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1« Alors, déclare le Seigneur, on déterrera les ossements des rois de Juda, ceux des ministres, ceux des prêtres, ceux des prophètes et ceux des habitants de Jérusalem.
2On les laissera éparpillés devant le Soleil, la Lune et l'Armée des étoiles, que ces gens ont aimés, auxquels ils ont rendu un culte, auxquels ils se sont attachés, qu'ils ont consultés et adorés. On ne recueillera pas ces ossements, on ne les remettra pas dans une tombe, mais ils resteront comme du fumier à la surface du sol.[#8.2 Être privé de sépulture était considéré comme un très grand malheur ; voir Eccl 6.3.]
3La mort vaudra mieux que la vie pour ceux qui resteront de cette méchante population, partout où je l'aurai dispersée, déclare le Seigneur de l'univers. »
4« Dis-leur : Voici ce que déclare le Seigneur :
Quand on fait une chute,
ne se relève-t-on pas ?
Les membres de l'élite dirigeante, ceux qui ont accès à l'information, à la loi, les sages ne comprennent rien à ce qui se passe autour d'eux. Si seulement on pouvait s'arrêter pour faire le point, on constaterait la gravité de la situation. Il serait encore temps de faire demi-tour et de s'en remettre au Seigneur. Malheureusement, ces sages manquent de bon sens. Le conservatisme, surtout quand il profite à la classe dominante, semble préférable à une remise en question. Le Seigneur mettra fin aux systèmes qui, pour se maintenir, dévorent les plus faibles.
Quand on a fait fausse route,
ne revient-on pas sur ses pas ?
5Alors pourquoi
ce peuple de Jérusalem,
qui fait fausse route,
persiste-t-il dans sa trahison ?
Ces gens tiennent à leurs faux dieux,
ils refusent de me revenir.
6J'ai bien écouté ce qu'ils disent :
ça ne tient pas debout.
Aucun ne regrette ses mauvais choix,
ni ne se demande :
“Mais qu'ai-je donc fait ?”
Chacun reprend sa course folle
comme un cheval emballé
en pleine bataille.
7Même la cigogne connaît
le moment de sa migration ;
tourterelle, hirondelle et grive
savent quand il faut revenir.
Mais mon peuple ne connaît rien
aux règles que j'ai établies. »
8Vous prétendez :
« Nous sommes des sages,
c'est nous qui avons la Loi du Seigneur. »
Mais comment osez-vous prétendre cela,
quand ceux qui transcrivent la Loi
sont des faussaires qui tordent son sens ?
9C'est la honte pour les sages ;
ils ne savent plus où ils en sont,
les voilà pris au piège.
Puisqu'ils ne veulent pas
de la Parole du Seigneur,
leur sagesse, à quoi donc leur sert-elle ?
10« C'est pourquoi, dit le Seigneur,[#8.10 V. 10-12 : Comparer 6.12-15.]
je donne leurs femmes à d'autres
et leurs champs à ceux qui les prendront.
Car du plus petit au plus grand,
tous ne cherchent que leur profit ;
du prophète au prêtre,
tous sont des tricheurs.
11Ils traitent à la légère
le désastre de mon peuple,
en déclarant : “Tout va bien,
tout va très bien”,
alors que tout va mal.
12Éprouvent-ils quelque regret
des horreurs qu'ils ont commises ?
Pas le moins du monde !
Reconnaître leurs torts
est quelque chose qu'ils ignorent.
C'est pourquoi, dit le Seigneur,
ils seront au nombre des victimes
quand j'interviendrai contre eux ;
ils se retrouveront à terre ! »
13« Si je veux recueillir
quelque chose chez eux,
je ne trouve aucun raisin sur la vigne,
L'image de la vigne et du figuier sans fruit, donc sans valeur, reflète la condition d'un peuple qui n'a plus rien à offrir. Comme l'expriment ces cris de lamentation, les Judéens commencent à prendre conscience de leur situation désespérée. L'envahisseur est à la porte. Face à sa puissance irrésistible, il ne reste plus qu'à se réfugier derrière les remparts pour attendre la mort. Même s'ils entrevoient leur responsabilité, les Judéens s'installent dans une résignation pathétique.
dit le Seigneur,
aucune figue sur le figuier ;
le feuillage est flétri.
Je les laisse donc aux passants. »
14« Pourquoi restons-nous sur place ?
Rassemblons-nous plutôt,
entrons dans les villes fortifiées,
et attendons-y la mort.
Oui, le Seigneur notre Dieu
nous réduit au silence,
il nous fait boire l'eau empoisonnée,
car nous sommes en faute envers lui.
15Nous avions l'espoir
que tout s'arrangerait,
mais il n'arrive rien de bon.
Nous attendions le moment
où nos maux seraient guéris,
mais voici la terreur.
16Déjà l'ennemi est à Dan ;[#8.16 : Comparer 4.15 et la note.]
de là-bas on entend
le souffle de ses chevaux.
Au bruit de leurs hennissements
toute la terre tremble.
Ils arrivent, et tout y passe,
le pays et ce qu'il contient,
la ville et sa population. »
17« Je vais envoyer contre vous
des serpents venimeux.
Impossible de les charmer ;
ils vous mordront », déclare le Seigneur.
18J'ai le cœur serré.
Il n'y a pas de remède
pour guérir mon chagrin.
Jérémie est mandaté par le Seigneur pour annoncer la destruction imminente de son peuple, et celui-ci mérite pleinement la sentence. Mais Jérémie ne peut demeurer insensible au destin tragique de ses contemporains. Il est animé d'un amour profond et d'une loyauté sans bornes pour ce peuple. Il sait que seule une intervention radicale réussira peut-être à extirper le cancer moral et social qui ronge le pays. Malheureusement, le remède risque d'être aussi mortel que la maladie. Tel est le dilemme qui déchire le prophète.
19Écoutez : c'est mon peuple
qui appelle au secours
d'un bout à l'autre du pays :
« Le Seigneur n'est-il plus à Sion ,
et Sion n'a-t-elle plus de roi ? »
« Pourquoi m'ont-ils provoqué
en adorant leurs idoles,
ces bricoles de l'étranger ? »
20La moisson est passée,
l'été touche à sa fin,
et nous attendons encore
d'être délivrés.
21Le désastre de mon peuple
me brise complètement ;
je suis en deuil,
en proie à la désolation.
22En Galaad n'y a-t-il plus
de baume calmant ou de médecin ?
Pourquoi la plaie de mon peuple
ne peut-elle se cicatriser ?
23Ah, comme je voudrais[#8.23 Dans certaines éditions ce verset est numéroté 9.1 ; les versets du chap. 9 sont en conséquence numérotés 9.2-26.]
que ma tête soit pleine d'eau
et mes yeux des fontaines de larmes !
Je passerais mes jours et mes nuits
à pleurer les morts de mon peuple !