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1A la fin, Job se décida à parler et maudit le jour de sa naissance.[#3.1 : comparer Jér 20.14-18.]
2Voici ce qu'il dit :
Tout le chap. 3 tourne autour d'une idée unique : Job voudrait être mort. Cette idée se développe de façon progressive :
– v. 10 : Job maudit le jour de sa naissance,
– v. 11-19 : il souhaiterait ne pas être né,
– v. 20-26 : il en appelle à Dieu pour être délivré.
Job croit encore que Dieu fait justice aux opprimés. Il trouve donc sa situation insoutenable. Le problème n'est pas tant l'existence de Dieu que l'existence humaine ou, plutôt, l'influence de Dieu sur la vie des hommes. Or pour Job, cette influence est tragique, car il pense que Dieu est responsable de la souffrance (3.20-23). Face à la cruauté de son expérience, Job va jusqu'à remettre en question sa propre tradition religieuse.
3Ah ! que disparaisse le jour de ma naissance
et la nuit qui a dit : « Un garçon est conçu » !
4Qu'on regarde ce jour comme l'un des plus sombres !
Que Dieu, là-haut, ne s'intéresse plus à lui !
Qu'aucune lumière ne vienne l'éclairer !
5Que l'ombre la plus noire s'empare de lui
et qu'un nuage obscur s'abatte sur ce jour,
ou une terrifiante éclipse de soleil !
6Quant à cette nuit-là, qu'elle soit la plus noire,
qu'on ne la compte plus dans le calendrier,
et qu'elle n'entre plus dans le calcul des mois !
7Oui, que cette nuit-là reste toujours stérile
et qu'aucun cri de joie n'y pénètre jamais !
8Qu'elle soit signalée comme portant malheur
La mention des « magiciens qui maudissent les jours » (des sorciers) serait-elle une première victoire de l'accusateur qui pensait que Job en arriverait à maudire Dieu (1.11) ? Il s'agit sans doute d'une allusion mythologique à ceux qui peuvent agir sur le dragon pour provoquer des éclipses et déclencher le chaos (v. 5).
Le livre de Job est peut-être constitué de plusieurs traditions réunies en un seul récit. On peut constater qu'il fait alterner le récit de sagesse avec des passages poétiques rédigés dans une forme particulière à la littérature ancienne : la lamentation. Les textes de lamentation sont le plus souvent liés à la mort d'un personnage célèbre ou à une calamité particulière qui s'abat sur un peuple.
Dans ce long monologue, le livre de Job reprend un thème déjà présent dans le livre de Jérémie : « Maudit soit le jour qui m'a vu naître » (Jér 20.14). Ce faisant, Job n'est peut-être plus le parfait exemple du croyant montré au début du livre (1.212.10), mais celui qui expérimente la cruauté de l'existence.
par tous les magiciens qui maudissent les jours
et sont habiles à provoquer le grand dragon !
9Qu'elle ne puisse voir l'étoile du matin !
Qu'elle espère le jour, mais qu'elle attende en vain
et n'aperçoive pas l'aurore qui s'éveille !
10Car elle n'a rien fait pour m'empêcher de naître
et de voir aujourd'hui cette dure misère.
11Pourquoi n'être pas mort dès avant ma naissance,
n'avoir pas expiré dès que j'ai vu le jour ?
12Pourquoi ai-je trouvé deux genoux accueillants
et deux seins maternels où je tétais la vie ?
13Je serais aujourd'hui tranquille dans ma tombe ;
alors je dormirais et je serais en paix
14avec les rois, avec les grands hommes d'État,
ceux qui reconstruisaient les monuments en ruine,
15ou avec les princes, qui possédaient de l'or
et des objets d'argent pour garnir leurs maisons.
16Ou bien tout simplement je n'existerais pas,
comme l'enfant mort-né qui n'a pas vu le jour.
17Dans la tombe, les méchants ne s'agitent plus,
et les gens épuisés se reposent enfin.
18Les prisonniers ont trouvé eux aussi la paix,
ils ont cessé d'entendre les cris du gardien,
19et l'esclave est ici délivré de son maître.
Grands ou petits, il n'y a plus de différence.
20Pourquoi Dieu fait-il voir le jour aux malheureux,
à ceux qui doivent vivre une existence amère ?
21Ils attendent la mort, mais elle ne vient pas ;[#3.21 Comparer Apoc 9.6.]
ils la cherchent plus passionnément qu'un trésor.
22Ils seraient si heureux et tellement ravis
de trouver un tombeau !
23Voici donc un homme qui ne sait où il va,
que Dieu a enfermé comme derrière un mur.
24Comme pain à manger, je n'ai que des soupirs,
et mes cris de douleur jaillissent comme l'eau.
25Si j'éprouve une crainte, elle se réalise ;
ce que je redoutais, c'est cela qui m'arrive !
26Je ne connais plus ni tranquillité, ni paix,
ni repos, mais je suis assailli de tourments.