Ecclésiaste 9

Un même sort attend tous les hommes

1Tout cela, j'y ai réfléchi ;[#9.1 même expression hébraïque en 7.2. – la forme verbale unique qui apparaît ici rappelle le verbe traduit par éprouver en 3.18. – Dt 33.3 ; cf. Pr 16.1 ; 7.16 : « Il tient en son pouvoir et nous-mêmes et nos paroles. » – 3.8. – litt. devant eux. Certains modifient le texte hébreu traditionnel pour rattacher la fin du v. 1 au v. 2 et lire tout devant eux est futilité (v. 2), parce que tous ont un même sort…]

ce que j'ai constaté,

c'est que les justes, les sages et leurs labeurs

sont dans la main de Dieu ;

l'amour comme la haine, l'être humain ne les connaît pas ;

tout est devant lui.

2Tout arrive également à tous :[#9.2 futilité pour tous (v. 1) ; les mots hébreux pour (litt. le tout ) et futilité sont graphiquement très proches ; cf. 1.2+. – cf. 3.19. – cf. 8.2 ; Nb 5.19 ; voir aussi Ex 22.8 ; Dt 19.17 ; Jg 17.1ss ; 1R 8.31s.]

même sort pour le juste et pour le méchant,

pour le bon,

pour le pur et pour l'impur,

pour celui qui sacrifie et pour celui qui ne sacrifie pas ;

il en est du bon comme du pécheur,

de celui qui prête serment comme de celui qui craint le serment.

3Voici un mal parmi tout ce qui se fait sous le soleil : c'est qu'il y a pour tous un même sort ; aussi le cœur des humains est rempli de mal, et la démence est dans leur cœur pendant leur vie ; et après… chez les morts ![#9.3 8.11. – litt. après lui. Plusieurs versions anciennes ont lu le pluriel, qu'on pourrait traduire et leur fin (est) chez les morts.]

4En effet, celui qui est associé à tous les vivants peut avoir confiance ;[#9.4 la traduction est fondée sur une lecture traditionnelle juive, corroborée par certains mss hébreux et des versions anciennes. Autre lecture : Car (cf. v. 3) quel est celui qui sera choisi (c.-à-d., peut-être, exempté de la mort) ? Pour tous les vivants il y a de la confiance, car un chien vivant… ou bien : Pour tous les vivants une chose est sûre, c'est qu'un chien vivant… ; cf. v. 7ss ; la fin du v. cite sans doute un proverbe populaire, tel celui : un renard vivant vaut mieux qu'un lion mort. Sur le comme animal méprisé, cf. Ps 22.17 ; Pr 26.11 ; Mt 7.6 ; Lc 16.21.]

un chien vivant vaut mieux qu'un lion mort.

5Les vivants, en effet, savent qu'ils mourront ;[#9.5 ou leur ; cf. Ex 3.15. – 8.10.]

mais les morts ne savent rien ;

pour eux il n'y a plus de salaire,

puisque leur souvenir est oublié.

6Leur amour, leur haine et leur passion jalouse ont déjà disparu ;[#9.6 v. 1. – 4.4. – Cf. 14.19 : « Toute œuvre corruptible disparaît, et celui qui l'a produite s'en va avec elle. »]

ils n'auront plus jamais de part à tout ce qui se fait sous le soleil.

Jouir de la vie comme d'un don de Dieu

7Va, mange ton pain avec joie, et bois ton vin le cœur content : déjà Dieu a agréé tes œuvres.[#9.7 2.24+ ; cf. Ac 2.46. Epopée de (version babylonienne) 10.3 : « Gilgamesh, que cherches-tu dans ton errance ? La vie que tu poursuis, tu ne la trouveras pas. Quand les dieux ont créé les humains, ils ont assigné la mort aux humains et ils ont gardé la vie dans leurs mains. Quant à toi, Gilgamesh, que ton ventre soit plein ! Réjouis-toi jour et nuit ! De chaque jour fais une fête joyeuse ! Danse et amuse-toi jour et nuit ! Que tes vêtements soient éclatants ! Lave-toi la tête, baigne-toi dans l'eau ! Prête attention au petit qui saisit ta main, que ta femme soit heureuse sur ton sein ! Voilà la tâche des humains. » – 7.3.]

8Qu'en tout temps tes vêtements soient blancs,[#9.8 Mt 6.17.]

et que l'huile ne manque pas sur ta tête.

9Jouis de la vie avec la femme que tu aimes,[#9.9 litt. vois ; cf. Pr 5.18. – expressions presque identiques en hébreu ; la répétition est totalement ou partiellement absente de quelques mss ; cf. 6.12.]

pendant tous les jours de la vie futile que Dieu t'a donnée sous le soleil,

pendant tous tes jours futiles ;

car c'est ta part dans la vie et dans le travail que tu fais sous le soleil.

10Tout ce que ta main trouve à faire, avec ta force, fais-le ;[#9.10 Cf. 14.16 : « Donne, prends, et réjouis ton âme, car il n'y a pas, aux enfers (= au ), à rechercher le plaisir. »]

car il n'y a ni activité, ni raison, ni connaissance, ni sagesse

dans le séjour des morts, où tu vas.

Le malheur arrive tout à coup

11J'ai encore vu sous le soleil[#9.11 autre traduction n'appartient pas toujours, même possibilité dans la suite. – autre traduction aux agiles. – autres traductions aux guerriers ; aux héros . – litt. temps et coup (cf. 1R 5.18) arrivent à (verbe de la même famille que le mot traduit par sort au v. 2) tous ou les attendent tous (cf. 2.14s).]

que la course n'appartient pas aux rapides,

ni la guerre aux vaillants,

ni le pain aux sages,

ni la richesse aux intelligents,

ni la faveur à ceux qui savent,

car tous sont à la merci des temps et des circonstances.

12L'être humain ne connaît pas plus son temps[#9.12 autre traduction son (même terme dans la suite, cf. v. 11 ; 8.5) ; Lc 12.20 ; Jc 4.14. – Os 7.12+. – litt. au filet mauvais.]

que les poissons qui sont pris au filet, pour leur malheur,

ou que les oiseaux qui sont pris au piège ;

comme eux, les humains sont attrapés à l'heure néfaste qui s'abat sur eux à l'improviste.

La sagesse est souvent méconnue

13J'ai aussi vu sous le soleil cet exemple de sagesse[#9.13 litt. une sagesse.]

qui m'a paru remarquable :

14Il y avait une petite ville, avec peu d'hommes ; un roi puissant vint contre elle, l'investit et bâtit contre elle de grands ouvrages de siège.

15Il se trouvait là un homme pauvre et sage qui délivra la ville par sa sagesse. Et personne ne s'est souvenu de cet homme pauvre.[#9.15 cf. 4.13 ; Pr 21.22 ; 24.5. – autre traduction qui aurait pu délivrer.]

16J'ai dit :[#9.16 7.19 ; cf. 13.22s : « Que le riche se trompe, beaucoup viennent à son secours, s'il profère des sottises, on lui donne raison. Mais si l'humble se trompe, on lui en fait reproche ; s'il dit des choses sensées, on n'en fait aucun cas. Qu'un riche parle, tous se taisent et portent aux nues son discours. Qu'un pauvre parle, et on dit : “Qui est-ce ?” »]

Mieux vaut la sagesse que la vaillance.

Cependant la sagesse du pauvre est méprisée,

et ses paroles ne sont pas écoutées.

17Les paroles des sages, écoutées dans le calme,[#9.17 Autre traduction les paroles des sages, dans le calme, sont mieux écoutées que les cris… – 2.14+.]

valent mieux que les cris de celui qui gouverne parmi les gens stupides.

18Mieux vaut la sagesse que des armes de combat ;[#9.18 V. 14-16. – le mot est peut-être à entendre ici dans son sens étymologique : celui qui manque le but, le maladroit ; cf. 10.1,4.]

un seul pécheur anéantit beaucoup de bien.

Nouvelle Bible Segond © Société biblique française-Bibli'O, 2002 Première édition de la Bible d’étude : sous la direction de Henri Blocher, Jean-Claude Dubs†, Mario Echtler†, Jean-Claude Verrecchia, coordination Didier Fougeras.
Published by: French Bible Society