Genèse 3

Chassés du jardin d'Eden

1Le serpent était le plus avisé de tous les animaux de la campagne que le Seigneur Dieu avait faits. Il dit à la femme : Dieu a-t-il réellement dit : « Vous ne mangerez pas de tous les arbres du jardin ! »[#3.1 a souvent été considéré comme un être magique, ayant pouvoir sur la vie et la mort, à cause de sa capacité de produire du venin et de changer de peau ; cf. Nb 21 ; 2R 18.4 ; 2Co 11.3 ; Ap 12.9 ; 20.2 ; voir aussi Mt 4.1-11/ /; 6.13 ; Jn 8.44 ; Jc 1.13-15 ; 21.2 : « Comme devant un serpent, fuis devant le péché, car, si tu t'en approches, il te mordra. » – ou rusé : le mot hébreu ( ‘aroum ) rappelle celui qui vient d'être traduit par nus ( ‘aroummim, 2.25). Il est souvent opposé à naïf (Pr 14.15,18 ; 22.3 ; 27.12 etc. ; cf. Jb 5.12 ; 15.5) ; l'a rendu par un mot habituellement positif, qui est également traduit par avisé en Mt 10.16. – v. 14 ; 2.19s. – l'hébreu, ambigu, peut aussi bien signifier vous ne mangerez d'aucun arbre… (cf. v. 2s ; 2.16s).]

2La femme dit au serpent : Nous pouvons manger du fruit des arbres du jardin.[#3.2 autre traduction nous mangeons.]

3Mais quant au fruit de l'arbre qui est au milieu du jardin, Dieu a dit : « Vous n'en mangerez pas, vous n'y toucherez pas, sinon vous mourrez ! »[#3.3 cf. 2.9.]

4Alors le serpent dit à la femme : Pas du tout ! Vous ne mourrez pas ![#3.4 LXX a rendu littéralement la tournure intensive de l'hébreu : de mort vous ne mourrez pas ; cf. 2.17 ; Jr 14.13.]

5Dieu le sait : le jour où vous en mangerez, vos yeux s'ouvriront et vous serez comme des dieux qui connaissent ce qui est bon ou mauvais.[#3.5 cf. 2.17. – v. 7. – autre traduction comme Dieu, voir v. 22 ; 1.1 ; 11.4 ; Es 14.13 ; Ez 28.2 ; 2Th 2.4. – 2.9.]

6La femme vit que l'arbre était bon pour la nourriture et plaisant pour la vue, qu'il était, cet arbre, désirable pour le discernement. Elle prit de son fruit et en mangea ; elle en donna aussi à son mari qui était avec elle, et il en mangea.[#3.6 Cf. Ex 20.17 ; Rm 7.7ss ; 2Co 11.3 ; 1Jn 2.15-17. – 2.9. – le même terme a été traduit par agréable en 2.9. – Pr 10.5,19 ; 14.35 ; 15.24 etc. – litt. son homme (aussi v. 16) avec elle v. 12 ; 2.24 ; Rm 5.12-17 ; 1Tm 2.14.]

7Leurs yeux à tous les deux s'ouvrirent, et ils surent qu'ils étaient nus. Ils cousirent des feuilles de figuier pour se faire des pagnes.[#3.7 ou connurent : cf. v. 5. – 2.25. – le même mot hébreu désigne une ceinture en 2S 18.11 ; 1R 2.5 ; Es 3.24 ; cf. 32.11 ; Pr 31.17,22 ; voir aussi Ex 25.7 ; Jb 38.3.]

8Alors ils entendirent le Seigneur Dieu qui parcourait le jardin avec la brise du soir. L'homme et sa femme allèrent se cacher parmi les arbres du jardin pour ne pas être vus par le Seigneur Dieu.[#3.8 litt. la voix de YHWH, cf. Ex 29.8 ; Ps 29.3s ; mais comme le mot qui correspond à voix peut aussi signifier bruit, on peut également comprendre le bruit (des pas) du (cf. 2S 5.24 ; 1R 14.6 ; 2R 6.32). – autre traduction qui se promenait dans le jardin ; cf. Dt 23.15 ; 2S 7.6. – litt. au souffle (ou au vent, voir ) du jour (cf. 1.2,5 ; Ct 2.17 ; 4.6). – cf. Jb 13.16. – litt. de devant le Dieu.]

9Le Seigneur Dieu appela l'homme ; il lui dit : Où es-tu ?

10Il répondit : Je t'ai entendu dans le jardin et j'ai eu peur, parce que j'étais nu ; je me suis donc caché.[#3.10 litt. j'ai entendu ta voix ou le bruit de tes pas v. 8. – voir .]

11Il reprit : Qui t'a dit que tu étais nu ? Aurais-tu mangé de l'arbre dont je t'avais défendu de manger ?[#3.11 il s'agit de Dieu.]

12L'homme répondit : C'est la femme que tu as mise auprès de moi qui m'a donné de l'arbre, et j'ai mangé.[#3.12 ou avec moi, cf. v. 6.]

13Alors le Seigneur Dieu dit à la femme : Pourquoi as-tu fait cela ? La femme répondit : C'est le serpent qui m'a trompée, et j'ai mangé.[#3.13 le verbe hébreu fait assonance avec les mots traduits par et cf. Jr 29.8 ; 49.16 ; 1Tm 2.14.]

14Le Seigneur Dieu dit au serpent :[#3.14 hébreu ’arour ; le mot rappelle celui qui a été traduit par avisé au v. 1 ; voir aussi v. 17 ; 4.11 ; 9.25 ; 12.3 ; 27.29 ; 49.7 ; cf. Ap 22.3 ; voir . – (ou tout le bétail ) (ou tous les animaux sauvages ) : cf. 1.24 ; Lv 26.22. – litt. tu marcheras . – Lv 11.42. – cf. v. 19 ; Es 65.25 ; Mi 7.17.]

Puisque tu as fait cela,

tu seras maudit entre toutes les bêtes

et tous les animaux de la campagne,

tu te déplaceras sur ton ventre

et tu mangeras de la poussière

tous les jours de ta vie.

15Je mettrai de l'hostilité entre toi et la femme,[#3.15 le terme hébreu est dérivé du mot traduit par ennemi, cf. Nb 35.21s ; Ez 25.15 ; 35.5. – litt. ta semence / sa semence ; autre traduction ta progéniture / sa progéniture . Le terme hébreu zéra‘, au singulier, est le plus souvent employé dans un sens collectif ; on pourrait aussi bien traduire tes descendants / ses descendants (ainsi en 12.7 ; 13.15s ; 22.17s etc.) ; cf. 9.9 ; 12.7 ; voir aussi Esd 9.2 ; Mt 3.7/ / ; Jn 8.44. – ( sa descendance ) ou ils ( ses descendants ) t'écraseront… LXX a traduit par un masculin, il t'écrasera, par un féminin : elle (= la femme) t'écrasera ; c'est le même verbe qui est traduit plus loin par (également en Ps 139.11 submerger ; Jb 9.17 assaillir ). Certains s'efforcent de rendre la répétition de l'hébreu en utilisant ici, dans les deux cas, un même verbe français, meurtrir ou viser p. ex. – cf. 25.26 ; 49.17,19 ; la racine hébraïque correspondant à ce mot suggère parfois l'idée de réciprocité. – A partir d'Irénée (II s. apr. J.-C.), l'Eglise ancienne a vu dans ce texte, qu'elle a qualifié de « Protévangile », une allusion au Christ ; cf. Lc 10.19 ; Rm 16.20 ; Ap 12.]

entre ta descendance et sa descendance :

celle-ci t'écrasera la tête,

et tu lui mordras le talon.

16A la femme, il dit :[#3.16 cf. 1.28. – litt. ta peine (terme apparenté dans la suite) et ta grossesse . – 4.7 ; Ct 7.11. – 1.16 ; 4.7 ; cf. 1Tm 2.14s ; Tt 2.5 ; 1P 3.1-6.]

Je multiplierai la peine de tes grossesses.

C'est dans la peine que tu mettras des fils au monde.

Ton désir se portera vers ton mari,

et lui, il te dominera.

17A l'homme, il dit : Puisque tu as écouté ta femme et que tu as mangé de l'arbre dont je t'avais défendu de manger,[#3.17 litt. écouté la voix de, cf. v. 8,10 ; 21.12. – hébreu ’adama, 2.5. – v. 14. – cf. Os 4.3+.]

la terre sera maudite à cause de toi ;

c'est avec peine que tu en tireras ta nourriture

tous les jours de ta vie.

18Elle fera pousser pour toi des épines et des chardons,[#3.18 Os 10.8.]

et tu mangeras l'herbe de la campagne.

19C'est à la sueur de ton visage que tu mangeras du pain,[#3.19 le même mot est traduit par narines en 2.7. – cf. 1.29 ; 2.9,16 ; 14.18. Le terme hébreu désigne souvent la nourriture en général (cf. 37.25), de sorte qu'on pourrait aussi traduire, plus simplement, que tu mangeras . – hébreu ’adama, 2.5. – v. 14 ; 2.7 ; 18.27 ; Ps 104.29 ; Jb 34.15 ; Ec 3.20 ; 12.7 ; sur l'ensemble, cf. Jb 1.21.]

jusqu'à ce que tu retournes à la terre,

puisque c'est d'elle que tu as été pris ;

car tu es poussière,

et tu retourneras à la poussière.

20L'homme appela sa femme du nom d'Eve (« Vivante »), car elle est devenue la mère de tous les vivants.[#3.20 ou porteuse de vie, en hébreu Hawwa, apparenté à la racine signifiant vivre et qui fait assonance avec le terme traduit par LXX a traduit Zoé, du mot grec qui signifie vie . – Lorsque le texte hébreu joue explicitement sur un sens attribué à un nom propre, ce sens est indiqué entre parenthèses dans la traduction (qu'il s'agisse de l'origine réelle du nom, d'une étymologie populaire ou d'un simple jeu d'assonance).]

21Le Seigneur Dieu fit à l'homme et à sa femme des habits de peau, dont il les revêtit.[#3.21 le même mot est traduit par tunique en 37.3,23,31ss ; Ex 28.4,39ss etc. – cf. 27.16.]

22Le Seigneur Dieu dit : L'homme est devenu comme l'un de nous pour la connaissance de ce qui est bon ou mauvais. Que maintenant il ne tende pas la main pour prendre aussi de l'arbre de la vie, en manger et vivre toujours ![#3.22 cf. 1.1,26 ; voir aussi 11.7 ; 2S 24.14 ; 1R 22.19ss ; Es 6.8 ; Ps 82.1ss ; Jb 1.6ss. – 2.9. – ou éternellement.]

23Le Seigneur Dieu le renvoya du jardin d'Eden, pour qu'il cultive la terre d'où il avait été pris.[#3.23 2.8. – hébreu ’adama 2.5ss.]

24Après avoir chassé l'homme, il posta, à l'est du jardin d'Eden, les keroubim et l'épée flamboyante qui tournoie, pour garder le chemin de l'arbre de la vie.[#3.24 litt. il fit demeurer . – cf. 2.8. – ce terme hébreu (pluriel de keroub ) a donné notre mot chérubin, mais il évoque une image très différente de celle que nous lui associons spontanément (anges à visage d'enfant) ; il semble correspondre au terme akkadien karibou, qui désignait les gardiens des temples, des êtres représentés par une combinaison de traits humains et animaux à l'instar des sphinx égyptiens ; ils exerçaient sans doute aussi une fonction d'intercesseurs (voir illustration ♦) ; cf. Ex 25.18 ; Ez 1.10s ; 9.3 ; 10.1ss,14ss ; 28.14-16 ; Ps 18.11+. – (Es 34.5 ; Jr 46.10 ; 47.6 ; Ez 21.20 ; So 2.12) litt. la flamme de l'épée ; cf. Ps 104.4 ; Jb 39.23. – Jb 37.12.]

Nouvelle Bible Segond © Société biblique française-Bibli'O, 2002 Première édition de la Bible d’étude : sous la direction de Henri Blocher, Jean-Claude Dubs†, Mario Echtler†, Jean-Claude Verrecchia, coordination Didier Fougeras.
Published by: French Bible Society