Lamentations 1

Jérusalem, comme une veuve abandonnée

1Hélas! la voilà toute seule[#1.1 Les quatre premiers chapitres du livre des Lamentations sont des poèmes alphabétiques: les premières lettres de chaque verset (Lam 1; 2; 4) ou de chaque strophe (Lam 3) correspondent successivement aux 22 lettres de l'alphabet hébreu; voir Ps 9.2 et la note. – : autre traduction Le mot hébreu correspondant est caractéristique du genre des Lamentations (voir És 1.21; Jér 48.17).]

la cité autrefois si fréquentée!

Elle, si renommée parmi les nations,

la voilà comme veuve.

Hier princesse dominant les provinces,

la voilà réduite au travail des esclaves.

2Elle passe la nuit à pleurer,

ses joues ruissellent de larmes.

Parmi tous ses amis,

plus personne pour la réconforter.

Tous ses amis l'ont abandonnée,

ils sont maintenant des ennemis

pour elle.

3Accablée de misère et du pire esclavage,

la tribu de Juda part en déportation.

Elle vit chez les païens,

mais sans trouver où se fixer.

Ceux qui la poursuivaient l'ont rejointe

en la coinçant dans une impasse.

4Les chemins qui vont à Sion

sont dans le deuil,

délaissés par ceux qui venaient à la fête.

Ses places publiques sont désertées,

ses prêtres soupirent de découragement.

Ses jeunes filles sont désespérées.

Que tout cela est amer pour Sion!

5Ses ennemis ont eu le dessus,

ses adversaires sont tranquilles.

C'est le Seigneur qui l'afflige

pour ses nombreuses désobéissances.

Ses jeunes enfants,

poussés par les vainqueurs,

partent vers la captivité.

6Sion voit s'en aller

tout ce qui faisait sa gloire.

Ses ministres font penser à des cerfs

qui n'ont rien trouvé à brouter,

et s'enfuient à bout de forces

devant le chasseur.

7En ces jours où elle est errante

et humiliée,

Jérusalem se rappelle

tout ce qu'elle avait de précieux

depuis si longtemps.

Quand son peuple est tombé

aux mains de l'ennemi,

sans personne pour lui porter secours,

ses vainqueurs ont trouvé amusant

de la voir ainsi réduite à rien.

8Jérusalem a commis des fautes graves,

c'est pourquoi elle provoque le dégoût.

Ceux qui la respectaient la méprisent,

maintenant qu'ils la voient toute nue.

Elle n'a plus qu'à se retirer

en poussant des soupirs.

9Sa robe porte les traces de sa souillure.

Elle n'avait pas prévu ce qui arriverait,

et la voilà surprise d'être ainsi déchue,

sans personne pour la réconforter.

«Seigneur, dit-elle, vois ma misère,

vois comme mon ennemi

est triomphant.»

10Les vainqueurs ont fait main basse

sur tous ses trésors.

Elle a même vu les païens

pénétrer dans son sanctuaire .

Tu avais pourtant interdit, Seigneur,

qu'ils prennent place

dans ton assemblée.

11Son peuple soupire, découragé,

cherchant quelque chose à manger.

Il a donné ce qu'il avait de plus précieux

pour du pain, pour refaire ses forces.

«Seigneur, prie-t-elle, regarde et vois

à quel point je suis méprisée.»

12Vous tous qui passez par ici,

ce malheur ne vous a pas touchés;

regardez et constatez:

il n'y a pas de souffrance comparable

à celle que je subis,

à celle que le Seigneur m'a infligée,

le jour où sa colère a éclaté.

13De là-haut, il a envoyé un feu

et l'a fait pénétrer en moi.

Il a tendu un piège sous mes pas

et m'a renversée en arrière.

Il m'a complètement isolée,

j'en suis malade tous les jours.

14Il a l'œil sur mes fautes,[#1.14 Comme l'a compris l'ancienne version grecque. Le texte hébreu traditionnel est traduit par certains (mais le verbe hébreu employé ici n'a jamais ailleurs le sens de ).]

elles forment comme un nœud dans sa main,

elles montent jusqu'à mon cou.

Le Seigneur a paralysé mes forces,

il m'a livrée aux mains d'adversaires

contre lesquels je ne peux rien.

15Le Seigneur a rejeté dans le mépris

tous les vaillants soldats

que j'avais chez moi.

Il a mobilisé une armée contre moi,

pour écraser mes jeunes gens.

Il m'a écrasée, moi Sion de Juda,

comme du raisin au pressoir.

16C'est sur ce malheur que je pleure

toutes les larmes de mon corps.

Il est loin,

celui qui peut me réconforter

et me rendre la force de vivre.

Mes enfants sont perdus pour moi,

l'ennemi était trop fort.

17Sion a beau tendre les mains

en suppliant,

personne pour la réconforter.

Sur l'ordre du Seigneur,

les voisins d'Israël

sont devenus ses adversaires.

Parmi eux, Jérusalem

ne provoque plus que du dégoût.

18Le Seigneur a eu raison d'agir ainsi,

car je m'étais opposée à ses ordres.

Vous tous qui êtes ici, écoutez bien,

et regardez ma souffrance:

mes jeunes filles et mes jeunes gens

partent vers la captivité.

19J'ai appelé ceux qui m'aimaient,

pourtant ils m'ont laissée tomber.

Mes prêtres et mes conseillers

ont expiré dans la ville,

alors qu'ils cherchaient quelque chose

à manger pour refaire leurs forces.

20Seigneur, vois dans quelle détresse je suis,

et quelle émotion me brûle.

J'ai le cœur tout retourné

de t'avoir été rebelle à ce point.

Dans la rue,

l'épée m'a privée de mes enfants,

à la maison,

on se croirait chez les morts.

21On m'entend soupirer:

personne pour me réconforter.

Mes ennemis

ont tous appris mon malheur,

ils sont ravis

de ce que tu m'as infligé.

Tu as fait lever le jour annoncé.

Qu'ils aient le même sort que moi!

22Regarde bien leur méchanceté

et traite-les

comme tu m'as traitée

pour toutes mes désobéissances.

Tu vois, je ne fais que soupirer,

j'en ai le cœur malade.

© Société biblique française - Bibli'O 1997
Published by: French Bible Society