Siracide 27

1Pour gagner plus, beaucoup commettent des fautes.

Celui qui cherche à s'enrichir

ne veut rien savoir d'autre.

2Comme un pieu enfoncé entre deux pierres jointes,

ainsi le péché parvient à se glisser

entre le vendeur et l'acheteur.

3Si tu ne t'appliques pas fermement

à respecter l'autorité du Seigneur,

ta maison ne tardera pas à être en ruine.

L'homme se révèle par ce qu'il dit

Discerner une personne honnête

(27.4-7)

Ben Sira cherche maintenant à répondre à la question suivante : comment juger l'honnêteté d'un marchand ou de tout être humain aux apparences honnêtes ? En l'écoutant parler. Cette pensée est exprimée à l'aide de trois images : le tamis ou le crible (Amos 9.9), l'atelier du potier (Jér 18.3-6) et les fruits d'un arbre (Matt 7.16).

4Quand on passe quelque chose au tamis,

ce qui reste, ce sont les impuretés ;

de la même façon, les défauts d'un homme

apparaissent quand il se met à parler.

5La cuisson au four révèle la qualité

du vase fait par le potier.

De même, pour savoir ce que vaut un homme,

il suffit de l'entendre parler.

6Ce que produit un arbre fruitier

montre comment il a été cultivé ;

ainsi, en écoutant un homme parler,

on peut savoir ce qu'il pense au fond de lui-même.

7Ne fais pas l'éloge de quelqu'un

avant qu'il se soit exprimé,

car c'est en l'entendant qu'on apprend ce qu'il vaut.

Les avantages d'une conduite sage

Mettre la vérité en pratique

(27.8-10)

On ne confesse pas la vérité comme on proclame un credo. Il faut la pratiquer ! « Faire la vérité » est synonyme de « rechercher la justice ». Son contraire, c'est faire le mal. Le péché est ici personnifié, comme en 21.2 et en Gen 4.7.

8Si tu poursuis ce qui est juste,

tu l'atteindras

et tu pourras te parer de ce succès

comme d'un manteau honorifique.

9Les oiseaux de même espèce

se regroupent pour se reposer ;

ainsi, pratiquer la vérité

amène en retour la vérité.

10Comme le lion qui guette sa proie,

le péché guette ceux qui font le mal.

11Ce que le fidèle exprime

est toujours marqué par la sagesse,

mais l'homme sans bon sens

est changeant comme la lune.

Le fidèle et l'imbécile

(27.11-15)

Les propos du fidèle sont opposés aux discours irritants des imbéciles (22.13-15). Ces derniers abusent des serments (23.7-11) et finissent par faire couler le sang (22.24). Le fidèle ne doit donc fréquenter le sot que si c'est vraiment nécessaire.

12Si tu dois entrer chez des sots,

guette le bon moment,

mais prends ton temps quand tu te trouves

avec des gens intelligents.

13Les discours des imbéciles sont irritants,

leur rire n'est qu'un luxe coupable.

14Les propos de ceux qui abusent des serments

vous font dresser les cheveux sur la tête

et, quand ils se disputent,

il faut se boucher les oreilles.

15Les disputes des gens prétentieux

finissent par faire couler le sang,

leurs injures vous écorchent les oreilles.

Savoir garder un secret

L'indiscrétion, mère de bien des maux

(27.16-21)

Rien n'est plus grave que la trahison d'un secret, car elle détruit la confiance, l'amitié et l'espoir (6.922.22). A notre époque, où les moyens de communication et les outils de surveillance sont quasi omniprésents, il est bon de se rappeler le caractère inviolable des confidences.

16Celui qui dévoile un secret

détruit la confiance qu'on avait en lui

et ne trouvera plus de véritable ami.

17Aime ton ami et reste-lui fidèle,

mais si tu dévoiles ses secrets,

ne cherche plus à retrouver son amitié :

18elle est perdue pour toi,

comme la vie d'un proche emporté par la mort.

19Comme l'oiseau que tu laisses échapper, tu ne reprendras plus l'ami

que tu as fait partir ainsi.

20Ne cherche pas à le rattraper : il est loin,

comme une gazelle échappée d'un piège.

21On peut guérir une blessure

ou se réconcilier après des injures,

mais trahir un secret, c'est sans espoir.

Le double langage

L'hypocrisie

(27.22-24)

Le clin d'œil était un signe de duperie (Prov 6.1310.10). Ce portrait de l'hypocrite est à rapprocher de Prov 6.12-15. Ben Sira nous invite à nous tenir loin d'une telle personne. Malheureusement, ne prêtons-nous pas trop souvent une oreille curieuse et indulgente aux hypocrites qui calomnient nos proches ?

22Celui qui lance un clin d'œil

a de mauvaises intentions.

Si tu le repères, tiens-toi à l'écart.

23Devant toi son discours est tout sucre et tout miel,

et il est plein d'admiration pour tes paroles,

mais derrière ton dos, il change de langage

et se sert de tes paroles pour te nuire.

24Je déteste beaucoup de choses

mais rien autant que ce genre d'homme,

et le Seigneur le déteste aussi.

On paie toujours le mal qu'on a fait

Le mal attire le mal

(27.25-29)

De nombreux sages ont affirmé que bonheur et malheur sont la conséquence directe des actions humaines et qu'on finit toujours par payer le mal qu'on a fait (7.1-3Prov 22.8Osée 8.7).

25Qui jette une pierre en l'air

la recevra sur la tête.

Qui frappe en traître se fera frapper en traître.

26Qui dresse un piège à son prochain

en creusant une fosse, en tendant un filet,

y sera pris lui-même.

27Le mal que tu fais te retombera dessus

sans même que tu saches d'où cela t'arrive.

28Se moquer des autres ou les insulter

est le propre du prétentieux ;

la punition l'attend, comme un lion embusqué.

29Qui se réjouit du malheur des fidèles

se laisse prendre au piège :

il sera rongé de souffrances

avant même la fin de sa vie.

Pardonner plutôt que garder rancune

(Voir Proverbes 20.22 ; 24.29 ; Matthieu 5.38-42 ; Romains 12.17)

30La rancune et la colère,

voilà aussi des choses détestables.

L'homme sans foi ni loi est maître en ce domaine.

Pardon humain et pardon divin

(27.30–28.7)

En demandant de pardonner à son prochain, Ben Sira dépasse la loi du talion qui affirmait « œil pour œil, dent pour dent » (Ex 21.23-25). C'est là une des exigences de l'alliance de Dieu (Lév 19.17-18). Pardonner, c'est restaurer la relation, c'est reconnaître que ce qui est arrivé n'est pas le dernier mot sur autrui. On ne peut avoir deux attitudes différentes, l'une avec Dieu, l'autre avec son semblable. Il n'y a qu'une seule attitude possible : celle du pardon. Celui qui refuse le pardon à son prochain ne peut prétendre à celui de Dieu. Sans le pardon humain, celui de Dieu ne peut s'effectuer.

Société biblique française – Bibli'O, 2004
Published by: French Bible Society