Job 31

Dernière réplique de Job (fin) : si j'ai péché, que Dieu m'achève

1J'avais conclu une alliance pour mes yeux ;[#31.1 cf. Gn 15.18. – autre traduction sur une jeune fille ; certains modifient le texte hébreu traditionnel pour lire sur une folie ; d'autres interprètent la comme une référence à la déesse Ishtar, également appelée vierge des cieux ; cf. Jr 7.18 ; 44.16ss ; voir aussi Es 33.15 ; Mt 5.28 ; 9.5 : « N'attache pas tes regards sur une jeune fille, de peur d'être pris au piège dans sa condamnation. »]

comment aurais-je pu fixer mon attention sur une vierge ?

2Quelle part Dieu m'aurait-il réservée d'en haut ?[#31.2 20.29+. – 5.17.]

Quel patrimoine le Puissant m'aurait-il envoyé depuis les hauteurs ?

3La catastrophe n'est-elle pas pour l'homme injuste,[#31.3 34.8,22 ; Es 31.2 ; Os 6.8 ; Ps 5.6+ ; Pr 10.22 ; 21.15.]

et l'infortune pour les malfaisants ?

4Ne regardait-il pas mes voies ?[#31.4 14.16+.]

Ne comptait-il pas tous mes pas ?

5Ai-je eu recours à l'illusion,[#31.5 litt. si j'ai marché avec le néant (quelques mss hébreux et des versions anciennes portent avec les hommes de néant ) , si mon pied s'est hâté vers la tromperie.]

me suis-je orienté vers la tromperie ?

6Que Dieu me pèse dans des balances justes,[#31.6 Pr 16.2 ; 21.2. – 1.1+ ; Ps 7.9 ; 17.1-5.]

et il saura mon intégrité !

7Si mes pas se sont écartés du chemin,[#31.7 v. 38-40 ; cf. Nb 5.19-22 ; Jg 17.2 ; 1R 8.31. – Voir]

si mon cœur a suivi mes yeux,

si quelque souillure s'est attachée à mes mains,

8que je sème et qu'un autre mange,

et que mes rejetons soient déracinés !

9Si mon cœur a été séduit par une femme,[#31.9 autre traduction dupé, même verbe au v. 27 ; cf. Pr 6.23-26 ; Ec 7.26. – le terme hébreu est habituellement traduit par tendre une embuscade.]

si j'ai fait le guet à la porte de mon prochain.

10Que ma femme tourne la meule pour un autre,[#31.10 c.-à-d. qu'elle soit son esclave.]

et que d'autres abusent d'elle !

11Car ce serait une infamie,[#31.11 Dt 22.22 ; Pr 6.32 ; Jn 8.4s. – terme apparenté au v. 28 ; cf. Ex 21.22.]

une faute du ressort des juges.

12C'est un feu qui dévorerait jusqu'au monde des disparus,[#31.12 26.6. – autre traduction réduirait à rien tous mes revenus.]

et qui arracherait toutes mes récoltes.

13Si j'ai méprisé le droit de mon serviteur ou de ma servante[#31.13 Cf. Ex 21.2s ; Lv 25.39-43 ; Dt 5.14 ; Jr 34.8s. – 5.17 ; 7.16.]

quand ils étaient en litige avec moi,

14que ferai-je, quand Dieu se lèvera ?

Quand il demandera des comptes, que répondrai-je ?

15Celui qui me faisait dans le ventre de ma mère ne les a-t-il pas faits aussi ?[#31.15 litt. celui qui me faisait dans le ventre ne l'a-t-il pas fait (le serviteur ou la servante ) Cf. Pr 17.5 ; 22.2. – litt. un seul . – litt. placés.]

Un seul Dieu ne nous a-t-il pas formés dans le sein maternel ?

16Si j'ai refusé aux pauvres ce qu'ils désiraient,[#31.16 6.14+. – 11.20+. – 22.9+.]

si j'ai laissé les yeux de la veuve s'épuiser,

17si j'ai mangé seul ma ration,[#31.17 22.7+,9+ ; Es 58.7.]

sans que l'orphelin puisse en manger,

18– car, depuis ma jeunesse, il a grandi avec moi comme avec un père ;[#31.18 d'autres comprennent il (Dieu) m'a élevé comme un père . – litt. je l'ai guidée, ce qui pourrait aussi, à la rigueur, s'appliquer à la mère.]

depuis le ventre de ma mère, j'ai guidé la veuve –

19si j'ai vu le vagabond manquer de vêtements,[#31.19 22.6+.]

le pauvre dépourvu de couverture,

20sans que ses reins m'aient béni,[#31.20 Cf. Dt 24.13. – autre traduction si ses reins ne m'ont pas béni (cf. v. 31 ; 30.25).]

sans qu'il ait été réchauffé par la toison de mes moutons ;

21si j'ai levé la main contre l'orphelin,[#31.21 Ps 82.3. – litt. agité (cf. Es 10.32+). – litt. parce que je voyais mon secours à la porte ; c.-à-d. lors d'un jugement (cf. 5.4).]

parce que je me voyais soutenu à la porte de la ville,

22que mon bras se détache de mon épaule,

mon avant-bras du coude, et qu'il se brise !

23Car la catastrophe venant de Dieu était une frayeur pour moi,[#31.23 Ps 119.120. – litt. d'El ou de Dieu.]

et je ne peux rien devant sa majesté.

24Si j'ai fait de l'or mon assurance,[#31.24 8.14. – litt. ma confiance ou ma sécurité ; cf. 22.24+ ; Ps 49.7 ; 52.9 ; Pr 11.28 ; Mc 10.23-25 ; Lc 12.19s.]

si j'ai dit au métal précieux : « Je me fie à toi ! »,

25si je me suis réjoui de l'abondance de mes biens,[#31.25 litt. trouvées.]

des richesses que ma main avait acquises ;

26si j'ai regardé la lumière quand elle brillait,

la lune quand elle s'avançait radieuse,

27si mon cœur s'est laissé séduire en secret,[#31.27 v. 9. – geste d'adoration envers les astres. Cf. Dt 4.19 ; 17.3 ; Jr 8.2 ; Ez 8.16.]

si ma main s'est portée à ma bouche pour un baiser ;

28ce serait encore une faute passible de jugement,[#31.28 6.14. – v. 11.]

et j'aurais renié le Dieu d'en haut !

29Si je me suis réjoui du malheur de mon ennemi,[#31.29 Pr 17.5 ; 24.17 ; Mt 5.44 ; Lc 6.27s. – litt. celui qui me détestait ou qui me haïssait . – litt. trouvé.]

si j'ai sauté d'allégresse parce qu'un mal l'avait atteint,

30moi qui n'avais pas permis à ma bouche de pécher,[#31.30 litt. mon palais, cf. 6.30. – litt. sa vie ou son être, voir Gn 1.20. – autre traduction adjuration ; sur le terme hébreu correspondant, voir Gn 24.41 ; Lv 5.1 ; Nb 5.21 ; Dt 29.11ss ; Ps 59.13 ; voir aussi , malédiction.]

de demander sa mort par une malédiction ;

31si les gens qui sont dans ma tente ne disaient pas :[#31.31 Cf. Es 58.10. – c.-à-d., probablement, mes hôtes.]

« Qui n'a-t-il pas rassasié de viande ? »

32– L'immigré ne passait pas la nuit dehors,[#31.32 Cf. Gn 19.2 ; Jg 19.20.]

j'ouvrais ma porte au voyageur. –

33Si, comme tout être humain, j'ai couvert mes transgressions,[#31.33 autre traduction comme Adam (cf. Gn 1.26 ; 3.10). – litt. dans mon sein ou dans mon giron, désignant le repli du vêtement qui sert de poche.]

pour enfouir ma faute dans ma poche,

34parce que j'étais effrayé de la rumeur de la multitude,[#31.34 Cf. Pr 29.25.]

parce que le mépris des clans me terrifiait ;

si je me suis tenu silencieux sans franchir ma porte…

35Ah ! s'il y avait quelqu'un pour m'écouter ![#31.35 13.17-22+. – litt. mon taw, nom de la dernière lettre de l'alphabet hébreu, à l'origine en forme de croix (X ; cf. Ez 9.4). Il faut peut-être comprendre ici mon dernier mot ou ma signature . – 5.17. – 13.19 ; l'expression rendue ici par a aussi été traduite par homme de querelle (Jr 15.10), et au pluriel ceux qui te cherchent querelle (Es 41.11).]

Voilà mon dernier signe ;

que le Puissant me réponde !

La plainte écrite par mon accusateur,

36ne la porterai-je pas sur mon épaule,

ne la nouerai-je pas sur moi comme une couronne ?

37Je lui rendrai compte du nombre de mes pas,

je m'approcherai de lui comme un chef.

38Si ma terre crie contre moi,[#31.38 v. 7+. – (litt. mon sol, cf. Gn 2.5) Lv 26.34s ; 2Ch 36.21.]

si ses sillons versent des larmes ;

39si j'en ai mangé le produit sans l'avoir payé,[#31.39 Cf. Jr 22.13. – litt. si j'ai mangé sa force sans argent . – litt. fait souffler.]

si j'ai désespéré ses propriétaires ;

40qu'il en sorte des ajoncs au lieu de froment,[#31.40 traduction incertaine ; le terme semble dérivé d'une racine qui évoque une mauvaise odeur (cf. Gn 34.30). Il s'agit peut-être d'une plante à l'odeur nauséabonde. Cf. Gn 3.18. – litt. s'achèvent (les paroles), verbe de la même racine que le terme traduit par intégrité (1.1+).]

et de l'ivraie au lieu d'orge !

Fin des paroles de Job.

Nouvelle Bible Segond © Société biblique française-Bibli'O, 2002 Première édition de la Bible d’étude : sous la direction de Henri Blocher, Jean-Claude Dubs†, Mario Echtler†, Jean-Claude Verrecchia, coordination Didier Fougeras.
Published by: French Bible Society