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1Laissez-moi chanter quelques couplets au nom de mon ami ; c'est la chanson de mon ami et de sa vigne.
La vigne est signe de prospérité et de joie de vivre. La Bible compare souvent le peuple de Dieu à une vigne fertile (Jér 2.2112.10).
Cette allégorie illustre le rôle que joue le prophète entre Dieu et son peuple. L'ami du propriétaire de la vigne chante l'amour de ce dernier pour sa vigne. De même, le prophète est l'ami de Dieu et il peut dire son amour pour son peuple. Mais il doit aussi annoncer la déception de Dieu, lorsque son peuple ne donne pas les fruits espérés, c'est-à-dire le respect du droit et la loyauté. Dans le conflit qui oppose Dieu à son peuple, les gens de Juda sont appelés à discerner qui est fidèle à son engagement et qui ne l'est pas. Chacun peut faire le bilan de son amour envers Dieu : quels fruits a-t-il portés ?
Dans son enseignement, Jésus a souvent repris l'allégorie de la vigne : il se présente lui-même comme la vigne que Dieu aime et qui produit les meilleurs fruits (Jean 15.1-11Matt 21.33-46).
Mon ami avait une vigne
sur un coteau fertile.
2Il en avait travaillé la terre,
enlevé les pierres ;
il y avait mis un plant de choix,
bâti une tour de guet
et creusé un pressoir.
Il espérait que sa vigne
produirait de beaux raisins,
mais elle n'a rien donné de bon.
3« Eh bien, dit mon ami,
vous qui habitez Jérusalem,
vous les gens de Juda,
c'est à vous de juger
entre ma vigne et moi.
4Que faire de plus pour elle,
que je n'aie déjà fait ?
J'espérais d'elle de beaux raisins,
elle n'a rien donné de bon. Pourquoi ?
5Maintenant, je veux vous dire
ce que je vais faire à ma vigne :
J'arracherai la haie qui l'entoure,
et les troupeaux y brouteront.
J'abattrai son mur de clôture,
et les passants la piétineront.
6Je ferai d'elle un terrain vague :
personne pour la tailler,
personne pour l'entretenir ;
épines et ronces y pousseront,
et j'interdirai aux nuages
de laisser tomber la pluie sur elle. »
7La vigne du Seigneur de l'univers,
c'est la nation d'Israël.
La plantation qui lui plaisait tant,
c'est le peuple de Juda.
Le Seigneur espérait d'eux
qu'ils respecteraient le droit,
mais c'est partout
injustice et passe-droit ;
il escomptait la loyauté,
mais c'est partout
cris de détresse et déloyauté.
8Quel malheur de voir ces gens
Avec beaucoup de lucidité, le prophète décrit les actions de ses contemporains : ils volent les terres de leurs voisins (v. 8), ils mentent (v. 18), ils renversent les valeurs (v. 20), ils corrompent et falsifient le droit (v. 23), ils ne vivent que pour l'orgie (v. 11-12, 22). Ces calamités sociales sont la conséquence de la distance prise avec l'enseignement du Seigneur. Lorsqu'on perd le sens de la sainteté de Dieu, on perd souvent aussi le respect du prochain.
Le malheur interne au peuple est accru par les conflits externes. Les événements politiques, à plus ou moins long terme, vont emporter le peuple vers la catastrophe. Le pays sera dévasté, la population déportée. Cette situation est l'œuvre du Seigneur, c'est la conséquence du rejet de sa Parole.
La Bible emploie souvent des expressions qui annoncent le malheur. Jésus lui-même les prendra à son compte (Matt 23.13-29Luc 6.24-26). Quand elles sont traduites par : « Malheur à vous… », elles peuvent donner à penser que le prophète – ou Jésus – souhaite du mal à ses interlocuteurs ou les maudit. Le sens exact est bien plutôt celui que répètent ici les v. 18, 20-22 : « Quel malheur de voir ces gens… » Le porte-parole de Dieu exprime sa tristesse de voir ce que vont produire des comportements insensés et injustes (És 24.16). Jésus demande expressément de ne pas maudire mais plutôt de souhaiter que les gens qui font le mal en viennent à changer de comportement (Luc 6.28).
qui ajoutent une maison à une autre
et annexent champ après champ !
A la fin, ils ont pris toute la place,
il n'y a plus qu'eux dans le pays.
9J'ai entendu le Seigneur de l'univers
faire ce serment : « Je le jure,
toutes ces maisons seront dévastées,
ces grandes et belles demeures
resteront vides d'habitants.
10Trois hectares de vigne
ne produiront pas cinquante litres de vin ;
et qui sème cent kilos de blé
n'en récoltera que dix. »
11Quel malheur de voir ceux qui
dès le matin se ruent sur les boissons fortes,
et tard le soir encore s'échauffent avec du vin !
12Ils s'enivrent au son des harpes et des lyres,
des tambourins et des flûtes.
Mais ils ne remarquent pas
que le Seigneur agit,
ils ne regardent pas ce qu'il fait.
13C'est pourquoi le Seigneur déclare :
« Mon peuple sera déporté,
car il n'a rien compris.
Ses élites mourront de faim,
ses masses populaires dépériront de soif. »
14La Mort a ouvert tout grand sa gueule,
elle l'agrandit démesurément.
Nobles et petit peuple de Jérusalem
y tomberont en pleine fête.
15C'est pourquoi tous les hommes
devront s'incliner
et mordre la poussière.
L'homme au regard hautain
devra baisser les yeux.
16Le Seigneur de l'univers montrera sa grandeur
en instaurant le droit ;
l'unique vrai Dieu montrera qu'il est Dieu
en établissant son ordre.
17Dans les ruines de la ville,
les moutons paîtront
comme dans leur pâturage,
et les chevreaux qu'on engraisse
y chercheront leur nourriture.
18Quel malheur de voir ces gens
attelés au crime
par les cordes du mensonge !
Comme on traîne un chariot,
ils traînent derrière eux
les suites de leur faute.
19Ils disent en effet :
« Vite, vite que se réalise
ce que le Seigneur doit faire,
nous voudrions voir ça !
Que le plan du Dieu d'Israël, le vrai, l'unique,
arrive à échéance,
nous aimerions le connaître ! »
20Quel malheur de voir ces gens
qui déclarent bien ce qui est mal,
et mal ce qui est bien !
Ils prétendent clair ce qui est sombre,
et sombre ce qui est clair.
De ce qui est doux
ils font quelque chose d'amer,
et de ce qui est amer
quelque chose de doux.
21Quel malheur de voir ces gens
qui se prennent pour des sages
et qui se croient intelligents !
22Quel malheur de voir ces gens
qui sont des champions pour boire,
des virtuoses pour préparer
des boissons corsées !
23Ils acquittent le coupable
en échange d'un cadeau,
et ne veulent rien savoir
du bon droit de l'innocent.
24C'est pourquoi ils auront le sort
de la paille qu'on brûle sur pied,
ou de l'herbe sèche
qui se consume dans les flammes.
Ils pourriront par la racine,
leur tige tombera en poussière,
car ils ont méprisé l'enseignement
du Seigneur de l'univers,
ils ont dédaigné la parole
de l'unique vrai Dieu, le Dieu d'Israël.
25C'est pourquoi le Seigneur
Dieu est blessé par l'infidélité de son peuple. Il exprime son indignation et sa colère devant le gâchis humain dont le peuple se rend coupable. La Bible appelle souvent « colère » cette immense déception de Dieu (Jean 3.36Marc 3.5Apoc 6.16).
fit éclater son indignation
contre son peuple.
Il l'a menacé du poing et l'a frappé.
Les montagnes en ont tremblé ;
les cadavres des victimes
restent sur place dans les rues
comme des ordures.
Mais la colère du Seigneur
ne cesse pas pour autant,
et son poing reste menaçant.
26Le Seigneur dresse un signal
Le prophète brandit la menace d'une invasion assyrienne. A l'époque d'Ésaïe, l'Assyrie domine la région, depuis le conquérant Téglath Phalasar III (745-727) jusqu'à Sennakérib (704-681). Les mentalités et l'interprétation de l'histoire en sont restées profondément marquées : comment penser Dieu autrement qu'en lien avec cette histoire ? Pour démontrer la puissance de Dieu, le prophète le désigne souvent comme l'auteur direct et premier de tout ce qui arrive (v. 26 ; 6.10).
pour des nations lointaines ;
il siffle pour faire venir cette troupe
depuis le bout du monde.
La voilà qui se hâte
et arrive au plus vite.
27Il n'y a personne chez elle
qui se sente fatigué,
personne qui traîne les pieds,
personne qui somnole,
personne qui s'endorme ;
aucun ceinturon n'est débouclé,
aucun lacet desserré.
28Ses flèches sont aiguisées,
ses arcs prêts à tirer.
Les sabots de ses chevaux
sont durs comme un silex,
et les roues de ses chars
font penser à un tourbillon.
29On croit entendre
le rugissement d'une lionne,
le cri rauque d'un fauve,
qui gronde, saisit sa proie
et la met en lieu sûr,
sans que personne ose la lui arracher.
30Un de ces jours cependant,
c'est contre cette nation
que le tonnerre grondera,
comme la mer en colère.
On regardera le pays,
mais on n'y verra
qu'une obscurité oppressante ;
d'épais nuages obscurciront
la lumière du jour.