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1L'homme n'est rien d'autre que l'enfant de la femme.
A nouveau Job reconnaît la fragilité radicale de l'être humain devant Dieu, thèse défendue par ses visiteurs (5.1722.433.15-22), mais c'est pour récuser leur argumentation et interroger Dieu. En effet, si Job n'est pas différent des autres êtres humains, pourquoi devrait-il être soumis à toutes ces tortures ? Pourquoi Dieu s'acharne-t-il contre une si pitoyable créature ? Qu'il le laisse donc tranquille !
Sa vie demeure brève et remplie de tourments.
2Comme la fleur, il s'épanouit, et puis se fane ;
comme l'ombre qui fuit sans pouvoir s'arrêter.
3Et c'est cela, mon Dieu, que ton regard épie !
Et c'est moi que tu traînes ainsi en justice !
4Mais qui peut donc tirer quelque chose de pur
de ce qui est impur ? Pas un seul être au monde !
5Car la durée de vie est limitée pour l'homme ;
c'est toi qui as fixé le nombre de ses mois,
il ne peut dépasser la ligne que tu traces.
6Cesse de le guetter et laisse-le tranquille,
pour qu'il termine en paix sa journée d'ouvrier.
7Or il reste toujours de l'espoir pour un arbre :
Puisque son existence est vide d'espérance, la mort reste le seul espoir de Job. Mais y a-t-il quelque chose après la mort pour nourrir cet espoir ? Job oppose la pérennité de l'arbre, de la mer et du ciel à la brièveté de la vie humaine. Si l'espoir d'une vie nouvelle subsiste pour un arbre, il n'en est pas de même pour l'être humain : revenir de la mort est exclu.
si on le coupe, il peut se mettre à repousser,
il ne manquera pas de produire un bourgeon.
8Même si sa racine vieillit dans la terre,
et si sa souche paraît morte dans le sol,
9l'odeur de l'eau suffit pour qu'il reprenne vie
et pousse des rameaux comme s'il était jeune.
10Quand l'homme meurt, par contre, il est privé de force.
Que devient-il, une fois qu'il a expiré ?
11Un jour peut-être, les fleuves seront taris,
et la mer n'aura plus la moindre goutte d'eau.
12Mais l'homme qui est mort ne se lèvera pas ;
pas de réveil pour lui, tant que dure le ciel,
il ne sortira plus de son dernier sommeil.
13Ah ! si tu me cachais dans le monde des morts,
Job se met alors à rêver que Dieu pourrait le mettre à l'abri dans le séjour des morts. Pendant ce temps, peut-être Dieu changerait-il d'idée ? Deviendrait-il compatissant et accepterait-il de cacher les fautes de Job ? Ce rêve nourrit une illusion, car la mort est définitive. Peut-il survivre dans ses enfants (És 56.5Ps 109.13) ? Là encore, c'est une illusion, car le mort n'a plus aucune conscience (v. 21).
L'espérance en la résurrection était absente de la foi d'Israël jusqu'au 2e siècle avant J.-C. Par delà les siècles, l'attitude de Job remet en cause ceux qui ne s'intéressent à Dieu que par opportunisme.
m'y abritant jusqu'à la fin de ta colère !
Si tu me fixais un délai, après lequel
tu voudrais de nouveau te souvenir de moi !
14– Mais l'homme qui est mort, peut-il reprendre vie ? –
Je saurais patienter, le temps de mon service,
jusqu'au moment où l'on viendrait me relever.
15Alors, je répondrais quand tu m'appellerais,
quand tu voudrais me voir, moi que tu as créé !
16Tandis que maintenant tu comptes tous mes pas,
tu cesserais de surveiller mes manquements,
17dans un sac bien fermé tu cacherais mes fautes,
tu couvrirais mes torts d'une couche de plâtre.
18Cependant les montagnes tombent en morceaux,
et les rochers finissent par changer de place.
19Les eaux arrivent à user même les pierres,
et l'averse emporte la poussière du sol.
Toi aussi tu ruines l'espérance de l'homme.
20Tu le jettes par terre, il s'en va pour toujours ;
la mort le défigure, et tu le chasses loin.
21Si on couvre ses fils d'honneurs, il n'en sait rien ;
si on les humilie, il ne s'en rend pas compte.
22Il est seul à souffrir de sa propre douleur,
il est seul à gémir de son propre malheur.