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1Écoutez-moi,
Dans ce deuxième chant, le serviteur de Dieu dit lui-même ce qu'il croit de sa personne et de sa mission. Il a conscience d'avoir été connu, formé et appelé par Dieu pour être son porte-parole. Le message qu'il transmet provoque le renouveau du peuple d'Israël et annonce la délivrance de Dieu jusqu'au bout du monde. Le serviteur a traversé une période d'incertitude devant l'apparente inutilité de ses efforts, mais Dieu lui redonne de l'assurance pour accomplir sa mission : il sera une lumière pour l'humanité.
Comme dans le premier poème, Dieu renverse totalement la situation. Le serviteur, au lieu d'être méprisé, est reconnu par les gens puissants ; ceux-ci finissent par reconnaître que Dieu était avec lui pour le bien de tous.
L'extraordinaire singularité de ce poème pose la question de l'identité du serviteur dont la mission de salut est universelle. Il peut s'agir d'Israël, appelé à servir Dieu et à être lumière pour les nations ; ou encore du prophète lui-même.
En raison de son parcours si particulier (vocation au sein de son peuple, réactions de rejet, mission adressée aux nations), la tradition chrétienne a vu dans le serviteur une figure du Messie, envoyé vers le peuple d'Israël, rejeté et appelé à porter le salut jusqu'aux extrémités de la terre.
populations lointaines,
peuples éloignés, soyez attentifs.
Dès avant ma naissance,
le Seigneur m'a appelé ;
j'étais encore au ventre de ma mère
quand il a prononcé mon nom.
2Il a fait de ma parole une épée tranchante[#49.2 Comparer Hébr 4.12 ; Apoc 1.16.]
et il me cache à l'abri de sa main.
Il a fait de mon message une flèche pointue,
dissimulée dans son carquois.
3Il m'a dit :
« C'est toi qui es mon serviteur,
l'Israël dont je me sers
pour manifester ma gloire. »
4Quant à moi, je pensais
m'être donné du mal pour rien,
avoir usé mes forces
sans résultat, pour du vent.
Or le Seigneur garantit mon droit,
mon Dieu détient ma récompense.
5Mais maintenant,
le Seigneur déclare qu'il m'a formé
quand j'étais encore au ventre de ma mère
pour que je sois son serviteur.
Il veut que je ramène à lui
les descendants de Jacob,
que je rassemble près de lui
le peuple d'Israël.
Le Seigneur reconnaît
la valeur de mon service,
mon Dieu est ma force.
6Il m'a dit : « Cela ne suffit pas
que tu sois à mon service,
pour relever les tribus de Jacob
et ramener les survivants d'Israël.
Je fais de toi la lumière des nations,
pour que mon salut s'étende
jusqu'au bout du monde. »
7Le Seigneur te parle,
lui le libérateur de son peuple,
l'unique vrai Dieu, le Dieu d'Israël.
Il te déclare, à toi que l'on méprise
et que les gens détestent,
à toi l'esclave des tyrans :
« Quand les rois te verront,
ils se lèveront de leur trône.
Quand les princes t'apercevront,
ils s'inclineront devant toi. »
Ils montreront ainsi leur respect
pour le Seigneur, qui t'a choisi,
pour l'unique vrai Dieu, le Dieu d'Israël,
qui tient parole.
8Voici donc ce que le Seigneur déclare :
« Au moment favorable,
j'ai répondu à ton appel ;
quand est arrivé le jour du salut,
je suis venu à ton secours.
Je t'ai formé pour faire de toi
le garant de mon engagement
envers l'humanité.
Je vais relever le pays
et redistribuer les parts de la terre sainte
aujourd'hui ravagée.
9Je dis aux prisonniers,[#49.9 (v. 8) (v. 9) est parfois traduit]
Le serviteur proclame l'intervention du Seigneur au bénéfice des exilés. Les valeurs seront renversées : les esclaves seront couverts d'honneur. Leur retour au pays est annoncé au moyen d'images réjouissantes. Dieu aplanira toutes les difficultés du chemin. Comme un bon berger, il veillera à ce que son troupeau ne manque de rien (Ps 23), ne souffre plus, et il le rassemblera de toutes les nations où il était dispersé.
à ceux qui vivent dans le noir :
“Sortez, venez au jour.”
Ils seront alors comme un troupeau
qui broute le long des chemins
et trouve sa nourriture
sur toutes les collines.
10Ils ne souffriront plus
de la faim ou de la soif.
Ni le vent brûlant du désert
ni le soleil ne leur feront de mal.
Avec amour, je les conduirai
se rafraîchir aux sources.
11Je changerai les hauteurs
en chemins praticables,
je referai les routes.
12Les voici qui arrivent !
Ils reviennent de loin, les uns du nord,
d'autres de l'ouest, par la mer,
d'autres du sud, de l'Égypte. »
13Ciel, manifeste ta joie ;
terre, émerveille-toi ;
montagnes, lancez des acclamations,
car le Seigneur réconforte son peuple,
il montre son amour aux humiliés.
14Jérusalem disait :
Trois plaintes structurent ces versets ; à chacune d'elles répond une annonce de salut.
La première est une plainte contre Dieu (v. 14). Le peuple doute, se croit abandonné, mais Dieu est tellement attaché à Jérusalem, son enfant, qu'il est incapable de l'oublier. Ces paroles de tendresse émouvante ont réconforté de très nombreux croyants dans tous les âges.
Vient ensuite une plainte sur soi (v. 21) : il n'y a plus d'enfants… Mais le prophète annonce qu'Israël sera comblé d'enfants, originaires de toutes les nations.
La dernière plainte concerne les ennemis, peu enclins en général à lâcher leur butin (v. 24). Pourtant, ce qui semble impossible va se produire : Dieu lui-même combattra ces ennemis, il brisera la puissance de Babylone et les exilés seront libérés.
« Le Seigneur m'a abandonnée,
mon Maître m'a oubliée. »
15Mais le Seigneur répond :
Une femme oublie-t-elle l'enfant qu'elle allaite ?
cesse-t-elle d'aimer l'enfant qu'elle a porté ?
A supposer qu'elle l'oublie,
moi, je ne t'oublie pas :
16j'ai ton nom gravé[#49.16 ou]
sur les paumes de mes mains,
et l'image de tes murailles
ne quitte pas mes yeux.
17Ceux qui vont te rebâtir[#49.17 : d'après le principal manuscrit hébreu d'Ésaïe trouvé à Qumrân et plusieurs versions anciennes ; texte traditionnel]
se dépêchent d'arriver,
tandis que partent loin de toi
ceux qui t'ont démolie,
ceux qui t'ont dévastée.
18Regarde autour de toi et constate :
tes enfants se rassemblent tous
et arrivent vers toi.
J'en fais le serment par ma vie,
dit le Seigneur,
ils seront pour toi
comme un bijou dont on se pare,
comme une ceinture de fiançailles
qu'on se met à la taille.
19Tu es au milieu des ruines,
de quartiers dévastés,
ton pays est dépeuplé.
Mais il sera bientôt
trop étroit pour ses habitants,
tandis que partiront très loin
ceux qui t'avaient fait disparaître.
20Tu te croyais privée de fils,
mais à nouveau tu les entendras dire :
« Je n'ai pas de place,
pousse-toi donc un peu,
que je puisse m'installer. »
21Tu te demanderas alors :
« Qui m'a donné tous ces enfants ?
J'étais privée des miens
et sans espoir d'en avoir d'autres,
exilée et mise à l'écart.
Mais ceux-là, qui les a élevés ?
J'étais restée seule,
et ceux-là, où étaient-ils ? »
22Voici ce que le Seigneur Dieu déclare :
« Je vais faire signe aux nations,
dresser un signal pour les peuples.
Et ils ramèneront tes fils
en les prenant dans leurs bras,
ils ramèneront tes filles
en les portant sur leurs épaules.
23Tu auras, pour tes enfants,
des princesses comme nourrices,
des rois comme éducateurs.
Ils s'inclineront devant toi,
le visage contre terre,
léchant la poussière de tes pieds.
Alors tu reconnaîtras
que je suis le Seigneur,
et que ceux qui comptent sur moi
ne sont jamais déçus. »
24Va-t-on reprendre à l'homme de guerre
le butin dont il s'est emparé ?
Va-t-on arracher à la brute
celui qui est son prisonnier ?
25Oui, et voici ce que déclare le Seigneur :
« Je vais reprendre à l'homme de guerre
celui qu'il avait fait prisonnier,
je vais arracher à la brute
le butin dont il s'est emparé !
Jérusalem, je vais moi-même
prendre à partie tes adversaires
et délivrer tes enfants.
26Je forcerai tes oppresseurs
à manger leur propre chair,
à s'enivrer de leur sang
comme on s'enivre de vin nouveau.
Alors tout être vivant saura
que ton sauveur, c'est moi, le Seigneur,
et que j'ai pris ta cause en mains,
moi, le Dieu fort de Jacob. »