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1Élihou poursuivit :
2Écoutez mon discours, vous qui êtes des sages,
accordez-moi votre attention, gens d'expérience.
3Le rôle de l'oreille est d'apprécier les mots,
tout comme le palais doit percevoir le goût.
4Eh bien, cherchons à discerner ce qui est juste,
reconnaissons ensemble ce qui est correct !
5Voici Job qui déclare : « Je suis innocent,
Élihou examine avec ironie deux affirmations de Job : – Dieu ne tient aucun compte de mon bon droit (9.1513.1827.2-6) ; – l'homme ne gagne rien à chercher de bonnes relations avec Dieu (9.22-2421.7-16). Mais Job soulignait le comportement arbitraire de Dieu et avait ainsi mis en question la thèse de la rétribution ; il attribuait aux méchants la déclaration de l'inutilité de Dieu (21.14-16). Élihou n'a retenu des propos de Job que ce qu'il a bien voulu entendre.
mais Dieu ne tient aucun compte de mon bon droit.
6Sur mon bon droit, il ne dit pas la vérité ;[#34.6 : d'après l'ancienne version grecque. Le texte hébreu actuel propose Mais ce pourrait être une correction de scribes, ceux-ci n'admettant pas que Job accuse Dieu de mensonge.]
sans que je sois coupable, il m'a blessé à mort. »
7Quel genre d'homme est Job ? Il manie l'insolence
aussi facilement qu'il boit un verre d'eau !
8Il fait cause commune avec les malfaiteurs,
il se met du côté des gens sans foi ni loi,
9car il a déclaré : « L'homme ne gagne rien
à chercher de bonnes relations avec Dieu. »
10Vous donc qui avez du bon sens, écoutez-moi :
Élihou reprend la thèse ressassée par les trois avocats : Dieu rétribue chacun selon ses œuvres (4.1-118.1-12). Pour lui, Dieu est réductible à la loi mécanique de la rétribution. Avec cette vieille thèse bien connue de Job (31.3), il prouve qu'il est resté sourd à la contestation de Job. Et il n'est pas le seul !
Loin de moi la pensée que Dieu ferait le mal,
que le Dieu très-grand pratiquerait l'injustice !
11Mais il rend aux humains ce qu'ils ont mérité,
il les traite chacun d'après ce qu'il a fait.
12Il est bien évident que Dieu n'agit pas mal ;
Élihou assure que Dieu ne viole jamais le droit, puisque c'est lui qui l'a établi : en effet, Dieu gouverne le monde et il est maître de la vie et de la mort.
La toute-puissance de Dieu est inséparable de sa justice infaillible (8.3) : en effet, il est le créateur de tous les humains, sans exception. L'omniscience de Dieu atteste également son impartialité.
le Dieu très-grand ne violera jamais le droit !
13Quelqu'un d'autre lui aurait-il confié la terre ?
Son pouvoir sur le monde, il le tient de lui seul.
14Si Dieu n'était préoccupé que de lui-même
et reprenait pour lui le souffle de la vie,
15tous les êtres vivants expireraient d'un coup,
l'homme retournerait à l'état de poussière.
16Si tu comprends les choses, Job, écoute donc
et fais bien attention à ce que je vais dire :
17Dieu pourrait-il vraiment exercer son pouvoir
s'il détestait le droit ?
Oses-tu donner tort au seul souverain juste ?
18Lui seul peut dire au roi : « Espèce de vaurien ! »[#34.18 : d'après les anciennes versions grecque, syriaque et latine ; hébreu L'insulte au roi était normalement punie de mort (voir 2 Sam 19.22).]
et aux princes : « Vous n'êtes que des criminels. »
19Il n'a pas pour les chefs d'égards particuliers,
il ne fait pas passer le riche avant le pauvre,
car il les a créés aussi bien l'un que l'autre.
20Soudain la mort est là, au milieu de la nuit :
le peuple est en révolte et les maîtres périssent ;
on élimine le tyran sans grand effort.
21Dieu surveille en effet la conduite des hommes
et remarque toutes les démarches qu'ils font.
22Il n'y a pas d'obscurité assez profonde
pour l'empêcher d'apercevoir les malfaiteurs.
23Dieu n'a aucun besoin d'une enquête spéciale
Job s'était plaint que Dieu n'assigne pas une date fixe à la comparution des criminels au tribunal (24.1). Élihou réplique que Dieu, omniscient, juge les puissants sans même avoir besoin de faire une enquête. Job avait accusé Dieu de rester sourd aux plaintes des malheureux (24.12). Élihou lui objecte que le renversement public des puissants prouve que Dieu gouverne l'histoire avec justice et qu'il exauce l'appel des faibles. Même lorsque Dieu semble inactif, il continue de gouverner.
pour les mener à comparaître au tribunal.
24Sans ouvrir une enquête, il brise les puissants
et installe bientôt quelqu'un d'autre à leur place.
25C'est qu'il n'ignore rien de leurs agissements,
il les renverse et les écrase en une nuit.
26Il les frappe en public, comme des criminels.
27Ces gens-là, en effet, se détournaient de lui,
ils voulaient ignorer tous ses enseignements.
28Ils ont ainsi poussé les faibles et les pauvres
à lancer jusqu'à lui leurs appels au secours.
Or il entend ces cris !
29S'il ne réagit pas, qui lui donnera tort ?
Et s'il veut se cacher, qui le verra quand même ?
Mais il peut imposer aux nations, aux humains,
30un homme indigne comme roi, un démagogue.
31Supposons que quelqu'un déclare à Dieu ceci :
Dieu ne peut avoir tort, il ne reste donc à Job qu'une seule issue : avouer ses fautes et se convertir. Il est surprenant qu'Élihou admette que l'argument de Job a déstabilisé ses amis. Les attitudes les plus intolérantes seraient-elles dictées par la peur de se laisser influencer par celui qui professe une autre opinion ?
« J'ai purgé ma peine, je renonce à mal faire.
32Montre-moi les fautes que je n'ai pas su voir.
Si j'ai commis le mal, je n'y reviendrai plus. »
33Dieu doit-il le punir ?
Quel est donc ton avis, toi qui fais la critique ?
Puisque c'est toi qui décides et non pas moi,
dis ce que tu en penses.
34Les hommes de bon sens sauront bien me le dire
et les sages aussi qui m'auront écouté :
35« Non, Job parle, mais sans savoir de quoi il parle,
ses paroles révèlent qu'il n'y connaît rien.
36Puisqu'il tient les propos des partisans du mal,
eh bien, il faut pousser l'épreuve jusqu'au bout.
37A sa faute, il ajoute en effet la révolte ;
en multipliant ses attaques contre Dieu,
il finit par semer le doute parmi nous. »