2 Samuel 12

Nathan dénonce la faute de David

1Le Seigneur envoya Nathan à David. Nathan vint à lui et lui dit :[#12.1 Le récit des v. 1-4 est une parabole ; on en trouve quelques autres dans l'A.T., p. ex. 14.5-7 ; Jg 9.8-15 ; 2R 14.9 ; Es 5.1-7. Voir « Quelques paraboles de la Bible »♦. – cf. 7.2-4 ; quelques mss hébreux ou des versions anciennes précisent le prophète voir aussi 24.11s. – cf. Ps 51.2. – cf. Lc 16.19-31.]

Il y avait dans une même ville deux hommes,

l'un riche et l'autre pauvre.

2Le riche avait du petit bétail et du gros bétail en très grande quantité.

3Le pauvre n'avait rien qu'une petite brebis, qu'il avait achetée ;[#12.3 Dans un langage très imagé, Nathan exprime la profonde affection que le pauvre porte à sa brebis unique.]

il la nourrissait, et elle grandissait chez lui avec ses fils ;

elle mangeait de son pain,

buvait dans sa coupe,

couchait sur son sein.

Elle était pour lui comme une fille.

4Un voyageur arriva chez l'homme riche ;[#12.4 Cf. Gn 18.6-8 ; 1S 28.24s.]

comme celui-ci voulait épargner son petit bétail et son gros bétail

pour préparer un repas au voyageur qui était arrivé chez lui,

il prit la brebis du pauvre

et l'apprêta pour l'homme qui était arrivé chez lui.

5David se mit dans une grande colère contre cet homme ; il dit à Nathan : Par la vie du Seigneur , l'homme qui a fait cela mérite la mort ![#12.5 cf. 1S 11.6+. – 1S 14.39. – cf. 1S 20.31.]

6Quant à la brebis, il la compensera au quadruple, puisqu'il a fait une chose pareille, qu'il n'a pas voulu l'épargner.[#12.6 cf. Ex 21.37 ; Lc 19.8 ; dit au septuple.]

7Alors Nathan dit à David : Cet homme-là, c'est toi ! Ainsi parle le Seigneur , le Dieu d'Israël : C'est moi qui t'ai conféré l'onction pour que tu sois roi sur Israël, et c'est moi qui t'ai délivré de la main de Saül ;[#12.7 cf. 1R 20.40-42. – cf. 7.8s ; 1S 16.11-13 ; voir aussi 1S 10.1 ; 15.17. – cf. 22.1 ; 1S 19.11-17 ; 27.1.]

8je t'ai donné la maison de ton seigneur, j'ai placé sur ton sein les femmes de ton seigneur et je t'ai donné la maison d'Israël et de Juda. Et si cela ne suffisait pas, j'y ajouterais encore ![#12.8 cf. 3.7. – voir 5.5. – litt. j'ajouterais pour toi comme cela et comme cela.]

9Pourquoi donc as-tu méprisé la parole du Seigneur , en faisant ce qui lui déplaisait ? Tu as abattu par l'épée Urie, le Hittite ; tu as pris sa femme pour en faire ta femme, et lui, tu l'as tué par l'épée des Ammonites.[#12.9 une version grecque ancienne a lu méprisé le , ce qui pourrait avoir été le texte primitif (cf. v. 10), adouci ultérieurement par l'insertion de la parole de . – voir Ex 20.13s ; Nb 15.31 ; 22.34. – Nathan dénonce clairement la responsabilité entière du roi, tout en précisant ensuite la manière indirecte qu'il a utilisée : (voir 11.17).]

10Maintenant, l'épée ne s'écartera jamais de ta maison, parce que tu m'as méprisé et parce que tu as pris la femme d'Urie, le Hittite, pour en faire ta femme.[#12.10 c.-à-d. la mort violente ne cessera pas de frapper dans ta famille, affirmation qui prépare aux récits de 13.28s ; 18.14s ; 1R 2.23-25. – cf. 1S 2.30. – voir Ex 20.17.]

11Ainsi parle le Seigneur : Je suscite un malheur contre toi du sein de ta maison ; je prendrai tes propres femmes sous tes yeux pour les donner à l'un de tes proches, et il couchera avec tes femmes sous les yeux de ce soleil.[#12.11 Voir 16.21s.]

12Toi, tu as agi en secret, mais moi, je ferai cela à la face de tout Israël et à la face du soleil.[#12.12 cf. Jb 34.22 ; Ec 12.14 ; Mt 10.26/ / ; Lc 12.2.]

13David dit à Nathan : J'ai péché contre le Seigneur ! Nathan répondit à David : Le Seigneur laisse passer ton péché ; tu ne mourras pas.[#12.13 24.10 ; Ps 32.5 ; 51.6 ; cf. Pr 28.13 ; Lc 15.21. – cf. Es 44.22 ; Mi 7.18 ; Ps 32.1s,5 ; 130.3s ; 1Jn 1.7-9. – Ez 33.11 ; cf. Lv 20.10 ; Nb 35.31.]

14Mais, parce que tu as bafoué le Seigneur en cette affaire, le fils qui t'est né mourra.[#12.14 le texte hébreu traditionnel porte tu as bafoué les ennemis du , leçon qui vise de toute évidence à éviter une tournure jugée blasphématoire (cf. 1S 20.16 ; 25.22) ; certains comprennent cependant tu as fait que les ennemis du le bafouent ; cf. Es 52.5 ; Rm 2.24. – cf. 1R 14.12 ; voir aussi Jos 6.26 ; 1R 16.34.]

15Puis Nathan s'en alla chez lui.[#12.15 cf. 1S 25.38 ; le verbe hébreu évoque souvent un fléau, cf. Ex 7.27 ; 1S 4.2.]

Mort de l'enfant de Bethsabée

Le Seigneur frappa l'enfant que la femme d'Urie avait donné à David : il tomba malade.

16David rechercha Dieu pour le garçon et il se mit à jeûner. Rentré chez lui, il passait la nuit couché par terre.[#12.16 la tournure de la phrase en hébreu suggère que David s'est rendu au sanctuaire pour prier Dieu. – cf. Jl 2.12-14 ; Jon 3.5-9. – 13.31. ajoute dans un sac . Rites de pénitence de David, qui espère ainsi fléchir Dieu et obtenir la guérison de l'enfant.]

17Les anciens de sa maison insistèrent auprès de lui pour qu'il se relève de terre ; mais il ne voulut pas et il refusa de manger quoi que ce soit avec eux.[#12.17 litt. du pain, cf. 3.35 ; 1S 28.20.]

18Le septième jour, l'enfant mourut. Les gens de la cour de David avaient peur de lui annoncer que l'enfant était mort. Ils disaient : Lorsque l'enfant était encore en vie, nous lui avons parlé, et il ne nous a pas écoutés ; comment pourrions-nous lui dire : « L'enfant est mort ! » Il va très mal réagir.[#12.18 litt. il n'a pas écouté notre voix . – litt. il fera du mal.]

19David s'aperçut que ses gens chuchotaient entre eux et il comprit que l'enfant était mort. Il leur demanda : L'enfant est-il mort ? Ils répondirent : Il est mort.

20Alors David se releva de terre. Il se lava, se parfuma et changea de vêtements ; puis il se rendit à la maison du Seigneur et se prosterna. Il rentra ensuite chez lui et demanda qu'on lui serve un repas ; il mangea.[#12.20 Contrairement à la coutume qui aurait voulu qu'il accomplisse un certain nombre de rites de deuil (on négligeait par exemple les soins corporels ordinaires), David reprend une vie normale, ce qui ne manque pas de surprendre son entourage (v. 21).]

21Les gens de sa cour lui dirent : Que fais-tu là ? Quand l'enfant était vivant, tu jeûnais et tu pleurais pour lui ; et maintenant que l'enfant est mort, tu te lèves et tu manges !

22Il répondit : Lorsque l'enfant était encore en vie, je jeûnais et je pleurais, car je disais : Qui sait si le Seigneur ne me fera pas grâce et si l'enfant ne vivra pas ?[#12.22 cf. 1R 21.27-29 ; Es 38.1-8.]

23Maintenant qu'il est mort, pourquoi jeûnerais-je ? Puis-je le faire revenir ? C'est moi qui irai le rejoindre ; lui, il ne me reviendra pas.[#12.23 cf. Gn 37.35. – cf. Jb 7.9s ; 10.21 ; 16.22.]

Naissance de Salomon

24David consola Bethsabée, sa femme ; il alla avec elle, il coucha avec elle. Elle mit au monde un fils qu'il appela du nom de Salomon, et qui fut aimé du Seigneur .[#12.24 11.4 ; Gn 16.2. – selon une lecture traditionnelle, qu'elle appela selon une autre. – ce nom évoque en hébreu l'idée de paix, bien-être ; cf. 1Ch 22.9 ; Mt 1.6. – litt. et YHWH l'aima.]

25Par l'intermédiaire de Nathan, le prophète, il l'appela du nom de Yedidia (« Bien-Aimé du Seigneur »), à cause du Seigneur .[#12.25 Les sujets des deux verbes de ce v. ne sont pas expressément mentionnés ; litt. et il envoya par la main de Nathan, le , et il appela son nom Yedidia, d'où plusieurs interprétations possibles : Le aima l'enfant et il envoya le prophète Nathan le communiquer à David ; il (= le , ou David, ou Nathan, ou encore on ) donna à l'enfant le nom de Yedidia, nom apparenté à celui de David ; cf. Ex 15.2. – cf. Né 13.26.]

David s'empare de Rabba

1Ch 20.1-3

26Joab attaqua Rabba-des-Ammonites et prit la cité royale.[#12.26 Le v. 26 reprend le récit interrompu de la guerre contre les et du siège de leur capitale (voir 11.1). – on ignore quelle est la différence exacte entre cette appellation et celle du v. 27, Ville des Eaux ; on peut penser que désignait la capitale d'une manière globale, capitale dont aurait seulement commencé la prise par la partie basse ( la Ville des Eaux ), laissant au roi le soin d'achever la conquête de la citadelle et de recevoir le crédit de la victoire.]

27Il envoya des messagers à David, pour lui dire : J'ai attaqué Rabba et j'ai déjà pris la Ville des Eaux ;[#12.27 peut-être un point d'eau fortifié. Le Yabboq (voir Gn 32.23 ; Jg 11.13,22) prend sa source dans les environs de (voir 10.3), qu'il alimente en eau.]

28rassemble maintenant le reste des troupes, dresse ton camp contre la ville et prends-la, de peur que je ne la prenne moi-même et que mon nom ne soit prononcé sur elle.[#12.28 litt. du peuple, de même dans la suite ; cf. 10.9,13 ; 1S 13.4. – on peut comprendre d'une façon générale que l'honneur de la victoire ne me revienne, à moi et non à toi ; ou bien qu'elle ne soit appelée de mon nom (et non du tien) (cf. Es 4.1, où la même formule hébraïque est appliquée à une femme qui porte le nom de son mari). Comparer avec 2S 5.6-9, où la forteresse de Jérusalem est appelée Ville de David à partir du moment où David s'en est emparé.]

29David rassembla toutes les troupes et marcha sur Rabba ; il l'attaqua et la prit.

30Il prit la couronne de la tête de son roi ; son poids était d'un talent – un talent d'or – et elle était garnie d'une pierre précieuse. Elle fut dès lors sur la tête de David. Il emporta de la ville un très grand butin.[#12.30 litt. de leur roi (= le roi des Ammonites) ; la plupart des mss de ont lu ici un nom propre, ce qui peut suggérer que le texte hébreu portait à l'origine de Milkom (nom du dieu des Ammonites, cf. 1R 11.5,33 ; 2R 23.13) ; on comprendrait mieux ainsi le poids de la couronne ( c.-à-d. plus de trente kilos ; voir , poids et monnaies) ornant une statue de la divinité. – il s'agit peut-être, non pas de mais de la qu'on aurait sertie dans la couronne royale de David (cf. 1R 5.31).]

31Quant au peuple qui s'y trouvait, il le fit sortir ; il les affecta aux scies, aux herses de fer et aux haches de fer, et les condamna au moulage des briques ; il traita de même toutes les villes des Ammonites. Puis David revint à Jérusalem avec toutes les troupes.[#12.31 Le texte de ce v. est peu clair, car le sens de plusieurs mots n'est pas assuré. L'idée la plus généralement admise est que les Ammonites sont condamnés à des travaux forcés ; on a cependant parfois compris qu'ils auraient été torturés au moyen des instruments énumérés. – et traduisent le même mot hébreu. – litt. les fit passer . – comme autrefois les Hébreux en Egypte, voir Ex 5.6-21.]

Nouvelle Bible Segond © Société biblique française-Bibli'O, 2002 Première édition de la Bible d’étude : sous la direction de Henri Blocher, Jean-Claude Dubs†, Mario Echtler†, Jean-Claude Verrecchia, coordination Didier Fougeras.
Published by: French Bible Society