Cantique 2

1Et moi, je suis une fleur

de la plaine du Saron,

une anémone des vallées.

2Oui, une anémone

parmi les ronces,

voilà ma tendre amie

parmi les autres filles !

3Un pommier parmi les arbres du bois,

voilà mon bien-aimé

parmi les autres garçons !

A son ombre,

j'ai plaisir à m'asseoir

et je trouve à ses fruits

un goût délicieux.

4Il m'a conduite au palais de l'ivresse,

Malade d'amour

(2.4-7)

La jeune femme entre dans la chambre de son bien-aimé, comparée à une cave à vin, symbole de l'initiation à l'amour. Seul son bien-aimé saura la réconforter. Plein d'attention pour le rythme de son aimée, il demande que l'on respecte son sommeil. C'est à elle seule qu'il appartient d'entrer à nouveau dans la relation amoureuse. Le désir n'autorise pas la violence. Ce motif revient en 3.5 et 8.4.

Quand les prophètes appellent Israël à « se réveiller », ils signifient le retour vers Dieu, la conversion (És 51.17).

sous l'enseigne “A l'Amour”.

5« Vite, des gâteaux de raisin

pour me rendre des forces,

et des pommes pour me réconforter,

car je suis malade d'amour. »

6Sa main gauche soutient ma tête,

son bras droit m'enlace la taille.

7Ah, filles de la capitale,

au nom des gazelles en liberté,

je vous le demande instamment :

n'éveillez pas l'amour,

ne le provoquez pas

avant qu'il y consente !

C'est lui qui arrive

8Écoutez, c'est mon bien-aimé,

L'hiver s'en est allé

(2.8-14)

Apès l'union accomplie à la fin du premier poème, le désir et la recherche de l'autre recommencent. Ainsi, la relation avec Dieu ne sera pleinement réalisée que dans son Royaume.

La jeune femme est seule et attend la visite de son bien-aimé. Mais elle rapporte les mots qu'il lui a dits (v. 10-14) : l'amour veille et garde la mémoire. L'aimé arrive au printemps, la saison où les amours, comme la nature, s'éveillent, après les pluies. Comme il ne peut entrer dans la maison, il invite la jeune femme à sortir de son hiver : « Viens ! » (v. 10, 13). Une lecture spirituelle du poème voit ici (v. 11) un hiver de la servitude d'Israël ou la période stérile que traverse l'âme lorsqu'elle s'éloigne de son Dieu.

c'est lui qui arrive,

franchissant d'un bond

monts et collines.

9On dirait une gazelle ou un jeune cerf.

Le voici qui s'arrête

derrière notre mur,

cherchant à voir à travers la fenêtre,

jetant un coup d'œil

à travers le treillage.

10Et maintenant il me parle :

« Allons, ma tendre amie,

ma belle, viens.

11L'hiver est passé,

la pluie a cessé, elle est loin.

12On voit les champs fleurir ;

c'est le temps où tout chante.

Sur nos terres on entend

la tourterelle qui roucoule.

13Les figues vertes[#2.13 : celles qui ont passé l'hiver sur l'arbre.]

grossissent sur les figuiers,

les vignes sont en fleur

et répandent leur parfum.

Allons, ma tendre amie,

ma belle, viens.

14Ma colombe

nichée au creux des rochers,

cachée dans la falaise,

montre-moi ton visage ;

fais-moi entendre ta voix,

elle est si agréable,

et ton visage est si joli ! »

15Attrapez-nous ces renards,

Une relation toujours menacée

(2.15)

Des ennemis peuvent s'insinuer dans toute relation d'amour : le serpent (Gen 3) ou ici des renards. On peut y voir les rivaux qui tentent de séduire la belle, ou les pensées vagabondes qui troublent la relation conjugale, ou encore les peuples qui ont ravagé Israël (Lam 5.18). En 8.13, l'époux invite à la prudence face à l'indiscrétion des rôdeurs.

ces petites bêtes

qui mettent à mal nos vignes,

quand notre vigne est en fleur !

16Mon bien-aimé est à moi

et je suis à lui.

L'appartenance réciproque

« Mon bien-aimé est à moi et je suis à lui » (2.16). Cette formule (6.3 et 7.11) s'apparente à celle qui exprime l'alliance chez les prophètes : « Je serai ton Dieu et tu seras mon peuple » (Jér 31.33Osée 2.25). Remarquons l'itinéraire spirituel de la bien-aimée : elle reconnaît d'abord l'amour dont elle est aimée (2.16), puis elle y répond en déclarant son amour (6.3). L'initiative de la relation vient de son partenaire. Elle appelle une réponse. Dans l'alliance de Dieu avec lui, le peuple de Dieu fait la même expérience. Tout amour vrai tend à la réciprocité.

Il trouve sa pâture

là où poussent les anémones.

17A la fraîcheur du soir,

quand les ombres s'allongeront,

tu reviendras, mon amour,

leste comme une gazelle

ou comme un jeune cerf

sur les monts séparés.

Société biblique française – Bibli'O, 2004
Published by: French Bible Society