Psaumes (104)

Histoire de la fidélité de Dieu

(V. 1-15 ; voir 1 Chroniques 16.8-22)

Présence et action divines dans l'histoire

(Psaumes 105)

1Louez le Seigneur, dites bien haut qui est Dieu,

annoncez aux autres peuples ses exploits.

2Chantez pour lui, célébrez-le par vos chants,

parlez de toutes ses merveilles.

3Soyez fiers de lui, l'unique vrai Dieu,

ayez le cœur en joie, fidèles du Seigneur.

4Tournez-vous vers le Seigneur tout-puissant,

cherchez continuellement sa présence.

5-6Vous qui descendez d'Abraham, son serviteur,

vous les fils de Jacob qu'il a choisis,

rappelez-vous les merveilles qu'il a faites,

rappelez-vous ses prodiges, les décisions qu'il a prononcées.

L'époque des patriarches

(105.7-25)

Dans la tradition théologique dont s'inspire le poème, c'est Abraham qui représente le point d'origine de l'alliance nationale (v. 8-9) et de la généalogie israélite (v. 5-6). Jacob, lui, a hérité de cette alliance irréversible conclue entre le Seigneur et son aïeul (v. 10-11) ; Israël, surnom de Jacob (Gen 32.28-29), est devenu le nom du peuple élu.

Puis, le récit rappelle quatre moments successifs : le temps de la mobilité et du cheminement, où les ancêtres étaient semi-nomades (v. 12-16) ; l'abaissement de Joseph (v. 17-19) ; son relèvement (v. 20-22) ; et la période de l'esclavage en Égypte (v. 23-25).

Le croyant chrétien peut également retrouver ses propres origines à travers ce poème : lui aussi, en un sens, fait partie de la descendance d'Abraham (Gal 3.29).

7Notre Dieu, c'est lui, le Seigneur ;

ses décisions concernent la terre entière.

8Il se souvient qu'il s'est engagé pour toujours,

qu'il a donné sa parole pour mille générations.

9C'est la promesse qu'il a faite à Abraham,

c'est son serment en faveur d'Isaac,

10c'est la décision qu'il a confirmée à Jacob,

sa promesse éternelle en faveur d'Israël,

11quand il lui a dit : « Je te donne le pays de Canaan,

c'est la part qui vous est attribuée, à toi et à tes descendants. »

12Ceux-ci n'étaient alors qu'en petit nombre,

tout juste quelques émigrés dans le pays.

13Ils allaient d'une nation chez une autre,

d'un royaume à un autre.

14Mais Dieu ne laissa personne les maltraiter,

à cause d'eux, il avertit des rois :

15« Défense de toucher à ceux que j'ai consacrés, disait-il ;

défense de faire du mal à ceux qui sont mes porte-parole ! »

16Il provoqua la famine dans le pays,

et le pain vint à manquer.

17Mais il envoya un homme pour précéder ses protégés :

c'était Joseph, qui fut vendu comme esclave.

18On lui imposa des chaînes aux pieds,

on lui passa le cou dans un collier de fer,

19jusqu'au moment où la parole qu'il reçut du Seigneur

prouva quel genre d'homme il était.

20Le roi donna l'ordre de le libérer,

le maître des peuples le fit relâcher.

21Il le nomma chef de son administration,

et maître de tout ce qu'il possédait,

22pour éduquer les ministres à sa guise[#105.22 On interprète ici le début du v. 22 d'après les anciennes versions grecque, syriaque et latine ; hébreu]

et enseigner la sagesse aux vieux conseillers.

23Après quoi Jacob vint en Égypte,

Israël fut l'hôte du pays de Cham.

24Le Seigneur rendit son peuple très prolifique

et plus puissant que ses adversaires.

25Il changea les sentiments des Égyptiens,

qui se mirent à haïr son peuple

et cherchèrent à duper ses fidèles.

(Psaumes 105.26-38)

Le moment décisif

Le récit en arrive à l'épisode clé de la sortie d'Égypte. Le narrateur n'omet pas tout à fait le nom de Moïse. Mais il réduit le rôle du personnage à celui d'un faiseur de prodiges obéissant. Rien sur la fonction, combien plus importante, de législateur et chef de la nation. On s'en étonnera peut-être. En réalité, dans le sillage d'un certain courant théologique, le poète valorise beaucoup plus les origines lointaines d'Israël et le personnage d'Abraham (v. 42).

Dans ce rappel de l'histoire, les prodiges sont racontés en priorité. En Égypte d'abord, huit fléaux destructeurs sont retenus (v. 27-36), sur les dix d'Ex 7.8–12.34. Puis, lors de la traversée du désert, quatre signes merveilleux (v. 39-41) : la colonne de feu et de nuée, symbole de la présence mystérieuse du Dieu du ciel au milieu de son peuple (Ex 13.21-22) ; et trois miracles alimentaires (Ex 16–17Nomb 11). Entre la série négative des huit et la série positive des quatre, on observe un contraste violent. D'un côté, les Égyptiens n'ont plus grand-chose à manger et à boire, puisque leur eau est altérée et leurs récoltes dévastées. A l'opposé, même en territoire aride, les Israélites ont de quoi se ravitailler, en nourriture autant qu'en eau potable.

L'histoire se répète

De ce condensé d'histoire se dégage une formidable espérance pour les victimes d'oppression : les personnes injustement condamnées, comme Joseph dans la Genèse (v. 17-22 ; Gen 39), les minorités qui dérangent comme les nomades (v. 12-15), les immigrants qui fuient la famine, cherchent du travail et se multiplient dans le pays (v. 16, 23-24).

Dieu a le souci de ne laisser personne faire du mal aux pauvres et aux opprimés (v. 14-15). Toujours, il envoie lui-même des libérateurs (v. 17, 26) qui dénoncent les scandales et contribuent à libérer les opprimés.

26Alors il envoya son serviteur Moïse,

et Aaron, qu'il avait choisi.

27Chez les Égyptiens, tous deux réalisèrent

les prodiges que Dieu leur avait ordonnés ;

au pays de Cham, ils firent des interventions marquantes.

28Ainsi Dieu fit venir l'obscurité, et le pays fut noyé dans la nuit,

sans que personne s'oppose à sa parole.

29Il changea l'eau en sang

et fit périr les poissons qui s'y trouvaient.

30Le pays fut envahi de grenouilles

jusque dans les appartements royaux.

31Sur l'ordre de Dieu arrivèrent des mouches piquantes

et des moustiques sur tout le territoire.

32Au lieu de pluie, il envoya la grêle,

et la foudre qui mit le feu dans le pays ;

33il détruisit vignes et figuiers

et cassa les arbres de la région.

34Sur un autre ordre de Dieu arrivèrent des sauterelles ,

des criquets pèlerins innombrables,

35qui dévorèrent toute la végétation,

tous les produits du sol.

36Enfin, dans les familles d'Égypte,

Dieu frappa de mort tous les fils aînés,

le plus précieux produit de leur vigueur.

37Puis il fit sortir les siens chargés d'argent et d'or.[#105.37 Ex 12.35-36.]

Dans leurs tribus, personne ne traînait les pieds.

38En Égypte, on se réjouit de leur départ,

tant était forte la crainte qu'ils inspiraient.

39Pour les protéger, le Seigneur déploya un rideau de fumée.

La nuit un feu les éclairait.

40Mais ils réclamèrent.

Le Seigneur fit alors venir des cailles

et il les rassasia du pain du ciel.

41Il ouvrit un rocher, l'eau se mit à couler,[#105.41 Ex 17.1-7 ; Nomb 20.2-13.]

traversant le désert comme un fleuve.

42C'est qu'il se rappelait la divine promesse

qu'il avait faite à son serviteur Abraham.

43Son peuple avait le cœur en fête quand il le fit sortir,

ceux qu'il avait choisis poussaient des cris de joie.

44Puis il leur donna les terres d'autres nations,

et ils profitèrent du travail d'autres peuples,

45afin qu'ils se tiennent à ses commandements

et observent ses instructions.

Alléluia , vive le Seigneur !

Société biblique française – Bibli'O, 2004
Published by: French Bible Society