Job 7

Réplique de Job (suite) : Il se plaint de Dieu

1La vie est rude pour les hommes sur la terre :

Job, porte-parole de l'humanité souffrante

(7.1-6)

Comme en 3.20, Job généralise sa situation. Il devient une figure universelle, le modèle du souffrant, un esclave sans espoir de libération. Chacun peut se reconnaître en lui et faire sienne sa souffrance et sa révolte.

ils ont la condition d'un travailleur de force,

2d'un esclave au soleil, qui voudrait un peu d'ombre,

ou d'un pauvre ouvrier, qui attend qu'on le paie.

3Tel est aussi mon sort : des mois de déception,

et des nuits de tourments ; c'est ce que j'ai gagné.

4Dès que je suis couché, je commence à me dire :

« Quand me lèverai-je ? » Le soir n'en finit pas.

Je n'en peux plus de m'agiter jusqu'à l'aurore.

5J'ai le corps recouvert de vermine et de croûtes,

et ma peau écorchée n'est que plaies purulentes.

6Ma vie aura passé

plus vite que la navette d'un tisserand,

elle touche à sa fin

quand le fil de l'espoir est arrivé au bout.

7O Dieu, ne l'oublie pas, ma vie tient à un souffle,

Quand la prière ose dire la révolte

(7.7-21)

Seul Job ose s'adresser à Dieu en le tutoyant. Pour ses amis, Dieu n'est qu'une théorie ou un système, mais pour Job, Dieu est quelqu'un. Job est capable d'intégrer la prière dans son débat intérieur, mais il malmène les traditions. Par exemple, les v. 7-10 nient toute espérance au-delà de la mort. Les v. 17-19 prennent le contre-pied du Psaume 8 qui exalte l'homme. Ainsi, la prière de Job est une lamentation où se mêlent la douleur, le doute, l'accusation, l'ironie et la révolte. N'est-ce pas souvent la seule prière possible ? Comment passer d'un savoir sur Dieu à une relation vraie avec Dieu ?

mes yeux ne reverront plus jamais le bonheur.

8Toi qui veillais sur moi, tu ne me verras plus ;

tu me regarderas, je ne serai plus là.

9Comme un nuage se dissipe et disparaît,

on descend chez les morts pour n'en plus remonter.

10Celui qui part ainsi ne revient plus chez lui,

et là où il vivait, on l'oubliera bientôt.

11Alors je ne veux plus me taire davantage ;

j'ai l'esprit en détresse, il faut donc que je parle.

Mon cœur est trop amer, j'exprimerai ma plainte.

12Toi, pourquoi me fais-tu surveiller de si près :

serais-je l'Océan ou le Monstre marin ?

13Quand je me mets au lit en espérant trouver

quelque soulagement ou quelque apaisement,

14tu viens me terroriser par des cauchemars ;

ce que tu me fais voir me jette dans l'angoisse.

15Ah ! si tu m'étranglais, j'aimerais mieux cela !

Je préfère mourir,

plutôt qu'être réduit à l'état de squelette.

16Je n'en peux plus, je ne durerai pas toujours.

Ma vie tient à un rien, laisse-moi donc tranquille.

17Pourquoi donner tant d'importance à un humain ?

Oui, pourquoi le prends-tu tellement au sérieux,

18et viens-tu l'inspecter matin après matin ?

Pourquoi à chaque instant le mets-tu à l'épreuve ?

19Quand donc cesseras-tu de t'occuper de moi ?

Quand me laisseras-tu avaler ma salive ?

20Si je me suis rendu coupable à ton égard,

que t'ai-je fait, dis-moi, inspecteur des humains ?

Pourquoi fais-tu de moi une cible pour toi ?

Serais-je devenu une charge pour toi ?

21Pourquoi refuses-tu de supporter ma faute,

de pardonner mes torts ?

Me voilà maintenant couché dans la poussière ;

quand tu me chercheras, je ne serai plus là.

Société biblique française – Bibli'O, 2004
Published by: French Bible Society