Ésaïe 14

Le retour des exilés

1Oui, le Seigneur montrera qu'il aime les descendants de Jacob, il montrera encore qu'il a choisi Israël. Il réinstallera les siens sur leur territoire, les immigrés se joindront à eux et s'associeront au peuple de Jacob.

La fin de la déportation

(14.1-4a)

La prise de Babylone par les Perses amena aussi la fin de la déportation et rendit possible le retour des Judéens dans leur pays. L'originalité de ce texte réside dans le retournement complet de la situation : le peuple libéré devient le maître de ceux qui le dominaient.

L'apôtre Paul a repris cette image pour expliquer que le croyant reçoit de Dieu la capacité de dominer le péché (Rom 6.6-7).

2Les peuples étrangers devront se charger de ramener Israël dans sa patrie. Et là, sur le sol qui appartient au Seigneur, Israël prendra possession d'eux comme esclaves, hommes et femmes. Il gardera prisonniers ceux qui l'avaient fait prisonnier, il sera le maître de ceux qui le dominaient.

La fin du roi de Babylone

3Israël, quand le Seigneur t'aura rendu la tranquillité après tant de souffrances et de tourments, après le dur esclavage auquel tu as été soumis,

4tu entonneras ce chant satirique sur le roi de Babylone :

La fin du tyran

(14.4b-8)

Bien que l'introduction et la conclusion de ce poème (v. 4b-21) appliquent le chant satirique au roi de Babylone, le texte peut évoquer la mort de tout autre tyran, quel qu'il soit.

La disparition du dictateur est attribuée au Seigneur, qui a brisé son pouvoir. Le peuple retrouve ainsi la paix et laisse éclater sa joie.

Comment est-ce possible ?

C'est la fin du dictateur,

la fin de l'oppression !

5Le Seigneur a brisé

le pouvoir féroce, le bâton de tyran,

6qui portait aux peuples

des coups furieux et incessants,

domptait rageusement les nations

et les persécutait

sans la moindre retenue.

7La terre tout entière

a enfin trouvé le calme,

on éclate en cris de joie.

8Les arbres aussi se réjouissent

de la fin du tyran.

Les cyprès lui disent,

avec les cèdres du Liban :

« Depuis que tu es dans la tombe,

on ne monte plus nous abattre. »

9En bas, dans le monde des morts,

La descente au séjour des morts

(14.9-15)

Ce chant satirique, superbement écrit, montre que toute tyrannie est renversée un jour ou l'autre. Ceux qui s'enivraient de leur pouvoir se retrouvent anéantis. Ceux qui se prenaient pour des dieux sont livrés à la vermine et tombent dans l'oubli. Personne ne peut durablement construire sa gloire sur l'abaissement des autres.

on s'agite à cause de toi, tyran,

en prévision de ta venue.

Pour toi on réveille les ombres,

tous ceux qui avaient été

de grands chefs sur la terre ;

on fait lever de leur trône

tous les rois des nations.

10Ils prennent tous la parole

et te disent :

« Toi aussi, te voilà sans force,

dans le même état que nous ! »

11Ton luxe a été jeté

au fond du monde des morts,

au son de tes harpes.

Ton matelas, c'est la pourriture,

et ta couverture, la vermine.

12Comment est-ce possible ?

Te voilà tombé du haut du ciel,

toi l'astre brillant du matin !

Te voilà jeté à terre,

toi le vainqueur des nations !

13Tu te disais :

« Je monterai jusqu'au ciel,

je hisserai mon trône

plus haut que les étoiles de Dieu,

je siégerai sur la montagne

où les dieux tiennent leur conseil,

à l'extrême nord.

14Je monterai au sommet des nuages,

je serai l'égal du Dieu très-haut. »

15Mais c'est au monde des morts,

jusqu'au fond de la fosse,

que tu as dû descendre.

16Ceux qui t'y voient venir

Le roi déchu

(14.16-23)

Alors que les rois aimés reposent habituellement au milieu de leur peuple, le tyran, une fois mort, est abandonné comme une charogne. Les v. 22-23 élargissent la portée de ce poème à toute la ville de Babylone, mais ce texte peut aussi s'appliquer aux dictateurs de toutes les époques, renversés, rejetés, et dont le peuple ne veut même plus rappeler la mémoire.

t'observent attentivement,

ils te regardent fixement :

« Est-ce bien ça, demandent-ils,

l'homme qui faisait trembler la terre,

mettait à mal les royaumes,

17changeait le monde en désert,

rasait les villes

et refusait de libérer ses prisonniers ? »

18Tous les rois des nations, oui tous

ont l'honneur de reposer

chacun dans son tombeau.

19Mais toi, tu es jeté dehors,

on t'a privé de tombe,

comme un enfant mort-né

qui fait horreur,

comme un cadavre piétiné.

Tu es couvert de tués,

de gens massacrés.

Ils sont descendus jusqu'aux dalles

qui pavent le fond de la fosse,

20mais tu ne les rejoindras pas

au cimetière,

car tu as ruiné ton pays,

tu as saigné ton peuple.

Plus jamais on ne prononcera

le nom de ta race criminelle.

21Préparez le massacre des fils

pour les crimes de leurs pères,

de peur qu'ils ne se relèvent

pour reconquérir la terre

et la couvrir de villes.

22« Je me dresserai contre les Babyloniens, déclare le Seigneur de l'univers, je supprimerai le nom de Babylone, et toute trace d'elle, toute descendance.

23Je ferai d'elle un marécage, le domaine des butors. Je l'éliminerai à grands coups de balai, déclare le Seigneur de l'univers. »[#14.23 : genre de héron ; autre traduction]

La fin de toutes les oppressions

24Le Seigneur de l'univers

Libérés du fardeau

(14.24-27)

Cette brève déclaration contre la domination assyrienne donne un caractère universel à la décision du Seigneur. Ce dernier a fait le serment irrévocable de briser toute puissance qui asservit son peuple. La portée de ce serment s'étend également au monde entier.

a fait ce serment :

« Je le jure, ce que j'ai prévu,

c'est ce qui arrivera ;

ce que j'ai décidé,

voilà ce qui se produira !

25Je briserai la puissance assyrienne

dans mon propre pays ;

sur mes montagnes je la piétinerai.

Elle imposait aux miens

le joug de sa domination,

je la ferai disparaître.

Elle avait chargé leurs épaules

d'un fardeau pesant,

je les en débarrasserai. »

26Telle est la décision

que le Seigneur a prise

pour toute la terre,

et la menace qu'il adresse

à toutes les nations.

27Quand le Seigneur de l'univers

a pris une décision,

qui pourrait la faire échouer ?

Quand il menace du poing,

qui pourrait l'en détourner ?

Avertissement aux Philistins

28Ce message date de l'année où mourut le roi Ahaz.[#14.28 Mort du roi : voir 2 Rois 16.20 ; 2 Chron 28.27. La date est discutée. Certains la fixent vers 716 avant J.-C. La seconde partie du v. 29 serait alors une sorte de tournure proverbiale suggérant que tout va de mal en pis (voir Amos 5.19). Selon d'autres Ahaz serait mort vers 727. La fin du v. 29 désignerait alors, sous une forme symbolique, les successeurs du roi assyrien Téglath Phalasar III, mort lui aussi vers cette époque.]

La Philistie périra

(14.28-32)

Cette menace, adressée aux Philistins, fait allusion aux invasions assyriennes qui déferlèrent sur la Philistie ainsi que sur Israël et Juda à la fin du 8e siècle avant J.-C.

Le passage exprime un avenir très funeste pour le pays des Philistins. Grâce au Seigneur, Juda, trouvera repos et sécurité à Sion, un nom qui désigne la colline sur laquelle est bâtie Jérusalem.

29Vous tous, Philistins,[#14.29 Sur les voir Jér 47.1-7 ; Ézék 25.15-17 ; Joël 4.4-8 ; Amos 1.6-8 ; Soph 2.4-7 ; Zach 9.5-7.]

le bâton qui vous frappait

a beau être brisé,

ne vous en réjouissez pas.

Car du cadavre du serpent

naîtra un autre serpent

plus dangereux encore,

et de son œuf sortira

un dragon volant.

30Les plus misérables seront alors

comme un troupeau au pâturage,

les malheureux auront enfin

repos et sécurité.

Mais toi, Philistie,

l'ennemi te fera dépérir

jusqu'à la racine en t'affamant,

il massacrera tes survivants.

31Vous, les villes fortifiées,

entonnez une complainte

et poussez des cris.

L'ensemble de la Philistie

a perdu tout courage :

un nuage de fumée

arrive en effet du nord.

Chez l'ennemi, personne

n'est absent au rassemblement.

32Que faut-il répondre

aux envoyés des Philistins ?

– Ceci : le Seigneur lui-même

a fondé Sion ;

c'est là que les pauvres de son peuple

trouveront un refuge sûr.

Société biblique française – Bibli'O, 2004
Published by: French Bible Society