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1Quant à toi, Job, écoute ce que j'ai à dire
Élihou lui aussi fait appel au Dieu créateur pour faire comprendre à Job qu'il va lui parler d'égal à égal (31.13-15). Mais il utilise l'argument de l'égalité des êtres humains pour contraindre Job à reconnaître que sa situation misérable est méritée et voulue par Dieu.
et fais bien attention à toutes mes paroles.
2J'ai quelque chose à dire et je vais l'exprimer.
3Je tiens à te parler en toute honnêteté,
et je ne te dirai que la vérité pure.
4C'est par l'Esprit de Dieu que j'ai été créé,
c'est le souffle du Dieu très-grand qui me fait vivre.
5Essaie de me contredire, si tu le peux,
prépare-toi à m'affronter. En position !
6Nous sommes des égaux, toi et moi, devant Dieu,
moi aussi j'ai été façonné dans l'argile.
7Serais-je une terreur ? Tu n'as pas à trembler
et je n'exercerai pas de pression sur toi.
8J'ai encore à l'oreille le son de ta voix,
Comme l'avait fait Sofar (11.4), Élihou reproche à Job ses prétentions à l'innocence : Job n'a-t-il pas plusieurs fois plaidé non-coupable (10.727.5-631) et accusé Dieu d'agir arbitrairement (9.1-26) en le traitant comme un ennemi (13.2419.11) ? Élihou va jusqu'à incriminer Job (v. 11), en citant ses propres mots (13.27). Après ces longs reproches (33 versets), Élihou poursuit avec une évidence : l'être humain ne saurait espérer une réponse de la part de Dieu, car ce dernier est beaucoup trop grand. Job le savait, mais il refuse que sa petitesse lui enlève le droit à un juste procès (9.2-4). C'est pourquoi il a protesté de son innocence jusque dans son dernier appel à Dieu (31.35-37).
lorsque tu ne faisais que répéter ceci :
9« Moi, je suis innocent, et non rebelle à Dieu ;
je suis pur de tout crime.
10Mais Dieu trouve encore à me faire des reproches,
il me considère comme son ennemi.
11Il entrave mes pas,[#33.11 Comparer 13.27.]
il garde l'œil fixé sur tous mes faits et gestes. »
12Tu as tort sur ce point, Job, je dois te le dire ;
Dieu est beaucoup trop grand pour un simple être humain.
13Pourquoi donc entres-tu en procès avec lui ?
Il n'a pas à répondre de tout ce qu'il fait.
14Quand Dieu parle, il choisit tel moyen d'expression,
La sensibilité « charismatique » d'Élihou s'exprime par la conviction que Dieu répond parfois par des rêves. Élifaz avait déjà eu une révélation divine dans un rêve (4.12-16) mais pour Élihou, la parole de Dieu médiatisée par le rêve a un triple objectif : détourner l'être humain de ses agissements, lui éviter de tomber dans l'orgueil et lui épargner une mort prématurée.
ou tel autre, mais on n'y fait pas attention.
15Il parle par un rêve, une vision nocturne,
quand l'engourdissement s'abat sur les humains,
quand ils sont endormis, allongés sur un lit.
16Il leur apporte alors une révélation
et il les avertit définitivement :
17il veut les détourner de leurs agissements,
il veut leur éviter de tomber dans l'orgueil.
18C'est ainsi qu'il préserve leur vie de la tombe,
qu'il les fait échapper au couloir de la mort.
19Mais Dieu corrige aussi l'homme par la souffrance
Selon Élihou, Dieu utilise la maladie comme un autre moyen pour s'adresser aux humains. Sa question n'est plus celle de la cause, « pourquoi ? », mais celle du but, « pour quoi ? ». Élifaz avait déjà esquissé une fonction éducative de l'épreuve (5.1722.4). Mais une légitimation de la souffrance ne risque-t-elle pas de conduire à un désengagement à l'égard de ceux qui souffrent ? Une conception de la souffrance bénéfique a souvent servi au long de l'histoire à propager l'image mensongère des tyrans bienfaiteurs et des victimes coupables.
qui le jette sur un lit :
la fièvre fait trembler ses membres sans arrêt ;
20le voilà dégoûté de toute nourriture,
sans aucun appétit pour son plat favori.
21Il est si amaigri qu'on ne voit plus ses chairs
et il devient bientôt un squelette vivant.
22Il n'est pas loin d'avoir mis un pied dans la tombe,
sa vie est au pouvoir des agents de la mort.
23Mais il suffit d'un ange aux côtés de cet homme,
Élihou se distingue d'Élifaz sur un seul point. Pour que la souffrance soit comprise comme une correction divine, la médiation d'un ange est nécessaire. Son rôle est multiple. Il doit dévoiler au malade le sens de son malheur, intercéder pour lui auprès de Dieu et lui procurer la guérison. Ceci provoque chez le malade la joie et l'aveu des fautes. Bien sûr, le rôle du médiateur céleste qu'espérait Job ne correspond en rien au rôle de cet ange (16.19-2119.25-27). Job désirait un procès équitable pour manifester son innocence et non un médiateur pour lui montrer le droit chemin.
un seul de ces mille intermédiaires de Dieu,
pour lui faire savoir quel est le droit chemin.
24L'ange a pitié de lui, et il demande à Dieu :
« Ne le laisse donc pas descendre dans la tombe,
j'ai trouvé le moyen de le faire acquitter. »
25L'homme retrouve alors sa fraîcheur enfantine ;
le voilà revenu au temps de sa jeunesse.
26Quand il s'adresse à Dieu, il est bien accueilli ;
il se présente à lui avec des cris de joie,
car Dieu lui a rendu sa condition normale.
27Il se met à chanter, disant à tout le monde :
« J'étais fautif, je n'avais pas suivi la règle,
mais Dieu m'a épargné la peine méritée.
28Il m'a fait échapper au couloir de la mort,
j'ai retrouvé la vie et je vois la lumière. »
29Eh bien, c'est tout cela que Dieu fait pour les hommes,
Élihou rappelle à Job que Dieu ne se lasse jamais d'agir avec bienveillance envers les humains. Après l'avoir sommé de répondre (33.4-5), il lui impose le silence et le presse de tirer les leçons de sagesse. Élihou développe une curieuse pédagogie ! Le discours doctrinal prend le pas sur la compassion.
recommençant deux fois, trois fois si nécessaire.
30Il vise ainsi à les ramener de la tombe
pour que brille sur eux la lumière de vie.
31Job, tu dois m'accorder toute ton attention ;
commence par te taire et laisse-moi parler.
32Si tu as quelque chose à répondre, dis-le,
car j'aurais grand plaisir à te donner raison.
33Si tu n'as rien à dire, écoute-moi plutôt,
fais silence, et je t'enseignerai la sagesse.