Lamentations 4

Les horreurs du siège de Jérusalem

La désolation de Jérusalem

(4.1-10)

1Comment l'or si brillant,

le métal si beau, a-t-il pu se ternir ?

Comment les pierres qui t'étaient consacrées

ont-elles pu s'éparpiller

à tous les coins de rue ?

2Comment les enfants de Sion ,

eux qui valaient leur pesant d'or,

peuvent-ils être estimés

au prix d'un simple pot de terre ?

3Même les chacals ont l'instinct maternel

et allaitent leurs petits.

Mais mon peuple est une mère inhumaine,

comme l'autruche dans le désert.

4De soif, les nourrissons

ont la langue collée à leur palais.

Les jeunes enfants réclament du pain ;

personne pour leur en offrir une bouchée.

5Ceux qui se nourrissaient de bons morceaux

tombent d'épuisement dans les rues.

Ceux qu'on avait élevés dans le luxe

fouillent à pleines mains les tas d'ordures.

6Les torts de mon peuple sont plus grands

que les fautes des gens de Sodome,

qui fut bouleversée en un clin d'œil

sans qu'on ait eu le temps de réagir.

7Les princes avaient plus d'éclat que la neige,

leur teint était plus blanc que le lait

et leur corps plus rose que le corail.

Leurs veines évoquaient le bleu du saphir.

8Ils paraissent maintenant plus noirs que la suie,

on ne les reconnaît plus dans la rue.

Ils n'ont plus que la peau sur les os,

une peau sèche comme du bois sec.

9Mieux valait succomber victime de l'épée

que mourir victime de la faim

et dépérir

affaibli par la disette.

10Des mères, pourtant pleines d'amour,

ont fait cuire elles-mêmes leurs enfants

pour s'en nourrir,

dans le désastre qui atteint mon peuple.

Prophètes et prêtres accusés

(4.11-16)

Avant la prise de Jérusalem, ses habitants pensaient la ville invincible, en partie à cause du temple. Le Seigneur ne laisserait jamais profaner ni détruire sa maison (Jér 7.1-1526.1-19). Or, les fautes du peuple et de ses membres influents (2.14Jér 23.11) étaient si graves qu'elles menaient tout droit au jugement de Dieu.

Les prêtres et les prophètes sont devenus impurs comme des lépreux. Une règle de la loi de Moïse interdit d'entrer en contact avec ces derniers et même de toucher leurs vêtements. Ils sont rejetés et exclus (Lév 13.45-46).

11Le Seigneur est allé au bout de sa fureur,

il a déversé son ardente colère.

A Sion , il a allumé un incendie

qui en a dévoré les fondations.

12Les rois de la terre ni personne au monde

n'auraient pu croire

que l'ennemi vainqueur entrerait un jour

par les portes de Jérusalem.

13Ce désastre est dû aux fautes des prophètes

et aux crimes des prêtres,

qui ont répandu dans la ville

le sang des vrais fidèles.

14Comme des aveugles dans les rues

ils avancent hésitants, souillés de sang.

Il est interdit de toucher

même à leurs vêtements.

15Quand ils arrivent on crie :

« Écartez-vous, ils sont impurs !

Écartez-vous, n'approchez pas ! »

Tandis qu'ils s'enfuient

sans savoir où aller,

les peuples étrangers déclarent :

« Pas question qu'ils restent

plus longtemps chez nous ! »

16Le Seigneur en personne les a dispersés,

il ne veut plus les voir.

On n'a pas eu d'égards pour les prêtres,

ni de respect pour les vieillards.

Une confiance mal placée

(4.17-20)

Les Judéens avaient compté sur l'aide de l'Égypte pour les délivrer de l'invasion babylonienne. C'était peine perdue : aucune aide extérieure ne pouvait écarter le jugement de Dieu (Jér 37.5-8).

Au sujet de la fuite et de la capture de Sédécias, le dernier roi de Juda, on peut lire Jér 39.1-752.6-11.

17Nos yeux continuaient à se fatiguer,

à épier un secours qui ne venait pas.

Nous avons attendu sans répit

l'arrivée d'une nation

qui n'est pas venue nous sauver.

18On surveille nos pas :

impossible de nous rendre sur nos places.

Nous avons fait notre temps,

notre fin est proche, elle est là.

19Nos poursuivants sont rapides,

plus que l'aigle dans le ciel.

Ils nous pourchassent sur les montagnes,

ils nous guettent dans les lieux inhabités.

20Celui dont notre vie dépendait,

le roi que le Seigneur avait consacré,

lui dont nous disions : « Sous sa garde

nous aurons notre place parmi les nations »,

le voilà captif dans une fosse ennemie !

Les profiteurs sont jugés

(4.21-22)

Les Édomites avaient profité de la chute de Jérusalem, prise par les Babyloniens, pour participer à son pillage (Abd 10-15Jér 49.7-22). Ils seront à leur tour jugés. La nudité des vaincus était utilisée par les conquérants pour accentuer leur humiliation (És 20.1-6). Au sujet de « la coupe du jugement », on peut lire Jér 25.15-2949.1251.7.

Le jugement de Jérusalem est désormais accompli, la ville peut donc retrouver une espérance (És 40.1-2).

21Tu peux être ravie, population d'Édom,

toi qui habites le pays d'Ous !

Mais la coupe du jugement

te parviendra à toi aussi !

Tu t'y enivreras,

tu te mettras toute nue !

22Ta punition est complète, pauvre Sion.

On ne t'emmènera plus en déportation.

Quant à toi, Édom,

le Seigneur punira tes fautes,

il démasquera tes crimes.

Société biblique française – Bibli'O, 2004
Published by: French Bible Society