Habacuc 3

Prière d'Habacuc : l'intervention de Dieu

1Prière en forme de complainte prononcée par le prophète Habacuc :

Hymne de louange

(3.1-19)

Cette belle complainte se présente comme un hymne de victoire, où l'auteur célèbre l'intervention du Seigneur en faveur de son peuple. Pour Habacuc, le Seigneur est la cause véritable des succès militaires de Juda comme du rétablissement de la justice. L'intervention de Dieu dans le monde a pour effet d'anéantir les pouvoirs humains corrompus et d'établir le règne de la justice sur la terre. Dans une mise en scène imagée évoquant une liturgie, le prophète s'adresse à Dieu. Il l'implore d'agir pour son peuple, comme il l'avait fait jadis au temps de l'Exode.

On peut tracer un parallèle entre la venue triomphale de Dieu évoquée dans ce passage et la manière dont les chrétiens attendent la venue du Christ victorieux à la fin des temps (Matt 24.29-31).

Dans sa prière, Habacuc célèbre la gloire du Seigneur, dont Juda se doit d'être le témoin à l'avenir.

Il trace un portrait spectaculaire de la puissance divine, qui agit dans la création et renverse les régimes injustes et oppresseurs. Dieu est décrit comme un guerrier qui remporte une victoire éclatante. Une telle image révèle le désir ardent de voir un jour le malheur cesser de s'abattre sur Israël.

Habacuc anticipe les ravages de la conquête et de l'exil (v. 17). Malgré tout, il demeure confiant. « Le Seigneur Dieu est ma force », proclame-t-il, à la manière priante et ardente du psalmiste (Ps 46546776). La finale de cet hymne a peut-être aussi inspiré l'évangéliste Luc dans le cantique de Marie (Luc 1.47).

2Seigneur, Seigneur,

j'ai entendu parler de tes exploits

et j'en suis rempli de respect.

Accomplis au cours de notre vie

des œuvres semblables,

fais-les connaître de notre vivant.

Même si tu as des raisons d'être en colère,

manifeste-nous encore ta bonté.

3Dieu arrive de Téman,

le vrai Dieu vient des monts de Paran. Pause

Sa splendeur illumine le ciel

et la terre est pleine de sa louange.

4Il vient, éclatant de lumière,

des rayons brillants jaillissent de sa main,

où se cache sa puissance.

5Il envoie des épidémies devant lui,

des maladies se déclarent là où il passe.

6Lorsqu'il s'arrête, il fait trembler la terre,[#3.6 : d'après l'ancienne version grecque qui modifie deux consonnes du verbe hébreu.]

il regarde les nations et elles tressaillent de peur.

Les montagnes éternelles sont ébranlées,

les collines antiques s'affaissent,

elles qui furent autrefois la route où il passait.

7Je vois les tentes des gens de Kouchan

et les abris des Madianites :

ils sont secoués par la menace.

8Est-ce les fleuves, Seigneur,

est-ce les fleuves qui te mettent en colère ?

Est-ce contre la mer que ta fureur se déchaîne ?

Tu montes sur les nuages comme sur un char

dont les chevaux te conduisent à la victoire.

9Tu prépares ton arc,

tes flèches sont les serments

que tu as prononcés. Pause

La terre s'ouvre et les fleuves jaillissent.

10Quand les montagnes te voient, elles tremblent,

des pluies torrentielles inondent la terre,

le grand océan mugit

et lance ses lames jusqu'au ciel.

11A la lumière de tes flèches qui volent,

devant les éclairs éblouissants de ta lance,

le soleil et la lune interrompent leur course.

12Avec colère tu parcours la terre,

avec fureur tu écrases les nations.

13Tu t'avances au secours de ton peuple,

au secours du roi que tu as consacré ;

tu abats le chef du clan des méchants,

tu fais table rase de ses partisans. Pause

14Tu perces la tête des chefs ennemis

avec leurs propres épieux.

Semblables à un ouragan,

ils se précipitaient pour nous disperser

en poussant des cris de joie,

prêts à massacrer en secret leurs victimes.

15Tu parcours la mer avec tes chevaux

dans un bouillonnement de grosses vagues.

16J'entends tout ce tumulte

et je suis profondément bouleversé :

mes lèvres frémissent de crainte,

mon corps est paralysé,

mes jambes se dérobent sous moi.

En silence j'attends le jour de la détresse,

pour aller attaquer le peuple qui nous opprime.

17Les figuiers ne portent plus de fruits,

les vignes ne donnent pas de raisins,

les oliviers ne produisent rien,

les champs ne fournissent aucune récolte ;

il n'y a plus de moutons dans les enclos,

plus de bœufs dans les étables.

18Mais moi, je trouve ma joie dans le Seigneur,

je suis heureux à cause du Dieu qui me sauve.

19Le Seigneur Dieu est ma force :

il me rend aussi agile que les biches,

il me fait marcher sur les hauteurs.

Société biblique française – Bibli'O, 2004
Published by: French Bible Society