Psaumes (43)

Et pourtant tu nous as rejetés

Peuple vaincu

(Psaumes 44)

2Nous avons entendu de nos propres oreilles,

nos parents, nos grands-parents nous ont raconté

ce que toi-même, ô Dieu, tu as réalisé

de leur vivant, il y a longtemps.

3Tu as exproprié des nations pour établir notre nation ;

tu as mis à mal des peuples pour faire de la place à ton peuple.

Et pourtant, tout était si beau !

(44.2-9)

La Bible relate l'arrivée dans le pays promis, au temps de Moïse et de Josué, d'une façon très particulière : le Dieu de l'alliance avait toute l'initiative du combat et de la victoire. Quel passé glorieux ! Le peuple se rappelle l'histoire pour mieux asseoir son espérance d'être à nouveau délivré.

Au temps de l'épreuve, le souvenir du bonheur vécu et de la protection divine expérimentée rend l'espérance au croyant.

4Nos ancêtres ont conquis le pays, et ce n'est pas grâce à leur épée ;

ce ne sont pas leurs bras qui leur ont assuré le succès.

Mais c'est ton intervention en force,

et ta présence accueillante, et ton amour pour eux.

5C'est toi, mon Roi, mon Dieu,

qui décides le succès de ton peuple.

6Grâce à toi nous repoussons nos ennemis,

grâce à toi nous piétinons nos adversaires.

7Je ne me fie pas à mon arc,

et mon épée ne m'est d'aucun secours,

8car c'est toi qui nous sauves de nos adversaires

et humilies ceux qui nous en veulent.

9Tous les jours nous t'acclamons, Seigneur,

et nous louons ta gloire éternelle. Pause

Maintenant c'est l'enfer !

(44.10-17)

Face aux autres nations, Israël, peuple choisi, protégé depuis toujours, est en train de perdre la face. La catastrophe s'abat sur lui. Oh, scandale ! Le Seigneur laisse tout faire, il n'intervient plus !

Douloureuse épreuve que le silence de Dieu quand tout va mal ! Au risque d'une crise, d'un ébranlement de la foi. Le Seigneur serait-il impuissant, désintéressé, occupé à autre chose ? Ou sadique, peut-être ?

10Et pourtant tu nous as rejetés,

tu as provoqué notre honteuse défaite,

tu n'accompagnes plus nos armées.

11Tu nous laisses reculer devant l'ennemi,

l'adversaire en profite pour nous piller.

12Tu nous livres à lui comme des bêtes de boucherie ;

nous voilà dispersés à l'étranger.

13Tu te débarrasses de ton peuple à bas prix,

sans en retirer le moindre profit.

14Tu nous laisses insulter par nos voisins

et ridiculiser par ceux qui nous entourent.

15Tu laisses les nations faire de nous le sujet de leurs chansons,

et les peuples hocher la tête en se moquant.

16Tous les jours, je suis face à mon humiliation,

et la honte me monte au visage,

17quand j'entends l'ennemi, l'agresseur,

nous provoquer et t'insulter, Seigneur.

Un examen de conscience non concluant

(44.18-23)

Quand rien ne va plus, on se demande presque automatiquement : « Mais qu'est-ce que j'ai fait de mal ? » Le psalmiste ne voit rien dans l'attitude de son peuple qui mérite une telle sanction. Nous constatons, nous aussi, que l'épreuve ne frappe pas toujours dans nos pires périodes d'infidélité. Mais la question continue à nous tarauder : pourquoi nous ? Sommes-nous plus mauvais que les autres pour nous attirer de tels malheurs ?

18Tout cela nous arrive, sans pourtant que nous t'ayons oublié,

et sans que nous ayons trahi nos engagements envers toi.

19Nous n'avons pas fait marche arrière,

ni dévié de la voie que tu nous traces.

20Mais tu nous as écrasés, nous voici dans le domaine des chacals ;[#44.20 Texte hébreu peu clair. La présence des est souvent présentée comme le signe d'un pays dévasté ; voir Jér 9.10 ; 10.22 ; 49.33 ; 51.37.]

tu nous as recouverts de l'ombre la plus noire.

21Si nous avions oublié qui est notre Dieu,

si nous avions fait appel à d'autres dieux,

22tu n'aurais pas manqué, toi, de le savoir,

car tu connais tous les secrets du cœur humain.

23Or, à cause de toi, tous les jours nous sommes exposés à la mort,

on nous traite comme des agneaux de boucherie.

Dieu dort-il ?

(44.24-27)

Telle est la question de celui pour qui le ciel est vide et la prière sans réponse. Il éprouve un sentiment de solitude et d'abandon, une souffrance vécue comme une injustice. Mais qui faut-il réveiller en premier, Dieu ou moi-même ?

24Réveille-toi, Seigneur ! pourquoi restes-tu inactif ?

Réveille-toi une bonne fois et renonce à nous rejeter !

25Pourquoi refuses-tu de nous voir,

et oublies-tu nos misères, nos détresses,

26quand nous sommes effondrés dans la poussière,

à plat ventre sur le sol ?

27Interviens, secours-nous,

délivre-nous au nom de ta bonté.

Société biblique française – Bibli'O, 2004
Published by: French Bible Society