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1Le Seigneur interpella Job et lui demanda :[#40.1 Dans certaines éditions les v. 1 à 5 sont numérotés 39.34-38.]
Job, qui avait accusé Dieu d'avoir une conduite arbitraire, est sommé de répondre aux questions de Dieu. Sa réponse est humble. Il reconnaît son incompétence et n'a rien à répliquer. Autrefois, d'éminentes personnalités mettaient la main sur la bouche lorsque Job siégeait au conseil (29.7-10). Job avait dit que si ses amis se penchaient sur son cas, ils seraient stupéfaits et mettraient la main sur la bouche (21.5). C'est maintenant au tour de Job d'être stupéfait.
2Toi qui portes plainte contre le Dieu très-grand,
oses-tu critiquer ?
Toi qui fais la leçon, que vas-tu donc répondre ?
3Alors Job répondit au Seigneur :
4Je suis peu de chose. Que puis-je te répondre ?
Je me mets la main sur la bouche et je me tais.
5J'avais osé parler, je ne dirai plus rien.
J'avais même insisté, je ne le ferai plus.
6Du cœur de la tempête, le Seigneur interpella Job et lui dit :[#40.6 Dans certaines éditions les v. 6 à 32 sont numérotés 40.1-27.]
Dieu rejette le dilemme dans lequel Job et ses visiteurs se sont enfermés : il faut donner tort à Dieu pour donner raison à l'être humain (opinion de Job) ou il faut donner tort à l'être humain pour donner raison à Dieu (opinion des visiteurs). Dieu refuse d'être condamné par Job, et tout autant d'accuser Job pour se justifier. Il serait ridicule de prétendre se mesurer à Dieu. Si Job a tant de force, qu'il éradique donc lui-même le mal de ce monde ! S'il réussit, Dieu se dit alors prêt à tenir le rôle de Job et à lui chanter des louanges.
7Tiens-toi prêt, sois un homme :
je vais t'interroger et tu me répondras.
8Veux-tu vraiment mettre en question mon jugement ?
Veux-tu me donner tort pour te donner raison ?
9As-tu donc les moyens d'être aussi fort que moi ?
Et ta voix, pourrait-elle égaler mon tonnerre ?
10Eh bien ! pare-toi donc de gloire et de grandeur,
habille-toi de splendeur et de majesté.
11Répands sur les humains ta terrible colère ;
d'un seul regard, abaisse tous les orgueilleux.
12Oui, que ton seul regard les fasse plier tous !
Les gens sans foi ni loi, écrase-les sur place.
13D'un même mouvement, fais-les rentrer sous terre,
enferme-les chacun au cachot de la mort.
14Alors je chanterai moi aussi tes louanges
pour la victoire due à cette belle action !
15Regarde bien ce monstre qu'est l'hippopotame :
Dieu va maintenant montrer à Job qu'il est seul capable de maîtriser les forces du mal. L'identification du premier animal avec l'hippopotame que l'on trouve dans le Nil égyptien, tout comme le crocodile, reste très probable. « Behémot » (tel est son nom en hébreu) est un bovidé mythique qui fait allusion à l'Égypte et, de plus, symbolise le mal. Or, Dieu revendique la création de ce monstre. Mieux encore, il le considère même comme son chef-d'œuvre, c'est-à-dire la première de ses œuvres. Ni l'être humain (Gen 2.4b-7), ni la Sagesse (Prov 8.22) ne peuvent se prévaloir d'être la première et principale création de Dieu. Une fois de plus, l'être humain est détrôné et doit reconnaître sa petitesse et son impuissance. Dieu seul peut capturer le monstre et le tenir en respect.
je suis son créateur, comme je suis le tien.
C'est un simple mangeur d'herbe, comme le bœuf.
16Mais regarde la force qu'il a dans sa croupe,
admire la vigueur des muscles de son ventre !
17Sa queue est puissante, comme le tronc d'un cèdre ;
ses cuisses sont nouées par des tendons puissants.
18Ses os sont aussi forts que des tubes de bronze,
ses côtes font penser à des barres de fer.
19De tout ce que j'ai fait, c'est bien lui mon chef-d'œuvre !
Moi seul, son créateur, je le tiens en respect.
20Les hauteurs lui fournissent sa part de fourrage
sur les lieux où s'ébattent les bêtes sauvages.
21Mais il va se coucher à l'abri des lotus,
il se cache parmi les roseaux des marais.
22Il trouve une retraite à l'ombre des lotus,
autour des peupliers qui bordent la rivière.
23Si le courant est fort, il ne s'en trouble pas ;
même si le torrent jaillit jusqu'à sa gueule,
il garde tout son calme.
24Tant qu'il ouvre les yeux, qui peut le capturer ?
Va-t-on le retenir en lui perçant le nez ?
25Vas-tu pêcher le grand dragon à l'hameçon,[#40.25 ou : Comparer 3.8 et la note. Dans certaines éditions les v. 40.25-32 sont numérotés 40.20-27.]
Maintenant, Dieu invite Job à méditer sur un autre monstre de la mythologie du Proche-Orient ancien : le dragon. Tel un crocodile, son dos est couvert d'un bouclier, sa gueule hérissée de dents, et il laisse dans la boue la trace d'une herse ; tel un dragon, sa gueule laisse échapper des flammes et des étincelles. Ce monstre, nommé Léviatan en hébreu, a déjà été mentionné (3.8) et ce passage fait allusion à une vieille croyance selon laquelle des magiciens pouvaient inciter le grand dragon à dévorer le soleil. C'est ainsi qu'on expliquait les éclipses solaires. En És 27.1, le Léviatan est aussi assimilé au serpent tortueux et à un dragon des mers (26.5-14). C'est un monstre du chaos, déjà maîtrisé à l'origine de la création et pourtant toujours à soumettre de nouveau (Ps 74.14).
Ce monstre, qui échappe à la connaissance et au pouvoir de l'être humain, illustre bien l'ignorance et l'impuissance de Job, face aux forces du chaos. Par conséquent, son jugement sur l'ordre de la création est présomptueux. Mais si l'être humain est incapable de comprendre l'origine du mal et de s'en défendre efficacement, Dieu connaît tout ce qui est sous le ciel et en dispose.
Dieu évoque des monstres mythologiques pour rappeler à Job qu'il s'est trompé non seulement sur l'ordre et le désordre du monde, mais aussi sur sa propre place au sein de la création.
vas-tu le prendre par la langue avec ta ligne ?
26Pourras-tu lui passer un jonc dans les narines,
lui percer la mâchoire à l'aide d'un crochet ?
27Crois-tu qu'il va te supplier en insistant ?
Ou bien qu'il te dira des mots affectueux ?
28st-ce qu'il conclura un contrat avec toi,
pour qu'indéfiniment il reste ton esclave ?
29Joueras-tu avec lui comme avec un oiseau ?
Ou l'attacheras-tu pour amuser tes filles ?
30Les pêcheurs associés le mettront-ils en vente ?
Le partagera-t-on entre divers marchands ?
31Peux-tu percer sa peau en le criblant de coups,
lui traverser la tête à l'aide d'un harpon ?
32Pose la main sur lui :
en songeant au combat, tu ne le feras plus !