Job 6

Réplique de Job : il se plaint de ses amis

1Job répondit :

2Oh ! s'il était possible de peser ma contrariété,

si l'on mettait toute ma détresse sur une balance,

3ce serait maintenant plus pesant que le sable de la mer :[#6.3 même verbe en Pr 20.25. Certains comprennent toutefois : mes paroles s'étouffent, c.-à-d. je suffoque, je ne peux plus parler.]

voilà pourquoi mes paroles sont inconsidérées.

4Car les flèches du Puissant m'ont transpercé,[#6.4 cf. 7.20 ; 16.13 ; 34.6 ; Ps 38.3. – 5.17. – litt. (sont) avec moi ou chez moi, c.-à-d. sur moi . – Voir – 9.34 ; 22.10 ; cf. 18.11+ (autre terme hébreu) ; même terme en Ps 88.17. – le même terme peut évoquer des armées rangées en ordre de bataille (cf. 2S 10.8).]

et mon esprit en boit le venin ;

les effrois de Dieu s'alignent contre moi.

5L'âne sauvage va-t-il braire auprès de l'herbe tendre ?[#6.5 11.12+ ; cf. 39.8.]

Le bœuf mugit-il auprès de son fourrage ?

6Peut-on manger sans sel ce qui est fade ?[#6.6 1.22. – l'expression hébraïque n'apparaît qu'ici et sa signification est incertaine. Certains y voient le suc insipide d'une plante (pourpier ou guimauve) ; cf. 6.30.]

Y a-t-il de la saveur dans le blanc d'un œuf ?

7Ce que je refusais de toucher,[#6.7 autre traduction mon gosier refusait ; le même terme est traduit par vie au v. 11 (voir Gn 1.20). – litt. eux, comme les souillures (le mot peut désigner l'impureté des règles, cf. Lv 12.2 ; 15.33 ; ou les douleurs, cf. Ps 41.4, même terme) de mon pain.]

c'est là ma nourriture, si infecte soit-elle !

8Ah ! si ma demande était exaucée,[#6.8 litt. qui donnera que ma demande arrive ! formules de souhait analogues en 11.5 ; 13.5 ; 14.4,13 ; 19.23 ; 23.3 ; 29.2 ; 31.31,35.]

si Dieu réalisait mon espoir !

9Que Dieu se décide à m'écraser,[#6.9 3.21+ ; cf. Nb 11.15 ; 1R 19.4 ; Jon 4.3. – v. 28. – le même verbe hébreu (également en 27.8, retrancher ) apparaît en Es 38.12 ( arracher ). Il faut sans doute voir ici la même image du tissu achevé sur le métier. Voir également 7.6.]

qu'il étende sa main et m'achève !

10J'aurais encore une consolation,[#6.10 16.13. – ou caché, effacé ; cf. 27.11. – Es 6.3 ; 40.25 ; Ha 3.3.]

et je sauterais de joie, malgré la douleur qui n'épargne rien :

je n'aurais pas renié les paroles du Saint.

11Quelle est ma force, pour que j'attende ?[#6.11 v. 7.]

Quelle sera ma fin pour que je prolonge ma vie ?

12Ma force est-elle celle d'une pierre ?[#6.12 14.18.]

Ma chair est-elle du bronze ?

13Ne suis-je pas sans secours,[#6.13 cf. 5.12.]

toute ressource n'est-elle pas bannie loin de moi ?

14Celui qui est effondré a droit à la fidélité de son compagnon,[#6.14 cf. 29.12s ; 31.16-20. – certains comprennent sinon, il abandonnera (cf. Pr 30.9). Plusieurs versions anciennes portent : celui qui refuse la bonté à son ami abandonne la du Puissant (5.17) ; cf. 31.28.]

quand même il abandonnerait la crainte du Puissant.

15Mes frères m'ont trahi comme un oued,[#6.15 22.13+. – litt. ont trahi . – c.-à-d. un cours d'eau intermittent qui est à sec en été (quand on a le plus besoin d'eau) ; cf. Gn 26.17 ; 1R 17.4ss. – on pourrait aussi traduire ils ont disparu comme les torrents (intermittents) de leur lit ; cf. Jr 15.18 ; voir aussi 2.13.]

comme le lit des oueds qui disparaissent.

16Leurs eaux sont troubles à cause de la glace,[#6.16 litt. ceux qui sont sombres (le texte hébreu emploie vraisemblablement deux synonymes dans les deux vers) du fait de la glace (cf. 37.10+) ; allusion probable aux eaux troubles de la fonte des neiges. – traduction incertaine, litt. au-dessus d'eux se cache (ou s'assombrit ; cf. 28.21 ; 42.3 ; jeu d'assonance en hébreu) la neige.]

ils sont assombris par la fonte des neiges ;

17au temps de la chaleur, ils tarissent,[#6.17 le mot hébreu n'apparaît qu'ici et son sens est incertain.]

aux feux du soleil, ils se dessèchent sur place.

18Les caravanes dévient de leur chemin,

s'enfoncent dans le chaos et disparaissent.

19Les caravanes de Téma les fixent du regard,[#6.19 oasis du nord de l'Arabie (Gn 25.15 ; Es 21.14 ; Jr 25.23 ; 1Ch 1.30). – c.-à-d. les oueds (v. 15). – Ps 68.25. – cf. 1.15.]

les convois de Saba les espèrent ;

20ils ont honte d'avoir eu confiance ;[#6.20 Jr 14.3.]

quand ils arrivent, ils rougissent.

21Vous non plus, maintenant, vous n'êtes plus rien ;[#6.21 litt. car maintenant vous êtes (cela même) pour lui (pour celui qui souffre ? pour Dieu ?) ou peut-être vous êtes devenus cela . Autres traductions car maintenant vous êtes ? Non ! ou voilà ce que vous êtes maintenant . Au lieu de pour lui ou non (termes très ressemblants en hébreu) des versions anciennes ont lu pour moi . – litt. la terreur ; autre traduction un spectacle terrifiant.]

vous voyez ma terreur, et vous avez peur !

22Vous ai-je dit : « Donnez-moi quelque chose ![#6.22 litt. votre force . – Jr 15.10.]

Avec vos biens, faites des présents en ma faveur !

23Faites-moi échapper à l'adversaire,[#6.23 litt. échapper à la main de ; cf. Jr 15.21.]

libérez-moi de la main des brutes ! »

24Exposez-moi votre enseignement, et je me tairai ;[#6.24 10.2 ; 13.23 ; cf. Jn 8.46.]

faites-moi comprendre en quoi je me suis égaré.

25Que les discours droits sont persuasifs ![#6.25 d'autres comprennent doux ; le mot signifie habituellement douloureux (cf. 1R 2.8 ; Mi 2.10) mais on a peut-être affaire ici à un homonyme (cf. Ps 119.103). – litt. que reprochent vos reproches ?]

Mais que prouvent vos critiques ?

26Comptez-vous critiquer des paroles,[#6.26 35.13. – autre traduction alors que les discours d'un désespéré ne sont que pour le vent.]

et lancer au vent les discours d'un désespéré ?

27Vous tireriez au sort même un orphelin,[#6.27 litt. vous feriez tomber (le sort), comme pour déterminer de qui l'orphelin sera esclave, ou qui pourra l'exploiter.]

vous donneriez votre ami !

28Maintenant, décidez-vous à me regarder !

Vous mentirais-je en face ?

29Revenez, je vous en prie, ne soyez pas injustes ;[#6.29 autre traduction en cela ; certains comprennent ma est en cause.]

revenez encore, ma justice est là !

30Y a-t-il de l'injustice sur ma langue ?[#6.30 Cf. v. 6s ; 34.3. – 27.4+. – 12.11 ; 33.2 ; ou ma bouche 31.30. – litt. les détresses, cf. v. 2 ; le même mot est traduit par ruine en 30.13 ; cf. Ps 5.10 ; 52.4 ; 57.2 ( calamités ).]

Mon palais ne sait-il pas discerner la détresse ?

Nouvelle Bible Segond © Société biblique française-Bibli'O, 2002 Première édition de la Bible d’étude : sous la direction de Henri Blocher, Jean-Claude Dubs†, Mario Echtler†, Jean-Claude Verrecchia, coordination Didier Fougeras.
Published by: French Bible Society