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1Job répondit alors :
Job n'espère qu'une chose de la part de ses amis : l'écoute attentive. Ainsi cesseront-ils d'être de « pénibles consolateurs » (16.2). Écouter les vraies questions d'une personne qui souffre, n'est-ce pas parfois la seule consolation qu'on puisse lui offrir ? Comment lui demander de surcroît la patience ?
La lettre de Jacques, seul livre du Nouveau Testament à mentionner Job, le présente aux chrétiens comme un modèle de persévérance (Jacq 5.11). Ce portrait de Job, plutôt avantageux, ne correspond pas vraiment à la tradition juive de langue hébraïque que nous trouvons ici. La traduction grecque en revanche réduit le texte d'environ un sixième et atténue les attaques de Job contre Dieu. Par conséquent, elle renforce l'image d'un Job patient et résigné. Le Testament de Job , un écrit juif datant environ de l'an 50 avant J.-C., fait un pas de plus en ignorant complètement la révolte de Job. De son côté, le Coran connaît Job comme un homme « patient » et un « excellent serviteur plein de repentir » (Sourate 38, 44). Ainsi la tradition a toujours cherché à gommer ce que le livre de Job pouvait avoir de scandaleux.
2Écoutez sérieusement ce que j'ai à dire,
je n'attends pas d'autre consolation de vous.
3Supportez-moi, permettez-moi de m'exprimer,
et quand j'aurai parlé, on pourra se moquer.
4Est-ce d'un homme que j'ai à me plaindre, moi ?
Non ! Pourquoi donc ne pourrais-je perdre patience ?
5Penchez-vous sur mon cas : vous serez stupéfaits ;
la main sur la bouche, vous ne direz plus rien.
6Quand je pense moi-même à tout ce qui m'arrive,
je suis épouvanté et pris de tremblements.
7Pourquoi donc les méchants sont-ils encore en vie,
Job réfute catégoriquement la doctrine de Sofar au nom de la réalité. Tout réussit aux méchants. C'est un fait incontournable. Dieu n'intervient pas contre eux alors qu'ils méprisent son autorité. Job mène son combat convaincu qu'il est intègre devant Dieu.
pourquoi accroissent-ils leur pouvoir avec l'âge ?
8Ils voient leurs descendants s'installer auprès d'eux,
ils peuvent contempler tous leurs petits-enfants.
9Chez eux tout va très bien, on ignore la peur,
et le bâton de Dieu ne les frappe jamais.
10Chaque fois, leur taureau rend leur vache féconde ;
celle-ci fait son veau sans jamais avorter.
11Ils laissent leurs gamins courir comme un troupeau
et leurs petits-enfants s'ébattre en liberté.
12Tambourin et guitare accompagnent leurs chants ;
ils prennent du plaisir à écouter la flûte.
13Après avoir passé leur vie dans le bonheur,
ils descendent en paix dans le monde des morts.
14Or ils disaient à Dieu : « Laisse-nous donc tranquilles,
peu nous importe de savoir ce que tu veux.
15Qu'est donc le Dieu très-grand, sommes-nous ses esclaves ?
A quoi nous servirait de le solliciter ? »
16Et pourtant leur bonheur ne dépendait pas d'eux !
Que je reste étranger à ce comportement
des gens sans foi ni loi !
17Est-ce qu'on voit souvent la lampe de leur vie
s'éteindre tout à coup, la ruine les atteindre,
ou Dieu les condamner à subir sa colère ?
18Qu'ils soient comme la paille emportée par le vent,
comme la poussière qu'un tourbillon soulève !
19On dit que Dieu réserverait la punition
Dans cette partie de bras de fer, Job tient à montrer que le sort d'une personne n'est pas toujours la conséquence directe de son comportement. Les méchants connaissent le bonheur, la mort frappe tous les hommes, indépendamment de leur conduite. Les bons comme les méchants finissent rongés par les vers. Alors, où est la justice ?
aux fils de ces gens-là.
S'il les faisait plutôt payer directement,
cela leur apprendrait !
20Il faut que les méchants voient eux-mêmes leur ruine
et qu'ils goûtent à la fureur du Dieu très-grand.
21Une fois en effet que leur vie est tranchée,
le sort de leurs enfants ne les concerne plus.
22Va-t-on apprendre à Dieu à connaître ces choses,
alors qu'il est le juge des anges eux-mêmes ?
23Certains ne sont pris par la mort qu'en plein bonheur,
ils vivent sans soucis, parfaitement tranquilles.
24Ils portent l'embonpoint des gens trop bien nourris,
ils sont encore tout pleins de vitalité.
25Mais d'autres n'ont connu qu'une existence amère
et n'ont jamais goûté un instant de bonheur.
26Les uns et les autres sont couchés dans la terre,
et recouverts bientôt d'une couche de vers.
27C'est que je connais bien vos arrière-pensées
Pour prouver à ses visiteurs que leurs arguments ne valent rien, Job les invite à questionner les passants. Ils se rendront ainsi à l'évidence : le nombre des méchants heureux est très élevé, et certains d'entre eux ont même droit à de grandioses funérailles.
et les idées que vous vous faites sur mon compte !
28Vous dites en effet : « Qu'est-elle devenue,
la maison des tyrans, la tente des méchants ?
– Il n'y en a plus trace ! »
29Mais n'avez-vous jamais questionné les passants
et n'acceptez-vous pas les preuves qu'ils apportent ?
30Lorsque vient le malheur, le méchant y échappe,
la colère de Dieu le laisse sain et sauf.
31Qui osera dès lors lui démontrer ses torts ?
Qui lui fera payer le mal qu'il a commis ?
32Lui, quand il meurt, on le conduit au cimetière,
on veille sur sa tombe.
33Tout le monde a suivi son cortège funèbre,
une foule immense défile devant lui.
La terre du vallon est légère à son corps !
34Quelle consolation m'offrez-vous donc ? Du vent !
Et tous vos arguments ne sont qu'escroquerie.