Ésaïe 43

1Peuple de Jacob,

Que ne ferait-on pas pour ses enfants !

(43.1-7)

Le ton change et laisse place à des paroles de douceur et de tendresse. Après la polémique vient l'annonce du salut. Le prophète veut dissiper les craintes de son peuple devant l'avenir et lui rendre confiance : sa situation difficile va connaître un dénouement salutaire. Le message de retour heureux ne se limite pas aux exilés, il s'adresse à tous les Israélites qui vivent loin du pays de leurs ancêtres. Dieu veut rassembler tous ses enfants.

maintenant ton Créateur,

lui qui t'a formé, Israël,

le Seigneur te déclare :

« N'aie pas peur, je t'ai libéré,

je t'ai engagé personnellement,

tu m'appartiens.

2Quand tu traverseras l'eau,

je serai avec toi ;

quand tu franchiras les fleuves,

tu ne t'y noieras pas.

Quand tu passeras à travers le feu,

tu ne t'y brûleras pas,

les flammes ne t'atteindront pas.

3Car moi, le Seigneur, je suis ton Dieu,

moi, l'unique vrai Dieu, le Dieu d'Israël,

je suis ton Sauveur.

Je donne l'Égypte pour payer ta libération,

l'Éthiopie et Séba en échange de toi.

4C'est que tu as du prix à mes yeux,

tu comptes beaucoup pour moi

et je t'aime.

Donc je donne des hommes à ta place,

des peuples en échange de toi.

5N'aie pas peur, je suis avec toi.

De l'Est, où le soleil se lève,

je fais revenir tes enfants,

et de l'Ouest, où il se couche,

je rassemble les tiens.

6Je dis au Nord : “Rends-les donc”,

et au Sud : “Ne les retiens pas.”

Ramenez mes fils de là-bas,

et mes filles du bout du monde ;

7ramenez ceux qui portent mon nom,

tous ceux que j'ai créés,

que j'ai façonnés, que j'ai faits

pour qu'ils manifestent ma gloire. »

Mes témoins, c'est vous

8Qu'on fasse comparaître ce peuple,

Appel à témoins

(43.8-13)

Si Dieu entre en procès avec les nations, différents témoins seront appelés à la barre. Le peuple d'Israël témoignera en faveur de Dieu, en bon serviteur. Dieu réaffirme ainsi le caractère irrévocable de son engagement à l'égard de son peuple. Aucune puissance ne pourra jamais briser ce lien de fidélité. Mais, en même temps, Dieu prend le risque de n'avoir pas d'autre témoin que ce peuple à la conduite si imparfaite. Quelle image de lui sera donnée aux nations ?

qui a des yeux mais ne voit rien,

des oreilles mais n'entend rien.

9Que les nations se rassemblent,

que les peuples se réunissent !

Eh bien, parmi eux,

qui peut nous révéler ce qui arrive ?

Ou nous informer

de ce qui s'est déjà passé ?

Qu'ils produisent leurs témoins

et montrent qu'ils ont raison !

Que ces témoins les écoutent

et qu'ils confirment : « C'est exact » !

10Mes témoins à moi, c'est vous mon peuple,

déclare le Seigneur ;

vous êtes mon serviteur,

celui que j'ai choisi.

Mon but est que vous sachiez,

que vous croyiez et compreniez

qui je suis, moi.

Avant moi il n'y a pas eu de dieu,

et après moi il n'y en aura pas.

11Le Seigneur, c'est moi et moi seul.

A part moi, pas de sauveur.

12C'est moi qui apporte le salut,

moi aussi qui l'annonce

et qui le fais savoir ;

ce n'est pas un dieu étranger

qu'on trouverait chez vous.

Vous êtes témoins que je suis Dieu,

dit le Seigneur,

13et que je le resterai.

Personne ne me forcera la main,

et ce que je fais,

personne ne le changera.

J'envoie quelqu'un pour vous

14Voici ce que le Seigneur déclare,

Babylone s'écroulera

(43.14-15)

Le prophète annonce clairement la chute de Babylone, il veut encourager le peuple à croire à la libération que Cyrus accomplira. Dieu s'engage ainsi pour délivrer son peuple, non parce qu'il subit le revirement de pouvoir à Babylone, mais parce qu'il le provoque. Lui seul règne au-dessus des nations.

lui qui prend votre cause en mains,

lui l'unique vrai Dieu, le Dieu d'Israël :

« Par amour pour vous

j'envoie quelqu'un à Babylone

pour faire tomber tous les verrous.

Alors, chez les Babyloniens,

les cris de joie se changeront

en lamentations.

15Je suis le Seigneur, votre vrai Dieu, l'unique,

le Créateur d'Israël, votre Roi. »

Un nouveau chemin dans le désert

16Voici ce que le Seigneur déclare,

Le Seigneur va faire du nouveau

(43.16-21)

De même que les invasions assyriennes étaient décrites comme une inondation destructrice (8.7-8), de même les exilés sur le chemin du retour semblent évoquer pour le prophète un fleuve qui fertilise le désert et le pays de Judée (v. 19). Le prophète appelle à la confiance en Dieu tous ceux qui doutent encore, qui ont peur et craignent les difficultés à venir. Dieu donne toujours à boire à son peuple, matériellement, et spirituellement par sa parole. Cette annonce s'enracine dans les délivrances réalisées par Dieu lors de la sortie d'Égypte.

lui qui a ouvert jadis un chemin dans la mer,

qui a tracé un passage à travers l'eau profonde.

17Jadis il a mis en marche

des chars et des chevaux,

des armées avec leur corps d'élite.

Celles-ci sont tombées

pour ne plus se relever,

éteintes, consumées

comme la mèche d'une lampe.

Il déclare donc maintenant :

18« Ne pensez plus au passé,[#43.18 Comparer 41.22 et la note.]

ne vous préoccupez plus

de ce qui est derrière vous.

19Car je vais faire du nouveau ;[#43.19 Voir Apoc 21.5.]

on le voit déjà paraître,

vous saurez bien le reconnaître.

Oui, dans le désert

je vais ouvrir un chemin,

dans ces lieux arides

je vais faire couler des fleuves.

20Les animaux sauvages, les chacals

et les autruches m'honoreront

parce que j'ai fait couler

de l'eau dans le désert,

des fleuves dans ces lieux arides.

Car je veux donner à boire

au peuple que j'ai choisi.

21Et ce peuple, que j'ai formé,

dira pourquoi il me loue. »

Le procès de Dieu et d'Israël

22Le Seigneur déclare :

Le dernier mot de Dieu

(43.22–44.5)

Le procès entre Dieu et son peuple prend fin sur un rappel des fautes du peuple et une promesse de pardon. Les principaux méfaits mentionnés concernent l'infidélité du peuple d'Israël qui a offert des sacrifices à d'autres dieux, et les reproches faits à Dieu, accusé de vouloir réduire son peuple en esclavage. Or les plaintes du peuple de Dieu sont sans fondement. En effet, le Seigneur libère gratuitement, il pardonne, il multiplie ses bénédictions et donnera son Esprit à tous ses enfants (v. 5). Un jour, chacun sera fier de dire, sans aucune contrainte, qu'il appartient au Seigneur.

« Israël, ce n'est pas à moi

que tu as fait appel ;

tu t'es plutôt lassé de moi,

peuple de Jacob.

23Ce n'est pas pour moi

que tu sacrifiais des agneaux,

ce n'est pas moi que tu honorais ainsi.

Il n'est pas vrai non plus

que j'aie fait de toi un esclave

en exigeant des offrandes,

ou que je t'aie fatigué

en réclamant de l'encens .

24Ce n'est pas pour moi

que tu achetais à grand prix

du roseau aromatique,

ni moi que tu rassasiais

de la graisse de tes sacrifices.

Par tes fautes, au contraire,

tu as fait de moi ton esclave,

par tes crimes, tu m'as fatigué.

25Mais je prends sur moi

de pardonner tes révoltes

et de ne plus garder

le souvenir de tes fautes.

26Rappelle-moi ce que tu me reproches,

discutons tous les deux cette affaire ;

énumère les faits qui te donnent raison.

27Déjà ton premier ancêtre

s'était mis dans son tort ;

et tes derniers porte-parole

se sont révoltés contre moi.

28Alors j'ai déshonoré les chefs-sacrés,[#43.28 Les rois et peut-être aussi les prêtres.]

j'ai livré le peuple de Jacob

à la destruction,

j'ai abandonné Israël

aux insultes de ses ennemis.

Société biblique française – Bibli'O, 2004
Published by: French Bible Society