Job 4

Intervention d'Élifaz : Heureux l'homme que Dieu corrige !

1Élifaz de Téman prit alors la parole et dit à Job :

Ouverture du procès

(4.1-11)

La plaidoirie d'Élifaz est simple : une vie vertueuse conduit au bonheur, tandis qu'une vie sans principes conduit au malheur. Pour illustrer cette leçon, basée sur l'idée que tout doit avoir une cause, il utilise des images du monde agricole et du monde animal.

La première image laisse entendre que chacun est responsable de son destin. Les humains sont libres de décider de leur sort et de construire leur bonheur ou leur malheur. C'est une idée bien connue des sages : « Qui sème l'injustice récolte le malheur » (Prov 22.8). Selon cette image, Dieu n'est plus le seul à approuver ou réprimer personnellement les actes humains, mais une sorte de loi de la nature. Cependant, Dieu reste celui qui organise l'univers dont il est le créateur.

2On n'ose te parler, tant tu es déprimé.[#4.2 Autres interprétations ou]

Pourtant on ne peut pas se taire plus longtemps.

3Toi qui as fait l'éducation de tant de gens

et savais fortifier les bras trop fatigués,

4toi qui trouvais les mots pour remettre debout

ceux qui n'en pouvaient plus,

et relever ceux qui pliaient sous le fardeau,

5te voilà abattu quand le malheur est là,

te voilà effrayé quand c'est toi qu'il atteint !

6Puisque tu reconnais l'autorité de Dieu,

et puisque ta conduite est sans aucun reproche,

ne dois-tu pas garder confiance et bon espoir ?

7Souviens-toi : as-tu vu déjà des innocents

ou des honnêtes gens succomber au malheur ?

8Je l'ai bien remarqué :

Cultiver l'injustice ou semer la misère

conduit à récolter injustice et misère.

9Dieu balaie de son souffle ceux qui s'y adonnent,

il les réduit à rien au vent de sa colère.

10Il fait taire leurs rugissements de lions,

et il casse les dents à ces bêtes féroces.

11Privés de toute proie, ces fauves dépérissent,

tandis que leurs petits sont dispersés au loin.

12Un message m'est parvenu comme en secret,

Ma souffrance, marque de ma petitesse devant Dieu ?

(4.12-21)

Après avoir fondé son premier discours sur l'observation (4.8), Élifaz étaie son argumentation par le récit d'une révélation nocturne. Pour rendre crédible l'idée que toute souffrance est une conséquence du péché, il en rappelle la dimension universelle : nul n'est irréprochable et pur devant Dieu, pas même les anges ! Cette opposition entre la grandeur de Dieu et la petitesse de l'être humain n'est pas nouvelle en Israël. Elle est fréquente dans les Psaumes, mais pour faire appel à la miséricorde divine (Ps 25.7130.3-4143.2). Ici, Élifaz transforme cette opposition en argument sévère contre Job.

mon oreille a perçu un très léger murmure,

13quand en rêve, la nuit, les pensées sont confuses,

quand l'engourdissement s'abat sur les humains.

14Un frisson de terreur s'est emparé de moi,

j'étais tremblant de tous mes membres.

15Une sorte de souffle effleura mon visage

et me donna sur tout le corps la chair de poule.

16Quelqu'un se tenait là, que je discernais mal,

une forme devant mes yeux.

Un silence d'abord, puis j'entendis sa voix :

17« Face à son Dieu, son Créateur, disait la voix,

l'homme peut-il se dire irréprochable et pur ?

18Si Dieu ne se fie pas à ses anges eux-mêmes,

s'il trouve à critiquer ses propres serviteurs,

19à plus forte raison ne peut-il se fier

à ces pauvres humains, créatures d'argile,

dont le corps est poussière,

et qu'on peut écraser plus vite qu'une mite !

20En moins d'une journée ils sont réduits en poudre,

disparus pour toujours sans qu'on y ait pris garde.

21Le fil qui les tenait a été arraché,[#4.21 Autre traduction]

et les voilà tous morts ignorant la sagesse. »

Société biblique française – Bibli'O, 2004
Published by: French Bible Society