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1Pourquoi le Dieu très-grand n'a-t-il pas réservé
La société que décrit Job est clairement divisée entre oppresseurs et opprimés. On croirait entendre un discours révolutionnaire. Pour Job, Dieu n'est pas responsable de cette souffrance, même s'il reste sourd aux appels à l'aide. L'injustice n'est pas davantage le fruit du destin ou du hasard, et Job se refuse à porter un regard fataliste sur la souffrance humaine. Ne serait-ce pas admettre qu'on ne peut rien faire contre elle ? Job, comme les prophètes, refuse d'envisager cette interprétation qui soutient les logiques d'exploitation. La souffrance décrite ici par Job n'a que faire d'un pieux discours théorique. Elle a simplement besoin d'être supprimée !
Attendons-nous que Dieu intervienne pour faire disparaître la misère humaine ? Ou sommes-nous prêts à agir sur les causes politiques, économiques et sociales qui ont provoqué ces injustices ?
des jours où il exercerait son jugement,
où ses fidèles le verraient intervenir ?
2Or des gens déplacent les bornes de leur champ,[#24.2 La loi d'Israël interdisait d'agrandir son champ en qui en marquaient les limites. Voir Deut 19.14 ; Osée 5.10 ; Prov 22.28.]
d'autres font paître des moutons qu'ils ont volés.
3Certains s'emparent de l'âne des orphelins
ou prennent en garantie le bœuf de la veuve.
4Les malheureux sont bousculés hors du chemin,
les pauvres du pays n'ont plus qu'à se cacher.
5Tels les ânes sauvages des terres désertes,
ils partent au travail et cherchent dans la steppe
quelque chose à manger pour nourrir leurs petits.
6Ils doivent ramasser de l'herbe dans les champs,[#24.6 Le sens du v. 6 est incertain. D'autres comprennent]
ils doivent vendanger la vigne du méchant.
7Mais ils n'ont pas de quoi se couvrir pour la nuit,
pas de couverture pour résister au froid.
8Ils sont trempés par les averses des montagnes ;
faute d'abri, ils se serrent contre un rocher.
9On arrache l'orphelin au sein de sa mère.
De celui qui n'a rien on exige des gages.
10On le réduit à marcher à peine vêtu,
à porter des gerbes de blé le ventre creux,
11à presser des olives dans l'enclos des autres
ou préparer le vin sans pouvoir y goûter.
12Dans la ville, les gens font entendre leurs plaintes ;
le râle des blessés est un appel à l'aide,
et Dieu reste insensible à ces faits scandaleux !
13Les méchants sont de ceux qui n'aiment pas le jour,
Job poursuit sa description de la misère humaine et il désigne des responsables : méchants, meurtriers, voleurs et maris infidèles… Tous préfèrent accomplir leurs méfaits à la faveur de l'obscurité : ils n'aiment pas la lumière.
ils ne fréquentent pas les chemins qu'il éclaire,
ils ne s'y tiennent pas.
14Le meurtrier se lève à l'approche de l'aube,
il assassine le pauvre, le malheureux,
et il se fait voleur quand la nuit est venue.
15Le mari infidèle guette aussi le soir
en se disant : « Je passerai inaperçu. »
Alors il cache son visage sous un voile.
16C'est dans la nuit que le voleur perce les murs ;
pendant le jour, il se tient enfermé chez lui,
la lumière est pour lui une chose étrangère.
17Pour eux tous, le matin est un sombre moment,[#24.17 Autre interprétation]
tant ils sont familiers des horreurs de la nuit.
18Mais vous, vous affirmez :
Le texte hébreu est ici très difficile à traduire. Notre version ajoute : « Mais vous, vous affirmez. » Elle laisse donc entendre que Job ne fait que reprendre ce qu'il a entendu de la bouche des avocats de Dieu : les méchants et les tyrans ne jouissent que d'une impunité temporaire. D'autres versions préfèrent attribuer ces propos (v. 18-24) à Sofar dont l'intervention manque dans le troisième cycle de discours. D'autres encore attribuent ce discours à Job. Ainsi, selon l'une ou l'autre des options retenues, la traduction ne sera plus la même. Ce texte reste obscur et, à l'image de son héros, il semble avoir souffert au cours de son histoire.
« Les méchants sont vite emportés au fil de l'eau,
leur domaine devient une terre maudite,
et ils ne prennent plus la direction des vignes.
19Comme neige au soleil,
ainsi disparaissent vers le monde des morts
tous ceux qui ont péché.
20Celle qui les a mis au monde les oublie,
ils sont un mets de choix pour les vers des cadavres ;
on cesse tout à fait de parler de ces gens.
Voilà le mal brisé comme un morceau de bois.
21Ces gens ont maltraité la femme
qui ne pouvait avoir d'enfants,
ou bien n'ont pas montré de bonté à la veuve.
22Mais Dieu a la force d'expulser les tyrans.
Il surgit et ceux-ci ne sont plus sûrs de vivre.
23Il les laisse assurés de leur sécurité,
mais il garde les yeux fixés sur leur conduite.
24Ces gens se redressent un peu, et puis plus rien ;
ils courbent la tête, comme une fleur qui meurt,
ils se fanent comme un épi qu'on a coupé. »
25Il en est bien ainsi !
Qui oserait alors me traiter de menteur
et réduire à néant ce que j'ai affirmé ?