Ésaïe 53

1Qui de nous a cru la nouvelle

que nous avons apprise ?

Qui de nous a reconnu

que le Seigneur était intervenu ?

De l'humiliation à la gloire

(52.13–53.12)

Le quatrième chant du serviteur révèle, de façon bouleversante, quelle sera la destinée de ce serviteur, en butte à l'hostilité des humains. Ayant commencé par mépriser son apparente insignifiance, ils l'avaient interprétée comme le signe d'un abandon par Dieu, voire d'une preuve de culpabilité.

Mais Dieu donne sens à ce chemin de souffrance. Parfaitement conscient des révoltes de son peuple, le serviteur choisit, par amour et solidarité, d'en supporter lui-même les conséquences, laissant à Dieu le jugement. Sans nier le mal qu'on lui fait subir, sans faire violence à quiconque, il accepte d'être méprisé, condamné, mis à mort. En le regardant, certains découvriront les conséquences du mal qu'ils font. En voyant comment Dieu approuve et redonne la vie à celui qui se laisse ainsi humilier, ils discerneront le projet de Dieu : faire reconnaître la grandeur cachée de celui que l'on charge de tous les maux et qui intercède pour les pécheurs.

Le serviteur a été puni pour des crimes qui n'étaient pas les siens et a ainsi permis qu'un grand nombre de gens soient acquittés de leurs fautes. C'est pourquoi Dieu interviendra en rétablissant sa vie et son honneur. La souffrance du serviteur prend un caractère tout à fait particulier : il offre sa propre vie comme un sacrifice de réconciliation.

La tradition chrétienne a vu dans le destin de ce serviteur une annonce des souffrances, de la mort et de la résurrection du Christ.

2Car, devant le Seigneur,

le serviteur avait grandi

comme une simple pousse,

comme une pauvre plante

qui sort d'un sol desséché.

Il n'avait pas l'allure

ni le genre de beauté

qui attirent les regards.

Il était trop effacé

pour se faire remarquer.

3Il était celui qu'on dédaigne,

celui qu'on ignore, la victime,

le souffre-douleur.

Nous l'avons dédaigné,

nous l'avons compté pour rien,

comme quelqu'un qu'on n'ose pas regarder.

4Or il supportait les maladies

qui auraient dû nous atteindre,

il subissait la souffrance

que nous méritions.

Mais nous pensions que c'était Dieu

qui le punissait ainsi,

qui le frappait et l'humiliait.

5Pourtant il n'était blessé

que du fait de nos crimes,

il n'était accablé

que par l'effet de nos propres torts.

Il a subi notre punition,

et nous sommes acquittés ;

il a reçu les coups,

et nous sommes épargnés.

6Nous errions tous ça et là

comme un troupeau éparpillé,

c'était chacun pour soi.

Mais le Seigneur lui a fait subir

les conséquences de nos fautes à tous.

7Il s'est laissé maltraiter

sans protester, sans rien dire,

comme un agneau qu'on mène à l'abattoir,

comme une brebis devant ceux qui la tondent.

8On l'a arrêté, jugé, supprimé,

mais qui se souciait de son sort ?

Or, il était éliminé

du monde des vivants,

il était frappé à mort

du fait des crimes de mon peuple.

9On l'a enterré avec les criminels,

dans la mort, on l'a mis avec les riches,

bien qu'il n'ait pas commis de violence

ni pratiqué la fraude.

10Mais le Seigneur approuve

son serviteur accablé,

et il a rétabli

celui qui avait offert sa vie

à la place des autres.

Son serviteur aura des descendants

et il vivra longtemps encore.

C'est lui qui fera aboutir

le projet du Seigneur.

11« Après avoir subi tant de peines,

dit le Seigneur,

mon serviteur verra la lumière de la vie,

il en fera l'expérience parfaite.

Les masses humaines reconnaîtront

mon serviteur comme le vrai Juste,

lui qui s'est chargé de leurs fautes.

12C'est pourquoi je le place

au rang des plus grands,

c'est avec les plus puissants

qu'il partagera le butin.

Car il s'est dépouillé lui-même

jusqu'à en mourir,

il s'est laissé placer

au nombre des malfaiteurs,

il a pris sur lui

les fautes des masses humaines,

et il est intervenu

en faveur des coupables. »

Société biblique française – Bibli'O, 2004
Published by: French Bible Society