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1Tourne-toi, tourne-toi, Sulamite,
On peut remarquer un jeu de mots en hébreu entre Sulamite (7.1) et Salomon (3.7-10). Les deux noms sont construit, sur le même mot shalom , la paix. Or cette paix est moins la tranquillité que la plénitude de relation, que ce soit avec Dieu ou avec l'autre, les autres. Le Cantique célèbre donc, au-delà de deux personnes particulières, toute vraie relation de paix entre deux parties. Cette harmonie est symbolisée ici par la danse. Israël aussi dansera quand Dieu interviendra pour son salut et rétablira la paix (Jér 31.4).
La description du corps de la bien-aimée (7.2-6) est faite du bas vers le haut, dans le mouvement de la danse.
Hèchebon (7.5) est une ville située au-delà du Jourdain (Nomb 21.25). En hébreu l'œil désigne également la source d'eau, d'où la référence aux étangs. Le Carmel forme comme un cap sur la Méditerranée : il représente bien la tête (És 35.2 évoque sa splendeur).
Le palmier (7.7-9) est un symbole de la beauté féminine, trois femmes portent ce nom dans la Bible (en hébreu Tamar, Gen 38.62 Sam 13.114.27). Dans ces versets, le palmier évoque la sveltesse de la danseuse.
Certains mystiques chrétiens ont vu dans cet arbre une figure de la croix du Christ.
Au v. 10b, la jeune femme enchaîne sur le dernier mot de son amoureux. A certains moments, l'absence de séparation nette entre les paroles des deux amants renforce l'impression d'un amour réellement partagé. A d'autres moments, les amoureux semblent se chercher. Le texte exalte à la fois la connivence créée par l'amour, et le mystère de chacun.
« C'est moi qu'il désire » (7.11) : le même mot est employé en Gen 3.16. Alors que dans la Genèse, le désir se brisait sur la dureté et l'inégalité de la relation, il est reconnu dans le Cantique comme une pulsion bonne et se réalise dans un échange et un consentement réciproque. Les prophètes expriment de manière analogue la relation nouvelle entre l'époux divin et son peuple (És 62.4).
tourne-toi donc
et laisse-nous te regarder.
Pourquoi regarder la Sulamite
entraînée dans la danse à deux camps ?
2Que tes pieds sont jolis
dans leurs sandales, princesse !
La courbe de tes hanches
fait penser à un collier
sorti des mains d'un artiste.
3Le bas de ton ventre[#7.3 : autre traduction (comparer Ézék 16.4).]
est une coupe ronde,
où le vin parfumé
ne devrait pas manquer.
Ton ventre est un tas de blé
entouré d'anémones.
4Tes deux seins sont comme deux cabris,
comme les jumeaux d'une gazelle.
5Ton cou ressemble à la Tour-d'ivoire.
Tes yeux me rappellent
les étangs de Hèchebon,
à la sortie de cette grande cité.
Ton nez est aussi gracieux
que la Tour-du-Liban,
qui monte la garde en face de Damas.
6Ta tête se dresse fièrement
comme le mont Carmel.
Les mèches de tes cheveux
ont des reflets de pourpre ;
un roi est pris à leurs boucles.
7Que tu es belle et gracieuse,
mon amour,
toi qui fais mes délices !
8Et quelle ligne élancée !
On dirait un palmier-dattier ;
tes seins en sont les régimes.
9Ce qui me fait dire :
« Il faut que je monte au palmier
pour mettre la main sur ses régimes ! »
Que tes seins soient aussi pour moi
comme des grappes de raisin,
et le parfum de ton haleine
comme l'odeur des pommes !
10Que ta bouche m'enivre
comme le bon vin… !
…oui, un bon vin
réservé à mon bien-aimé
et glissant sur nos lèvres endormies.
11Je suis à mon bien-aimé
et c'est moi qu'il désire.
12Viens, mon amour, sortons,
Les images printanières témoignent de la conviction que la relation est toujours à développer. Son épanouissement passe à travers les étapes de la germination faites de patience et d'espérance. Ce qui est vécu aujourd'hui ouvre sur la nouveauté de demain, symbolisée par les fleurs des grenadiers et les fruits de l'automne.
Les pommes d'amour (7.14) sont des mandragores (Gen 30.14-16) ; leur nom hébreu a la même racine que le mot amour . « Je te donnerai » (7.13) : l'amour s'accomplit dans le fait d'être prêt à se donner à l'autre, un don irrévocable, loin des hésitations du cœur.
A cinq reprises, il l'avait appelée « ma sœur » (4.910125.12), comme dans la poésie amoureuse de l'Orient. En l'appelant « mon frère », elle cherche à exprimer le désir d'une intimité plus grande et plus régulière avec lui, ou la possibilité de l'introduire dans la maison familiale sans avoir à se cacher.
Une lecture chrétienne voit ici une évocation du Messie, qui, né d'une femme et nourri par elle, est devenu le frère de tous les humains.
allons passer la nuit
parmi les fleurs de henné.
13Nous serons de bonne heure aux vignes,
nous verrons si elles bourgeonnent
ou même si les bourgeons s'ouvrent,
et si les grenadiers sont en fleur.
Et là je te donnerai mon amour.
14Les pommes d'amour[#7.14 ou (voir Gen 30.14-16).]
libèrent leur senteur.
A notre porte nous avons
toutes sortes de fruits exquis,
des nouveaux et des anciens.
Mon amour, je les ai réservés pour toi.