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1Un jour que les anges de Dieu venaient faire leur rapport au Seigneur, l'accusateur se présenta parmi eux, lui aussi, pour son rapport.
2Le Seigneur lui demanda : « D'où viens-tu donc ? » L'accusateur répondit au Seigneur : « Je viens de faire un tour sur terre. » –
3« Tu as sûrement remarqué mon serviteur Job, dit le Seigneur. Il n'a pas son pareil sur terre. C'est un homme irréprochable et droit ; il m'est fidèle et se tient à l'écart du mal. Il est resté fermement irréprochable. C'est donc pour rien que tu m'as poussé à lui faire du tort. » –
4« Échange de bons procédés, répliqua l'accusateur : tout ce qu'un homme possède, il le donnera pour sauver sa peau.
5Mais si tu oses toucher à sa personne, il te maudira ouvertement ! »
6Le Seigneur dit à l'accusateur : « Eh bien, tu peux disposer de lui, mais non pas de sa vie. »
7Alors l'accusateur se retira hors de la présence du Seigneur. Il frappa Job d'une méchante maladie de peau, depuis la plante des pieds jusqu'au sommet du crâne.
8Job s'assit au milieu du tas de cendres et ramassa un débris de poterie pour se gratter.
9Sa femme lui dit : « Tu persistes à rester irréprochable. Mais tu ferais mieux de maudire Dieu et d'en mourir ! » –
10« Tu parles comme une femme privée de bon sens, lui répondit Job. Si nous acceptons de Dieu le bonheur, pourquoi refuserions-nous de lui le malheur ? »
La logique traditionnelle est rompue lorsque l'innocent est frappé par la maladie. Comme Ève auprès d'Adam (Gen 3), la femme de Job introduit le doute : « Tu ferais mieux de maudire Dieu. » Elle relaie auprès de Job la stratégie envisagée par l'accusateur (en hébreu : le satan) dans la scène céleste au chapitre précédent. Le rôle de sa femme est donc déterminant pour l'ensemble du livre : elle va susciter les nombreuses réflexions de Job sur le rapport entre la faute et le malheur.
La traduction grecque du v. 9 contient une addition de plusieurs lignes. On y apprend, entre autres, que la femme de Job est réduite au statut de servante allant de maison en maison. Cette tradition a connu un certain succès dans les relectures juives et musulmanes, qui la décrivent en train de travailler, de mendier et même de vendre ses cheveux pour apporter à Job un peu de pain !
Dans cette nouvelle épreuve Job ne prononça aucun mot qui puisse offenser Dieu.
11Trois amis de Job apprirent les malheurs qui lui étaient arrivés. C'étaient Élifaz de Téman, Bildad de Chouha et Sofar de Naama. Ils vinrent de chez eux et se mirent d'accord pour lui manifester leur sympathie et le réconforter.[#2.11 : ville édomite renommée pour la sagesse de ses habitants (voir Jér 49.7). – et : localités ou régions non identifiées.]
12En le regardant de loin, ils le trouvèrent méconnaissable. Alors ils éclatèrent en sanglots ; ils déchirèrent leur manteau et se répandirent de la poussière sur la tête.
13Puis ils restèrent assis à terre avec Job pendant sept jours et sept nuits, sans rien lui dire, tant sa souffrance leur apparaissait grande.
Les trois amis de Job jouent un rôle essentiel dans le débat. L'auteur va utiliser leur argumentation pour pousser Job à la faute. Va-t-il enfin maudire Dieu ? Pour l'instant, en signe de sympathie, les trois amis reprennent le geste de Job, qui avait déchiré son manteau, et ils ajoutent un autre signe de deuil : la poussière sur la tête. Assis avec Job durant sept jours et sept nuits, soit la durée du deuil d'un être cher, ils ont la force de commencer par se taire. Face à la souffrance d'autrui, une présence silencieuse et compatissante vaut peut-être mieux que mille mots.