Cantique 5

1Je viens à mon jardin,

petite sœur, ma promise,

et j'y fais ma cueillette

de myrrhe et d'herbes parfumées ;

j'y mange mon rayon de miel,

j'y bois mon vin et mon lait.

Mangez, mes amis,

buvez, enivrez-vous d'amour.

Elle lui ouvre sa porte, mais trop tard

2J'étais endormie,

L'amour fugitif

(5.2-8)

L'intrigue rebondit avec une scène nocturne semblable à celle de 3.1-4. La femme est à nouveau seule. L'homme vient, frappe à la porte et, déçu, il repart. Son amie s'élance à sa recherche dans les rues. Les gardes la prennent pour une prostituée et la frappent.

L'amour vrai peut-il prétendre au définitif ? A chaque instant, ne doit-il pas recommencer à chercher l'autre ?

Ceci vaut aussi pour notre relation avec Dieu. Poème de la rencontre et de l'union amoureuse, le Cantique est tout autant le chant du désir et de la soif de l'autre.

mais mon cœur restait en éveil.

J'entends quelque chose,

c'est mon bien-aimé

qui frappe à la porte :

« Ouvre-moi,

petite sœur, ma tendre amie,

ma colombe, mon trésor.

J'ai la tête couverte de rosée

et les cheveux trempés

des gouttes de la nuit.

3J'ai retiré mes vêtements,

je ne vais pas me rhabiller !

Je viens de me laver les pieds,

je ne vais pas les resalir ! »

4Mon bien-aimé passe la main

par le guichet de la porte,

et j'en ai le cœur battant.

5D'un bond je suis debout

pour ouvrir à mon bien-aimé.

J'ai les mains et les doigts

couverts d'huile de myrrhe ,

quand je saisis la poignée du verrou.

6J'ouvre à mon bien-aimé ;

La violence dans le Cantique

(5.6-7)

La scène a lieu dans une ville de violence (Ps 55.1s), en contraste avec Jérusalem, ville de paix, dont le bien-aimé est le roi. Le Cantique fait place à la violence et la souffrance. La femme en fait particulièrement l'expérience : elle est l'objet du mépris à cause de son teint hâlé. Ses frères se sont fâchés contre elle (1.6) ; elle vit entourée de lions, exilée (4.8). Elle souffre de l'absence de son bien-aimé (3.1-25.6-8). La lecture historique reconnaît dans ces images l'expérience de l'exil, vécu par Israël loin de Dieu.

mais il est parti, il n'est plus là.

Je sors à sa poursuite,

je le cherche, sans le trouver.

J'ai beau l'appeler, pas de réponse.

7Mais je rencontre les gardes,

qui font leur ronde

sur les remparts de la ville.

Ils me frappent, ils me blessent,

ils m'arrachent mon châle.

8Ah, filles de la capitale,

je vous le demande instamment :

si vous rencontrez mon bien-aimé,

que lui raconterez-vous ?

Que je suis malade d'amour !

Dites-le-lui.

9Dis-nous, la belle,

Portrait du bien-aimé

(5.9–6.3)

La femme fait un portrait du bien-aimé plein de poésie, de la tête aux jambes, en passant par les yeux, les lèvres et les bras. En conclusion, elle revient à la bouche, comme pour souligner la prééminence de la parole. Plus que tout, les paroles amoureuses de son époux ont éveillé son désir (7.10). « Reconnaissable entre dix mille » (v. 10) fait peut-être allusion à David, qui « vaut dix mille soldats » (2 Sam 18.3). Les cèdres (v. 15) peuvent évoquer le temple de Jérusalem, tout recouvert de cèdres du Liban (1 Rois 6.18Cant 4.1113).

A la question de 6.1, qui sous-entend un éloignement de son aimé, elle réaffirme, avec la formule de l'appartenance (2.16), qu'aucune distance ne pourra la séparer de lui, anticipant les déclarations finales sur l'amour (8.6s).

qu'a-t-il de plus qu'un autre,

ton amoureux ?

Oui, qu'a-t-il de plus qu'un autre

pour que tu nous fasses pareille demande ?

10Mon bien-aimé

est reconnaissable entre dix mille

à son teint resplendissant et cuivré.

11Sa tête est dorée.

Il a les cheveux bouclés

comme les fleurs de dattier,

et d'un noir de corbeau.

12Ses yeux ont le charme des colombes

penchées sur un ruisseau ;

leur iris semble baigner dans du lait,

comme logé dans un écrin.

13Ses joues sont une plate-bande odorante,

semée d'herbes parfumées.

Ses lèvres ont l'éclat de l'anémone

où perle une huile de myrrhe.

14Ses bras sont comme un anneau d'or

chargé de pierreries.

Son corps est une plaque d'ivoire

couverte de saphirs.

15Ses jambes font penser

à des colonnes de marbre blanc,

solidement plantées

sur des socles d'or fin.

Il a fière allure,

comme les monts du Liban ;

il a la distinction des cèdres.

16Sa bouche est douce à mon baiser,

tout en lui appelle mon désir.

Voilà mon bien-aimé,

filles de la capitale,

voilà mon ami !

Société biblique française – Bibli'O, 2004
Published by: French Bible Society