Siracide (36 )

La crédibilité de la Loi

(33.1-3)

1Qui reconnaît l'autorité du Seigneur

évite le malheur ;

en cas d'épreuve, il est toujours délivré.

2Le sage ne peut pas détester la Loi ,

mais celui qui triche avec elle

est comme un bateau dans la tempête.

3L'homme intelligent se fie

à la parole du Seigneur ;

pour lui, la Loi

est aussi sûre que l'oracle d'un prêtre.

L'imbécile et le moqueur

Sage, imbécile ou moqueur

(33.4-6)

Contrairement au sage qui réfléchit longuement avant de prendre des décisions (32.19), les idées et les sentiments de l'imbécile varient constamment (27.11). A l'époque de Ben Sira, l'essieu n'était pas fixe, mais tournait avec les roues. Quant au moqueur, il ridiculise invariablement n'importe qui.

4Si tu veux qu'on t'écoute,

prépare ce que tu vas dire ;

réunis en pensée ce que tu as appris

et ne réponds qu'ensuite.

5Les sentiments d'un imbécile

sont mouvants comme les roues d'un chariot

et son raisonnement

est changeant comme un essieu qui tourne.

6Un ami qui aime se moquer des gens

fait penser à un étalon

qui hennit sous chaque nouveau cavalier.

Dieu tient à faire des différences

La sagesse créatrice

(33.7-15)

Ben Sira répond ici aux Juifs hellénisés qui doutent de la place singulière d'Israël dans le plan de salut de Dieu. Il leur montre que tout provient de la sagesse créatrice de Dieu (11.12-19) : la supériorité des jours de fête sur les jours ordinaires (Gen 1.142.3Ex 20.11) ; l'opposition entre les humbles et les orgueilleux (10.14-15) ; la distinction entre le bien et le mal, la mort et la vie (Deut 30.15), les fidèles et les gens sans foi ni loi.

Sur la comparaison entre Dieu et un potier (v. 13), on peut lire És 45.9 et Jér 18.1-6.

7Tous les jours de l'année

reçoivent la lumière du soleil.

Pourquoi tel jour est-il alors

plus important qu'un autre ?

8C'est que le Seigneur les a conçus différents,

en distinguant des moments pour les fêtes.

9Il en a hissé certains au rang de jours saints

et a laissé les autres

au nombre des jours ordinaires.

10Ainsi tous les humains sont faits de la poussière

comme Adam, que Dieu forma avec de la terre.

11Et pourtant le Seigneur, dans sa grande sagesse,[#33.11 : d'après l'hébreu ; grec]

les a faits différents

et a choisi pour eux des sorts distincts.

12Il a béni certains en les plaçant plus haut ;

il a consacré tels autres pour l'approcher.

Mais d'autres, il les maudit et les abaisse,

il les renverse de leur place.

13Comme l'argile est entre les mains du potier

qui la façonne à son gré,

ainsi en est-il des humains

entre les mains de leur Créateur :

ils sont placés devant le sort que Dieu leur fait.

14En face du mal, il y a le bien

et en face de la mort, la vie.

De même, en face des fidèles,

il y a les gens sans foi ni loi.

15C'est ainsi que tu dois regarder

tout ce que le Très-Haut a fait :

tout va par paires, dans lesquelles

un élément s'oppose à l'autre.

L'auteur médite sur son travail

Fragment autobiographique

(33.16-18)

Ben Sira se présente comme le dernier venu pour ramasser les grappes oubliées par les vendangeurs, il se compare ainsi aux personnes les plus délaissées de la société. En effet, le droit de ramasser les restes de la vigne était réservé aux pauvres, aux orphelins, aux veuves et aux étrangers (Lév 19.10Deut 24.21). Cette image agraire fait écho à 6.19 et souligne que la recherche de l'instruction est une tâche aussi modeste que pénible. Toutefois le fruit de ce travail et de cette bénédiction est mis au service de tous ceux qui cherchent l'instruction ; il n'est pas réservé seulement à des gens haut placés (39.4).

16Moi, je suis le dernier venu pour travailler,[#33.16 ou]

comme celui qui ramasse, sur les vignes,

les grappes oubliées par les vendangeurs.

17Mais, grâce au Seigneur qui m'a béni ,

j'ai rattrapé mon retard

et, comme un vendangeur, j'ai rempli mon pressoir.

18Comprenez bien, si j'ai pris de la peine,

ce n'est pas pour moi seul,

mais aussi pour tous ceux qui cherchent l'instruction.

Ne pas dépendre des autres

Savoir garder son autorité

(33.19-24)

Le père est d'abord invité à garder son autorité sur les siens et sur ses biens. Pour ce faire, il doit veiller à maintenir une parfaite indépendance vis-à-vis des autres. Le v. 24 montre que la répartition de l'héritage se faisait du vivant même du donateur.

19Écoutez-moi et soyez attentifs,

vous, les dirigeants politiques,

et vous aussi, les chefs de l'assemblée.

20Durant ta vie, ne donne aucun pouvoir sur toi

ni à ton fils, ni à ta femme,

ni à ton frère, ni à un ami.

Ne confie pas non plus tes biens à quelqu'un d'autre ;

Ainsi, tu n'auras pas à les redemander,

si tu regrettes de l'avoir fait.

21Tant que tu as encore un souffle de vie,

ne laisse personne avoir prise sur toi.

22Vis-à-vis de tes enfants, en effet,

il vaut mieux être en position de donateur

qu'en position de demandeur.

23En tout ce que tu fais, conduis-toi en maître,

pour éviter de ternir ta réputation.

24Quand tu approcheras de la fin de ta vie,

au moment de mourir, fais la répartition

de ce que tu laisses en héritage.

Comment traiter les esclaves

Les esclaves

(33.25-33)

Les conseils de Ben Sira portent d'abord sur les esclaves en général (v. 25-26), puis sur les mauvais et les bons esclaves (v. 27-30, 31-33 ; 7.20-21). Durant toute l'Antiquité, l'esclavage a été considéré comme normal et indispensable. Toutefois, en Israël, il n'a jamais atteint l'ampleur qu'il a connue chez ses voisins. En effet, pour les Grecs comme pour les Romains, les esclaves étaient des choses et non des êtres humains, ils étaient des instruments de travail plutôt que des travailleurs. Or, en Israël, la loi protégeait les esclaves contre les abus de leur maître (Ex 21.2026-27) et exigeait leur libération après six années de travail (Deut 15.12-18). Ce combat pour la protection et la dignité n'est jamais terminé. Les conditions de travail de bien des salariés dans le monde ne sont pas si différentes de celles des esclaves d'hier.

25Fourrage, coups de bâton et lourdes charges : voilà pour l'âne ;

pain, discipline et travail : voilà pour l'esclave.

26Si tu fais travailler ton esclave,[#33.26 D'après l'hébreu ; grec]

tu auras la tranquillité ;

si tu le laisses faire ce qu'il veut,

il cherchera à s'évader.

27Avec un joug et des courroies

on fait plier la nuque d'un bœuf ;

pour faire plier les mauvais esclaves,

il y a le dressage au bâton.

28Pousse ton esclave au travail

pour qu'il ne reste pas inoccupé :

29l'oisiveté est la mère de tous les vices.

30Fais-le donc travailler, puisqu'il est là pour ça ;[#33.30 Certains comprennent – V. 30 : comparer Prov 29.19.]

s'il ne t'obéit pas, mets-lui les fers aux pieds.

Ne sois pourtant trop exigeant envers personne

et ne fais rien qui soit contraire à la justice.

31Si tu ne possèdes qu'un esclave,

traite-le comme toi-même,

puisque tu l'as acquis par le sang.

Si tu n'as que lui, traite-le comme un frère,

car tu as autant besoin de lui que de ta propre vie.

32Si tu le maltraites et qu'il s'enfuit,

33comment t'y prendras-tu pour le chercher ?[#33.33 La loi de Moïse interdisait de livrer un esclave qui s'était enfui de chez son maître (voir Deut 23.16-17).]

Société biblique française – Bibli'O, 2004
Published by: French Bible Society