Job 35

D'après Élihou, Job n'a rien de sérieux à dire

1Élihou poursuivit :

Dieu, si lointain

(35.1-8)

Élihou revient sur un thème cher à Job : l'innocence ne sert à rien (9.2229-31). Il reprend la question de Job à Dieu : « Si je me suis rendu coupable à ton égard, que t'ai-je fait ? » (7.20). Puis, il répond en s'inspirant de l'affirmation d'Élifaz : l'être humain ne sert à rien (22.2-3). Dieu est si lointain qu'aucun comportement humain ne peut l'atteindre.

Quel serait un Dieu aussi indifférent au sort des humains ?

2-3Job, quand tu dis à Dieu : « Peu importe pour toi

que je sois innocent ! Moi je n'y gagne rien »,

estimes-tu vraiment que cela est correct ?

Penses-tu être ainsi dans le vrai devant Dieu ?

4Eh bien, c'est moi qui vais te donner la réponse,

et à tes amis avec toi !

5Regarde bien le ciel, observe les nuages :

ils sont plus hauts que toi !

6Quand tu commets le mal, est-ce à Dieu que tu nuis ?

Lorsque tu multiplies les désobéissances,

en quoi cela le touche-t-il ? – En rien du tout !

7Et si tu te conduis comme il l'attend de toi,

que lui apportes-tu ? Que reçoit-il de toi ?

8Mais le mal que tu fais, ou ta bonne conduite,

affecte seulement tes semblables, les hommes.

9Quand l'oppression est trop lourde, les gens protestent,

Dieu indifférent aux cris des êtres humains

(35.9-13)

Dieu reste indifférent à des appels proférés seulement dans la détresse. En effet, quand tout va bien, personne ne se demande où est Dieu. Personne ne prête attention aux chants nocturnes par lesquels Dieu se révèle. Il s'agit peut-être des chants d'allégresse après une délivrance (Ps 42.9) ou des chants de la nature (Ps 19.2-5) et des étoiles du matin (38.7). L'invitation à se laisser instruire par les animaux avait déjà servi d'argument à Job contre ses visiteurs (12.7-9).

ils lancent des appels contre la tyrannie.

10Mais pas un ne demande : « Où est Dieu, qui m'a fait,

qui suscite nos chants au milieu de la nuit,

11qui fait notre instruction grâce aux bêtes sauvages,

et nous apprend la sagesse grâce aux oiseaux ? »

12Contre les orgueilleux, contre les malfaisants,

on appelle au secours, mais Dieu ne répond pas.

13On crie, mais c'est en vain ; c'est que le Dieu très-grand

n'entend pas, il n'y accorde aucune attention.

14Combien moins te répondra-t-il, quand tu déclares

Une révolte aussi inconsistante que la fumée

(35.14-16)

Élihou applique son raisonnement au cas de Job. Si Dieu reste indifférent à la révolte de Job, c'est que celle-ci est fumée et ignorance. Avec le mot « fumée », Élihou reprend textuellement l'accusation de Job (21.3427.12 ; même mot en hébreu), mais contre Job lui-même. En bref, Job ne comprend rien à la transcendance de Dieu.

que tu ne le vois pas, que tu l'attends toujours,

alors que ta cause lui a été soumise !

15Mais puisqu'il ne manifeste pas sa colère,

et puisqu'il ignore cette grande révolte,

16c'est que tout le discours de Job n'est que fumée ;

il multiplie les mots sans savoir ce qu'il dit.

Société biblique française – Bibli'O, 2004
Published by: French Bible Society