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1Job répondit alors :
Job riposte que les théories développées par ses « amis » ne s'appliquent pas à sa situation. Elles sont démenties non seulement par la souffrance de l'innocent, mais aussi par l'impunité des violents qui n'ont d'autre dieu que leur force.
2Bien sûr, vous détenez tout le savoir humain !
La sagesse mourra en même temps que vous.
3Mais moi aussi, je sais réfléchir tout autant,
et je ne me crois pas inférieur sur ce point.
Ce que vous avez dit, tout le monde le sait.
4Je fais appel à Dieu, dans l'espoir qu'il réponde,
et je suis devenu
celui que ses amis tournent en ridicule :
on tourne en ridicule
celui qui est honnête, un homme irréprochable !
5« Le malheureux n'a droit qu'à un complet mépris. »
Telle est la devise des gens qui sont tranquilles ;
ils l'appliquent à ceux dont le pied a glissé.
6Et sous leur tente les violents sont sans souci,
ceux qui provoquent Dieu sont en sécurité :
ils ne connaissent pas d'autre dieu que leur force.
7Questionne les bestiaux, et ils sauront t'instruire ;
Sofar avait parlé de la sagesse insondable de Dieu qui dépasse les quatre espaces : le ciel, la terre, la mer et le monde des morts (11.8-9). En faisant référence aux animaux, Job confirme et dit mieux que ses accusateurs que Dieu est souverain. Toute la question est de savoir si ce pouvoir de Dieu s'exerce en faveur des humains ou contre eux.
les oiseaux dans le ciel, ils te renseigneront.
8Parle donc à la terre, elle saura t'instruire ;
les poissons dans la mer ont beaucoup à t'apprendre.
9Parmi tous ces êtres, lequel ignore encore
que tout ce qui existe est l'œuvre du Seigneur ?
10C'est lui qui tient en mains la vie de tout vivant,
le souffle qui anime le corps des humains.
11Ne dit-on pas, en une sorte de proverbe :
Job emprunte le style des hymnes pour souligner la grandeur de Dieu dans ce qu'elle a d'irrationnel et d'impensable. Lorsqu'il affirme que Dieu est souverain sur la création, Job ne dit pas que la destinée de l'homme n'est que chaos ou injustice, il reconnaît que les humains sont incapables de trouver par eux-mêmes le sens de leur destinée, car ils ne sont pas maîtres de la création.
Les amis de Job avaient décidé au préalable de sa culpabilité. Ils n'hésitent pas à dissimuler derrière des certitudes rassurantes une réalité qui dérange. Il est plus confortable de mettre en avant des convictions reçues de la tradition que d'affronter les questions nées de l'expérience. Lorsque nous parlons de Dieu, quelle est la part de ce que nous répétons sans réfléchir et la part de ce que nous avons compris par nous-mêmes ?
« Le rôle de l'oreille est d'apprécier les mots,
tout comme le palais doit percevoir le goût.
12La sagesse est le privilège du grand âge,
et le discernement appartient aux vieillards » ?
13Mais c'est chez Dieu qu'on trouve sagesse et pouvoir,
c'est lui qui a savoir-faire et discernement.
14On ne rebâtit pas ce que Dieu démolit,
on ne libère pas celui qu'il emprisonne.
15Quand il retient la pluie, la sécheresse est là ;
mais s'il lâche les eaux, la terre est dévastée.
16Il possède la force, il a l'habileté.
C'est à lui qu'appartiennent
et celui qui s'égare et celui qui égare.
17Il fait marcher pieds nus les grands hommes d'État,
et il fait perdre la raison aux dirigeants.
18Il dénoue de même le grand cordon des rois
et leur noue sur les reins la corde des captifs.
19Il fait marcher pieds nus les prêtres, eux aussi,
et renverse d'un coup les pouvoirs établis.
20Il ôte la parole aux meilleurs orateurs
et prive les vieillards de leur discernement.
21Il répand le mépris sur les gens haut placés
et laisse les tyrans tout à coup sans défense.
22Il ôte aux profondeurs leur manteau de ténèbres
et fait sortir au jour ce qui était dans l'ombre.
23Il fait grandir des peuples, puis cause leur ruine ;
il les laisse s'étendre, et les emmène ailleurs.
24Il ôte la raison aux maîtres du pays
et les laisse à errer dans un désert sans routes,
25avancer à tâtons dans la nuit sans lumière ;
il les fait tituber comme s'ils étaient ivres.