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1Bildad de Chouha prit alors la parole et dit à Job :
Après avoir repris la thèse de la rétribution collective déjà défendue par Élifaz en 5.1-7, Bildad développe une théologie du donnant, donnant, bien illustrée par l'emploi du conditionnel « si » (v. 5-6). Comme l'accusateur, dans les chap. 1–2, cet avocat de Dieu ne croit pas en la foi désintéressée. Il est enfermé dans un système d'échanges de bons procédés où le salut s'acquiert par les bonnes œuvres. Il n'y a aucune place pour la gratuité, la grâce. Deux attitudes conditionnent le bonheur. La première, c'est de se montrer innocent et droit. Or, ce sont là des qualités qui ont déjà été reconnues à Job (1.182.3). La deuxième condition, c'est de chercher la présence de Dieu et de lui adresser une prière. Or, c'est ce que Job vient tout juste de faire (7.7-21). La relation avec Dieu ou avec les autres est-elle fondée sur le calcul ou sur la gratuité ?
2Combien de temps nous tiendras-tu de tels discours ?
Et quand s'arrêtera cet ouragan de mots ?
3Crois-tu vraiment que Dieu modifie la justice,
ou que le Dieu très-grand fasse une entorse au droit ?
4Tes fils ont dû commettre une faute envers lui,
et il leur en a fait payer les conséquences.
5Mais toi, si tu cherches la présence de Dieu,
si tu adresses ta prière au Dieu très-grand,
6si tu es innocent, si tu te montres droit,
il ne tardera pas à s'occuper de toi
et à te rendre la place que tu mérites.
7Ton ancienne situation te paraîtra
bien modeste en comparaison de la nouvelle.
8Informe-toi chez ceux qui nous ont précédés,
et retiens bien l'expérience de leurs ancêtres.
9Nous sommes nés d'hier, et nous ne savons rien ;
notre vie sur la terre est une ombre qui passe.
10Mais eux peuvent t'instruire et ils pourront te dire
ce qu'ils savent tirer de leur propre expérience :
11« Le jonc ne pousse pas en dehors des marais,
ni le roseau à l'écart des lieux privés d'eau.
12Il est encore en fleurs, on ne l'a pas coupé ;
le voilà desséché avant les autres herbes ! »
13Telle est la destinée de ceux qui oublient Dieu ;
Bildad reconnaît que la vie contredit parfois la thèse selon laquelle la souffrance est la conséquence d'une faute. Mais il s'empresse d'ajouter une maigre consolation : l'impunité et l'assurance des malfaiteurs ne sont que temporaires, tandis que la personne irréprochable finira par connaître le bonheur. Affirmer que la souffrance ne dure qu'un temps, comme toutes les réalités de la vie, n'est-ce pas une plaidoirie trop facile ? Peut-on réconforter une personne qui souffre en lui disant seulement que cela va passer ?
ainsi finit l'espoir de tous les infidèles.
14Leur si belle assurance a les ailes coupées,[#8.14 ou ; selon d'autres le terme hébreu correspondant, qu'on ne trouve pas ailleurs, désignerait un fil d'araignée emporté par le vent ou]
et leur sécurité n'est qu'un fil d'araignée.
15Quand ils s'appuient sur leur maison, elle vacille,
et ils ont beau s'y cramponner, elle s'écroule.
16Ils sont comme un arbre plein de sève au soleil,
qui étend ses rameaux au-dessus du jardin.
17Il plonge ses racines jusque dans la pierre
et s'en va explorer l'intérieur du rocher.
18Mais s'il est arraché du lieu où il était,
celui-ci prétendra qu'il ne l'a jamais vu.
19Tel est, vois-tu, l'heureux destin de ces gens-là !
Et à leur place, une autre plante germera.
20Dieu ne rejette pas un homme irréprochable,
et il ne prête pas main-forte aux malfaiteurs.
21Il finira par remplir ta bouche de rires
et par mettre sur tes lèvres des cris de joie.
22Mais ceux qui t'en veulent seront couverts de honte ;
les gens sans foi ni loi auront quitté la place.