roi de Babylone. On retrouve ici le ton, plus classique, de la malédiction prophétique sur les ennemis, comme pour renforcer la bénédiction qui s'adresse à Jérusalem. Si Baruc écrit au 2e siècle avant J.-C., cette malédiction vise aussi les rois grecs opprimant Israël à cette époque.

30Jérusalem, courage !

Dieu qui t'a prise à son service

va te consoler.

31Ceux qui t'ont fait du mal

et se sont réjouis de te voir tomber,

ceux-là seront bien malheureux.

32Malheureuses aussi les villes

qui ont utilisé tes enfants comme esclaves ;

malheureuse surtout la ville

qui s'est emparée d'eux !

33Autant elle s'était réjouie

de te voir tombée à terre

et s'était félicitée de ton malheur,

autant elle se désolera

d'être elle-même dévastée.

34Elle perdra sa joie

d'être une des villes les plus peuplées

et son insolence se changera en deuil.

35L'Éternel enverra sur elle

un feu qui la détruira pour longtemps.

Et pendant plus longtemps encore

elle sera la demeure des démons.

36Jérusalem, jette un regard

du côté du soleil levant

et vois quelle joie Dieu t'apporte.

Bonheur pour Jérusalem !

(4.36–5.9)

Comme dans le livre d'Ésaïe (És 60.4-961.3-10), Jérusalem reçoit ici une vision merveilleuse concernant l'avenir : les exilés reviendront et elle sera rétablie à la face du monde.

La métaphore du vêtement splendide qui remplace le vêtement de deuil (4.20 ; on peut lire dans le vocabulaire Déchirer ses vêtements ) signifie que Jérusalem retrouve sa vocation. La ville montrera à la terre entière que le Dieu unique est présent dans l'histoire humaine.

37Regarde tes fils arriver,

eux que tu avais dû laisser partir.

Ils arrivent de partout, de l'est à l'ouest,

rassemblés à la voix de l'unique vrai Dieu,

tout joyeux d'être accompagnés

de la glorieuse présence de Dieu.

Société biblique française – Bibli'O, 2004
Published by: French Bible Society