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1Job répondit alors :
Job rétorque que l'interprétation morale de la souffrance soutenue par ses visiteurs est honteuse. Bildad avait affirmé que les pas du méchant le précipitent dans le piège (18.8). Job, au contraire, reporte la faute sur Dieu, qui l'a lui-même attiré dans son filet. Cette accusation contre Dieu exprime l'impatience de son espérance.
2Pendant combien de temps me tourmenterez-vous
et m'écraserez-vous sous le poids des discours ?
3Au moins dix fois déjà vous m'avez insulté.
Me torturer ainsi ne vous fait-il pas honte ?
4Même s'il était vrai que je me sois trompé,
je suis le seul que cette erreur concernerait !
5En fait vous m'abaissez pour vous grandir vous-mêmes,
et vous me reprochez ma grande humiliation.
6Mais sachez que c'est Dieu qui m'a causé ce tort
et m'a entortillé dans son propre filet.
7Si je dénonce la violence qui m'est faite,
Le silence de Dieu effraie Job. Il imagine Dieu engagé dans un assaut final contre lui. En affirmant que Dieu lui enlève honneur, prestige et couronne, Job fait une relecture en négatif de Ps 8.5-6, dont il renverse le sens. Dans la souffrance, où est l'honneur de l'homme ?
on ne me répond pas. Si j'appelle au secours,
personne n'intervient pour me rendre justice.
8Dieu barre ma route, m'empêche de passer,
me laisse dans le noir à chercher mon chemin.
9Il est venu me dépouiller de mon honneur
et m'enlever tout mon prestige, ma couronne.
10Il m'a ruiné à tous égards et je succombe ;
il m'a ôté l'espoir, comme on arrache un arbre.
11Excitant contre moi le feu de sa colère,
il m'a traité comme l'un de ses ennemis.
12Ses bandes de tueurs se rassemblent en masse,
ils s'ouvrent un chemin pour venir jusqu'à moi
et installent leur camp tout autour de ma tente.
13Mes plus proches parents, Dieu les a éloignés.
Job est abandonné, non seulement de Dieu, mais de tous les siens et même de ceux qu'il avait aidés auparavant. S'il accuse Dieu d'être responsable de cet abandon dont il souffre, c'est que Job croit encore que sa confiance a été trahie. Le caractère excessif de ses accusations est sans doute à mettre au compte de la confiance que Job mettait en Dieu.
Ceux qui me connaissaient font tout pour m'éviter.
14Les gens de ma maison et mes amis intimes
se tiennent à distance. Ils m'ont tous oublié,
15même les réfugiés que j'avais recueillis !
Mes servantes me traitent comme un étranger ;
je ne suis plus pour elles qu'un indésirable.
16Mon serviteur ne répond plus quand je l'appelle,
même si j'insiste jusqu'à le supplier.
17Ma femme ne peut plus supporter mon haleine,
et mes propres enfants n'ont que dégoût pour moi.
18Me voilà méprisé par de simples gamins :
si je prends la parole, ils médisent de moi.
19Je fais horreur à mes amis les plus intimes,
et tous ceux que j'aimais se tournent contre moi.
20Je n'ai plus aujourd'hui que la peau sur les os,
et je sors du désastre en ayant tout perdu.
21Pitié pour moi, pitié pour moi, vous mes amis,
car c'est la main de Dieu qui m'a porté ces coups !
22Pourquoi vous joindre à lui et me persécuter ?
N'avez-vous pas assez de me martyriser ?
23Ah ! combien je voudrais que ma protestation
Le défenseur que Job proclame dépasse l'arbitre impartial qu'il avait appelé de ses vœux en 9.33 et le témoin céleste de 16.19. En effet, selon la coutume en Israël, le « défenseur » pouvait venger le meurtre d'un membre de sa famille (Nomb 35.16-29) ou racheter un parent réduit en esclavage pour dettes (Lév 25.47-55). Ici, le paradoxe est à son comble : Job choisit comme libérateur celui qu'il croit responsable de son oppression. Il ne met sa confiance en personne d'autre que Dieu : c'est à lui qu'il laisse le dernier mot. Job sait qu'il sera réhabilité et qu'il fera l'expérience du Dieu sauveur, même après sa mort.
soit mise par écrit, inscrite dans un livre !
24Qu'on puisse la graver à la pointe de fer,
qu'on la noircisse au plomb,
qu'elle reste toujours marquée dans le rocher !
25Je sais bien, moi, que j'ai un défenseur vivant,
et qu'il se dressera enfin sur cette terre.
26Quand on aura fini de m'arracher la peau,
eh bien, même écorché, je contemplerai Dieu !
27Je le verrai moi-même, de mes propres yeux.
C'est moi qui le verrai et non un étranger.
Mon cœur s'épuise en moi d'attendre ce moment.
28Vous vous interrogez : « Comment donc le poursuivre,
quel prétexte trouver pour lui faire un procès ? »
29Redoutez que l'épée vous atteigne vous-mêmes,
car votre acharnement mériterait la mort.
Vous devez le savoir : Dieu sera votre juge !