Lamentations 2

Le Seigneur s'est conduit en ennemi de Jérusalem

Le Seigneur se tait

(2.1-10)

1Hélas, dans sa colère,

le Seigneur maintient

de bien sombres nuages

sur Jérusalem !

Du haut du ciel, il a jeté jusqu'à terre

ce qui était la gloire d'Israël.

Quand sa colère a éclaté contre Sion ,

il a oublié

qu'elle était son marchepied.

2Sans pitié

le Seigneur n'a fait qu'une bouchée

du domaine de son peuple.

Dans son emportement, il a démoli

les villes fortifiées de Juda,

Il a jeté à terre et déshonoré

le royaume et ses dirigeants.

3Dans sa colère ardente, il a cassé

tout ce qui faisait la fierté d'Israël.

Il s'est retenu d'intervenir

quand l'ennemi est arrivé.

Chez son peuple il a allumé un incendie

qui a tout dévoré autour de lui.

4Comme un ennemi il a tendu son arc,

gardant sa main droite

en position de tir.

Il s'est montré notre adversaire,

en massacrant

ce que nous avions plaisir à voir.

Il a déversé sa fureur comme un feu

sur le temple de Sion.

5Le Seigneur s'est conduit

comme notre ennemi,

il n'a fait qu'une bouchée d'Israël

et de toutes ses belles maisons ;

il a démoli ses fortifications,

répandant partout dans le peuple de Juda

plaintes et complaintes.

6Il a forcé la haie de son jardin,[#2.6 Images du temple et de son enclos.]

il a détruit le lieu

où il nous rencontrait.

A Sion, le Seigneur a fait oublier

les jours de fête et de sabbat .

En déchaînant sa colère, il a déshonoré

aussi bien le roi que les prêtres.

7Le Seigneur ne veut plus de son autel ,

il a abandonné son lieu saint,

il a laissé tomber aux mains de l'ennemi

les belles maisons de Sion.

Dans le temple, le vacarme était aussi fort

que lors d'un jour de fête !

8Le Seigneur avait décidé de détruire

les murailles de Sion.

Il a étendu le cordeau à niveler,

il n'a pas hésité à démolir.

Il a mis en deuil l'avant-mur et le rempart,

qui se délabrent l'un et l'autre.

9Les portes de la ville se sont écroulées,

il a réduit en miettes ses fermetures.

Roi et ministres sont aux mains des païens.

Personne pour dire ce que Dieu veut ;

même les prophètes ne reçoivent plus

de message venant du Seigneur.

10Les conseillers de Sion

sont assis à terre et gardent le silence,

ils ont jeté de la poussière sur leur tête,

ils ont revêtu la tenue de deuil.

Et les jeunes filles de Jérusalem

baissent la tête vers la terre.

La mort des petits enfants

(2.11-12)

Le poète est abattu et consterné par les conditions qui sévissent dans la ville. Les faibles cris des bébés qui n'ont rien à boire et le regard désespéré des enfants qui meurent dans les bras de leur mère lui sont insupportables.

11Mes yeux s'épuisent à pleurer,

l'émotion me brûle,

je ne puis retenir mon désespoir

devant le désastre

qui atteint mon peuple,

alors que les nourrissons meurent de soif

sur les places de la cité.

12Les enfants demandent à leur mère :

« Où y a-t-il quelque chose à manger ? »,

tandis qu'ils défaillent, comme les blessés

sur les places de la ville,

et qu'ils expirent

dans les bras de leur mère.

Une maladie foudroyante ?

(2.13-17)

La désolation de Jérusalem dépasse l'imagination. Une blessure mortelle ? Une maladie foudroyante ? Les mots ne suffisent plus. Même si le poète estime que le Seigneur est à l'origine de ces événements, il se garde bien de se mettre en colère contre lui. Les prophètes portent une bonne part de responsabilité. Bien peu ont eu le courage de dénoncer la corruption et l'injustice. Si la population n'avait pas été bernée par des « messages mensongers et creux » (v. 14), elle n'en serait pas là !

13Jérusalem, je ne sais plus que te dire ;

ta situation ne ressemble à aucune autre !

Quel autre cas te citer,

pour te consoler, pauvre Sion ?

Ton désastre est immense, comme la mer ;

personne ne pourrait t'en guérir.

14Tes prophètes n'ont eu pour toi

que des messages mensongers et creux.

Ils n'ont pas démasqué ta faute,

ce qui aurait conduit

à ton rétablissement.

Leur message pour toi

n'était que mensonge

et poudre aux yeux.

15Tous ceux qui passent par ici

applaudissent à ta ruine.

Ils sifflent et hochent la tête

pour se moquer de toi, Jérusalem :

« Est-ce bien la ville qu'on appelait

Beauté parfaite

et Joie de toute la terre ? »

16Tous ceux qui t'en veulent

ouvrent la bouche pour te provoquer.

Ils sifflent,

te montrent des dents menaçantes.

Ils disent :

« Nous n'en avons fait qu'une bouchée.

Le voilà venu,

le jour que nous attendions :

nous y sommes,

nous le voyons enfin ! »

17Le Seigneur a fait ce qu'il avait résolu,

il a réalisé ce qu'il avait dit,

ce qu'il avait décidé depuis longtemps :

il a démoli sans pitié.

Par ton malheur il a réjoui l'ennemi,

il a renforcé l'orgueil de ton adversaire.

Pour l'amour des enfants

(2.18-19)

Envers et contre tout, le poète supplie le peuple de ne pas sombrer dans le désespoir. Il plaide pour que Jérusalem se tourne inlassablement vers le Seigneur. Malgré les apparences, il est encore possible d'envisager l'avenir. Il le faut, pour les enfants.

18D'un seul cœur Jérusalem

a fait monter son cri vers le Seigneur.

Muraille de Sion, jour et nuit,

laisse couler tes larmes à torrents.

Ne t'accorde aucun répit,

que tes pleurs ne cessent pas !

19Ne te retiens pas : d'heure en heure,

remplis la nuit de tes lamentations.

Vide ton cœur

en présence du Seigneur.

Tends vers lui tes mains suppliantes

pour la vie de tes jeunes enfants

en train de mourir de faim

à tous les coins de rue.

Le risque de la foi

(2.20-22)

Jérusalem relève le défi de la foi. C'est une prière sans requête précise. Seule transparaît la douleur d'un peuple foudroyé par l'ennemi. La ville supplie le Seigneur de constater les tristes résultats de sa colère. Personne n'a été épargné : ni les prophètes, ni les prêtres, ni les jeunes, ni les vieux, ni les petits enfants. Le lecteur entend une prière désespérée, mais une prière de foi malgré tout. L'athée ne crie pas son désespoir vers Dieu. Seul le croyant peut assumer le risque de la foi.

20Seigneur, regarde et vois

qui tu traites ainsi.

Des femmes peuvent-elles aller

jusqu'à manger

les enfants qu'elles ont mis au monde

et choyés ?

Peut-on assassiner prêtres et prophètes

jusque dans ton sanctuaire ?

21Jeunes et vieux gisent pêle-mêle

par terre au coin des rues.

Mes filles et mes garçons sont tombés

sous les coups de l'épée.

Le jour de ta colère, tu les as tués,

massacrés sans pitié.

22Comme pour un jour de fête,

tu as invité mes redoutables voisins.

Le jour où ta colère a éclaté, Seigneur,

il n'y a eu ni rescapé ni survivant.

Les enfants que j'avais élevés et choyés,

l'ennemi les a exterminés.

Société biblique française – Bibli'O, 2004
Published by: French Bible Society