Ésaïe 47

L'abaissement de Babylone

1Babylone ,[#47.1 : Comparer 13.1 et la note.]

Complainte sur la chute de Babylone

(47.1-15)

Dans ce poème, le prophète se moque de la chute de Babylone, qu'il compare à une personne. La situation est d'autant plus réjouissante que Babylone avait traité avec cruauté les exilés et qu'elle croyait détenir un pouvoir absolu. L'intervention de Dieu contre elle aura plusieurs conséquences tragiques : comme une femme abandonnée, elle n'aura plus d'enfants, elle connaîtra le veuvage, c'est-à-dire l'absence de protection et d'avenir ; elle sera aussi soumise à l'esclavage.

Le v. 10 souligne que le pouvoir de Babylone s'appuie sur des pratiques maléfiques. Pour le prophète, cette puissance absolue repose, non sur des fondements matériels comme la richesse ou la force militaire, mais sur des réalités de type spirituel, comme la magie, la sorcellerie, les sorts, l'astrologie. Toutes ces pratiques occultes ne servent à rien contre Dieu, ni contre le jugement, symbolisé par l'image du feu (v. 14) que Dieu fait venir sur Babylone.

reconnais ta déchéance

et assieds-toi dans la poussière,

déclare le Seigneur.

Oui, assieds-toi par terre,

car tu n'es plus la reine,

tu as perdu tes titres

de “Babylone la jolie”,

“Babylone la raffinée”.

2Prends les deux meules du moulin

et prépare la farine.

Dévoile ton visage,

relève les pans de ta robe

et découvre tes jambes

pour passer la rivière.

3Renonce à ta pudeur

et laisse donc voir

ce que tu caches avec gêne.

Je vais prendre ma revanche

sans que personne s'y oppose,

4dit celui qui prend en mains

la cause de son peuple.

Son nom : le Seigneur de l'univers,

l'unique vrai Dieu, le Dieu d'Israël.

5Assieds-toi en silence, Babylone,

cache-toi dans l'obscurité,

car tu as perdu ton titre

de “Maîtresse des empires”.

6J'étais indigné contre mon peuple.

Alors j'ai déshonoré

ceux qui m'appartenaient

et je te les ai livrés.

Mais tu les as traités sans aucune pitié,

tu as écrasé le vieillard

sous le poids de ton joug .

7Tu te prétendais éternelle,

maîtresse du monde pour toujours,

mais tu n'as pas réfléchi à ce qui se passait,

tu n'as pas pensé à ce qui allait arriver.

8Écoute donc maintenant,

toi, l'amie des plaisirs,

bien tranquillement assise,

toi qui te disais :

« Je suis incomparable, moi !

Je ne risque pas d'être veuve

ni de perdre mes enfants. »

9Eh bien, soudain, en un seul jour,

ces deux malheurs te surprendront :

d'un seul coup tu perdras tes enfants

et tu deviendras veuve.

Et cela t'arrivera

malgré toutes les précautions

de tes sorciers et magiciens.

10Tu mettais ta confiance

dans tes pratiques maléfiques.

« Personne ne me voit », disais-tu.

Mais ton prétendu savoir-faire

et ta prétendue science

t'ont mis la tête à l'envers

et t'ont fait dire :

« Je suis incomparable, moi ! »

11Oui, un malheur va t'arriver,

que tu ne sauras pas détourner ;

un désastre va t'assaillir

sans que tu puisses t'en protéger :

un orage fondra soudain sur toi,

dont tu n'as pas idée.

12Continue donc tes sorcelleries,

toutes tes pratiques magiques.

Tu les avais apprises à grand-peine,

depuis ta jeunesse,

avec l'espoir d'en tirer profit

ou d'effrayer le mauvais sort.

13Tu t'épuises à consulter les astrologues.

Eh bien, qu'ils se présentent

et qu'ils viennent te sauver,

ces astrologues qui observent les astres,

annonçant tous les mois ce qui doit t'arriver !

14Ils auront le sort de la paille :

le feu les consumera,

ils n'échapperont pas aux flammes.

Et ce ne sera pas un petit feu de braises

où l'on peut cuire son pain,

ni un simple foyer

où l'on vient se chauffer !

15Tel sera le sort de tes sorciers,

que tu prenais tant de peine

à consulter depuis ta jeunesse.

Ils partiront à l'aventure,

chacun de son côté ;

aucun ne pourra te sauver.

Société biblique française – Bibli'O, 2004
Published by: French Bible Society