Jérémie 6

Un grand désastre menace Jérusalem

1Sortez de Jérusalem

pour vous mettre à l'abri,

gens de Benjamin.

Dieu ne prend pas plaisir à la violence

(6.1-9)

La destruction annoncée est sur le point de se réaliser. L'armée babylonienne avance résolument vers Jérusalem. A moins d'un miracle, c'est la fin de la ville sainte : l'envahisseur a l'intention de mettre la ville à sac. Aux yeux de Jérémie, la faute des Judéens est si grande que Dieu est prêt à laisser le roi babylonien prendre les armes contre eux. Cependant, c'est à contrecœur que le Seigneur se lève contre le pays de Juda. Si seulement son peuple était prêt à se détourner de la violence, de l'oppression et de l'injustice, Dieu mettrait alors fin à ces mesures éducatives.

Sonnez du cor à Técoa,

dressez un signal à Beth-Kérem,

car un malheur, un grand désastre

apparaît à l'horizon du nord.

2La voilà ruinée,[#6.2 : autre traduction ou]

la belle et délicate Sion !

3Des gens arrivent jusqu'à elle,

comme des bergers avec leurs troupeaux.

Contre elle, tout autour,

ils dressent leur camp ;

chacun a son secteur

pour mener ses troupes.

4Ils s'écrient : « Debout,

qu'on appelle à la guerre sainte contre elle !

Donnons l'assaut en plein midi…

Quelle malchance ! le jour baisse,

les ombres du soir s'allongent.

5Eh bien, donnons l'assaut de nuit,

détruisons ses belles maisons ! »

6Voici ce que déclare

le Seigneur de l'univers :

« Abattez des arbres

pour élever un remblai

contre Jérusalem. »

La preuve en est faite : c'est la ville

envahie tout entière par la brutalité.

7Elle fait jaillir sa méchanceté

comme une fontaine

fait jaillir ses eaux.

On n'y entend parler

que de violence et d'oppression.

J'ai sous les yeux un spectacle sans fin

de blessures et de souffrances.

8« Jérusalem, prends garde à toi,

sinon je me détacherai de toi

et te réduirai en désert,

en terre inhabitée. »

Un peuple qui refuse d'écouter

9Voici ce que déclare

le Seigneur de l'univers :

« Ramassez jusqu'au dernier

les survivants d'Israël,

comme on grappille dans une vigne ;

que votre main repasse

le long des sarments,

comme celle des vendangeurs ! »

10A qui dois-je parler,

qui avertir pour qu'on m'écoute ?

Ils ont les oreilles bouchées,

Un péril imminent

(6.10-15)

Jérémie s'insurge devant l'inconscience d'un peuple qui se précipite vers sa propre destruction. Et Dieu n'intervient en aucune manière pour modérer les paroles orageuses du prophète. Il est impératif que tous, jeunes et vieux, comprennent la colère du Seigneur et de son prophète. Juda, tel un enfant irréfléchi, se met dans une situation dangereuse, tandis que le Seigneur et son messager tentent désespérément de lui faire prendre conscience du péril.

ils ne peuvent pas être attentifs.

Ce que tu dis, Seigneur,

provoque leurs moqueries ;

ils ne veulent rien entendre.

11Quant à moi, Seigneur,

je suis rempli de ta fureur

et je m'épuise à la retenir.

« Répands-la tout à la fois

sur les enfants dans les rues

et sur l'ensemble des jeunes gens.

Hommes et femmes,

vieux et très vieux,

tous seront emmenés.

12Leurs maisons passeront à d'autres,

leurs champs et leurs femmes aussi.

Oui, je vais intervenir

contre tous les habitants du pays,

déclare le Seigneur.

13Car du plus petit au plus grand

tous ne cherchent que leur profit.

Du prophète au prêtre

tous sont des tricheurs.

14Ils traitent à la légère

le désastre de mon peuple,

en déclarant : “Tout va bien,

tout va très bien”,

alors que tout va mal.

15Éprouvent-ils quelque regret

des horreurs qu'ils ont commises ?

Pas le moins du monde !

Reconnaître leurs torts

est quelque chose qu'ils ignorent.

C'est pourquoi, dit le Seigneur,

ils seront au nombre des victimes,

quand j'interviendrai contre eux ;

ils se retrouveront à terre !

16Voici ce que déclare le Seigneur :

Arrêtez-vous un instant

sur la route où vous marchez ;

Retrouver le bon chemin

(6.16-21)

Le prophète voit le passé comme un guide précieux pour comprendre le présent et envisager l'avenir avec sagesse. Mais il doit se rendre à l'évidence : son peuple souffre d'amnésie et d'aveuglement chroniques ! Il dénonce aussi l'opulence des pratiques du culte, laquelle dissimule un profond mal social. La richesse des offrandes présentées au temple contraste avec la pauvreté visible dans les rues de la ville. Tout cela ne laisse présager rien de bon. La vie même du peuple est en jeu.

regardez et informez-vous

des expériences du passé.

Cherchez le bon chemin,

suivez-le et vous vivrez tranquilles.

Mais ils ont répondu :

“Nous n'en ferons rien”.

17J'ai placé des sentinelles

pour les avertir : Attention,

le cor sonne l'alerte !

Mais ils ont répondu :

“Ça nous est égal”.

18Écoutez donc, vous les nations,

sachez tous ce qui va leur arriver.

19Écoutez, peuples du monde entier :

Je vais envoyer à ces gens le malheur

que méritent leurs intentions mauvaises.

Ils n'ont pas pris garde

à ce que je leur disais,

ils n'ont pas voulu

de mes enseignements.

20A quoi bon importer pour moi

de l'encens de Saba

et du roseau aromatique

d'un pays lointain ?

Les animaux qu'ils m'offrent

en les brûlant sur l'autel

ne me causent aucun plaisir,

leurs sacrifices

ne me sont pas agréables.

21Voici donc ce que déclare le Seigneur :

Je vais mettre devant ces gens

un obstacle ; ils y buteront

et ils en perdront tous la vie,

les pères, leurs fils,

leurs voisins, leurs amis. »

L'ennemi arrive du nord

22Voici ce que déclare le Seigneur :

« Un peuple arrive d'un pays du nord ;

une grande nation se met en route

Les jeux sont faits

(6.22-26)

Au moment où Jérémie prononce son message, Babylone est la nation dominante du Proche-Orient. C'est un peuple puissant et doté d'une force militaire sans égale. Puisque Israël n'élevait pas de chevaux, ceux-ci octroyaient à l'armée babylonienne un avantage tactique écrasant. L'approche de l'envahisseur babylonien suscitait toujours la terreur. Devant un tel ennemi, tenter de résister est inutile. Pour Juda, les jeux sont faits et il ne reste qu'à se préparer à mourir.

depuis le bout du monde.

23Ses soldats brandissent l'arc et le sabre,

ils sont sauvages et sans pitié.

Ils font autant de bruit

que la mer quand elle mugit.

Ils sont montés sur des chevaux

et rangés pour la bataille

en ordre parfait ;

et c'est contre toi, Sion ! »

24« A cette nouvelle les bras nous tombent,

l'angoisse nous saisit,

comme une femme au moment d'accoucher.

25Ne sortez pas dans la campagne,

n'allez pas sur les routes,

car l'ennemi s'y trouve et tue ;

c'est la terreur de toutes parts. »

26« Mon peuple, mets autour de tes reins

l'étoffe de deuil,

roule-toi dans la poussière,

commence les rites de deuil

comme pour un fils unique,

chante une amère lamentation,

car l'ennemi dévastateur

arrive soudain sur toi. »

Un métal impossible à purifier

27« Jérémie, je fais de toi

un essayeur de métaux

pour éprouver mon peuple :

Un métal sans valeur

(6.27-30)

L'essayeur de métaux fait fondre le métal dans le but d'en extraire de l'argent pur. Ce procédé symbolise le jugement, mais suggère également la possibilité du salut. S'il y a quelque métal précieux, l'essayeur va le découvrir. Malheureusement, en ce qui concerne Juda, on a beau chauffer à blanc, il n'y a rien de bon à en tirer.

tu auras à reconnaître

et à apprécier sa conduite. »

28Ce sont tous des rebelles endurcis,

des calomniateurs,

durs comme le bronze ou le fer,

ce sont tous des malfaiteurs.

29Le soufflet de forge s'essouffle ;

sous l'effet du feu

le plomb devrait disparaître.

Mais c'est pour rien qu'on s'acharne

à purifier l'argent :

les impuretés ne se détachent pas.

30“Un argent sans valeur”,

c'est ce qu'on dit de ces gens,

le Seigneur n'en veut pas.

Société biblique française – Bibli'O, 2004
Published by: French Bible Society